Le film de Super-héros ou la grosse pétarade

Il y a quelques semaines, je suis allé voir le Superman de Zack Snyder, et j’en suis ressorti paradoxalement assez dubitatif, malgré la qualité évidente du film et surtout la finesse du traitement réservé à l’icône super-héroïque. « Bigger and louder », c’est à peu près ce que je constate maintenant en me rendant dans les salles obscures, même si je ne peux échapper à cette tendance au vu des productions qui accaparent mon budget ciné… M’interrogeant récemment sur ma tendance à ne voir que des blockbusters hollywoodiens, une petite introspection rapide sur le sujet m’a surtout révélé une segmentation de ma consommation cinématographique par rapport aux différents médiums à ma disposition. Si je reste éclectique dans mes goûts, à l’évidence des films à gros budgets induisant un caractère spectaculaire ont peu de chance de révéler tout leur potentiel sur ma TV Led, tandis qu’un film intimiste, visionné dans le confort douillet de mon foyer, en tout intimité donc (cohésion thématique), y trouvera le support idéal, surtout au vu des progrès foudroyants liés à l’avènement du numérique.

C’est un fait, depuis plusieurs années maintenant, je réserve mes sorties ciné aux blockbusters hollywoodiens. Qui finissent par me lasser un poil, à l’instar du dernier Superman, par l’excès d’explosions, de scènes apocalyptiques et d’effets 3D pétaradants. En même temps, je suis victime de mes goûts ; lecteur de comics depuis l’âge de 5 ans, j’ai quand même dû attendre près d’une vingtaine d’années pour voir adaptées mes BD cultes, avec notamment le X-men de Bryan Singer en 2000, qui a lancé la vogue actuelle, qui ne cesse d’exploser les chiffres au Box-office. Spiderman, Ironman, Captain America, Hulk, et Avengers (sans oublier certaines œuvres moins flamboyantes comme Daredevil, Elektra, ou les Fantastic Four), ont ainsi déboulé régulièrement depuis treize ans, imposant un nouveau genre à un public davantage ouvert aux histoires d’hommes en collants.

À l’arrivée, passé l’exaltation de voir portées sur grand écran, et donc quelque part légitimées, les histoires qui m’ont passionné dès mon plus jeune âge, je suis un poil consterné par la dérive du grand n’importe quoi qui s’impose subrepticement, trahissant parfois l’œuvre initiale. Pour revenir au cas de Superman, ma presque plus récente expérience cinématographique (je viens de voir Wolverine de James Mangold, en phase de digestion), le film est excellent quand il aborde l’angle intimiste du personnage de Clark Kent, et se perd en explosions abrutissantes quand on passe à celui de l’homme de fer. Le film est bon, et cela reste malgré tout indéniable. Cependant, je dois avouer m’être carrément ennuyé vers la fin du métrage, lors du passage dans le dernier grand huit, qui cède à un archétype très actuel du cinéma d’action américain ; soit la résolution des enjeux avec ou par de grandes explosions. Alors oui, comme écrit récemment, je comprends que la montée en tension peut justifier une extériorisation (voire une dépressurisation) qui trouve son incarnation dans tous ces champignons atomiques ou autres libérations violentes d’énergie… mais ces spectacles pyrotechniques, ces gratte-ciels brisés et autres éboulements titanesques commencent à devenir carrément lassants.

Finalement, après avoir lu certaines critiques sur le Superman de Snyder, j’ai été heureusement surpris. La comparaison avec le Superman de Richard Donner (avec l’inoubliable Christopher Reeve dans le rôle titre) avait pris en axe principal une confrontation dans le domaine du sensible, mais le traitement dans le film de Snyder est finalement la grande réussite du métrage. Kevin Costner impose une incarnation puissante de Jonathan Kent, et Henri Cavill s’en tire plutôt bien dans un rôle que l’interprétation inspirée de Reeve avait condamné, voire empêché, durant de longues années toute appropriation (voire l’échec du film de Bryan Singer, avec le choix malheureux du clone). Cependant, si le film de Snyder s’affranchit de toutes comparaisons en déstructurant la narration, et en réinventant la légende initiale, le film de Donner reste cependant exemplaire dans sa gestion du spectaculaire (peut-être involontaire, du fait des limites techniques de l’époque) en procurant du merveilleux et du fantastique sans sombrer dans le feu d’artifice rageur.

Après voir vu Wolverine : le combat de l’immortel, tout espoir n’est peut-être pas perdu ; le film ne s’abandonne pas dans les travers cataclysmiques précédemment dénoncés, mais pêche du coup sur l’autre versant, celui du sensible… Pas évident de parvenir à l’équilibre parfait entre le spectacle et l’émotion, que des films comme Xmen : les origines ou Avengers, sont tout de même parvenus à atteindre. Le film de Super-héros peut vite tourner à la grosse pétarade, et c’est même ce qui menace le genre ces derniers temps, avec l’annonce de confrontations entre les grosses franchises Marvel ou DC Comics. En espérant que cela ne tourne pas au concours de la plus grosse explosion finale, car ce qui intéresse le plus derrière le collant demeure bien l’homme, le héros, et non son arsenal de Tnt (dont James Coburn conserve la plus belle panoplie :-p).

Trailer du film en Vo :

 

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