LĂącher prise

Toujours tenir
Jamais faillir
C’Ă©tait mon mot
D’ordre
Avant
Maintenant
Partir
Fuir
LĂącher
Prise
Mots
D’ordre
Et de raison
Face Ă  l’inutile
Ne plus opposer
Une absurde résistance
Ne plus répondre
Aux attentes
Imprévisible
Lùche impétueux
Sachant
LĂącher
Sans scrupules
Ni tourments
La douce sensation
De la chute
Libre
Nuque relùchée
Front dégagé
Yeux clos
Abandon
Perdre l’obsession
De l’emporter
LĂącher
Le fardeau
Garder
Sa force
A embrasser
Le vide
A remplir
Libérer mes mains
DĂ©plier les phalanges
Oublier la pression
Des rĂȘves d’antan
Des envies d’avant
Un phénix blanc
DĂ©vorant
Le firmament
Une plume d’argent
Ballotant au vent
Chutant
DĂ©licatement
Doux sifflement
D’une bise Ă©trange
Soudain
J’air
Au gré du vent
Enfin
Serein
SĂ©raphin
Flamme douce
Étincelle
Fugace
Virevolte
Et s’Ă©teint.

Wasting my young years

Une guerre, des jeunes hommes et femmes qui partent sur un champ de bataille sans comprendre ce qui les attend vraiment… Apprentissage de la violence, de la mort, de l’absurde. Gaspillage de temps, d’une jeunesse qui s’envole. Je travaille sur ce projet, ce pitch, et la chanson de London Grammar me permet de m’immerger dans l’ambiance parfaite pour saisir le nihilisme inhĂ©rent Ă  la situation.

L’album de ce groupe sur itunes

L’Ă©nigme de Gustave DorĂ©

Je suis allĂ© faire un tour au MusĂ©e d’Orsay durant mes derniĂšres trop courtes vacances, et j’ai pris vulgairement un pied d’enfer dans ce lieu qui est devenu tout bonnement magique. J’y Ă©tais allĂ© une derniĂšre fois en 1997, et presque 20 ans plus tard, les progrĂšs rĂ©alisĂ©s notamment dans l’amĂ©nagement de l’espace et la gestion de la lumiĂšre sont juste fabuleux. Que dire sinon que j’ai blindĂ© mon tĂ©lĂ©phone de photos et de vidĂ©os, et notamment une toile de Gustave DorĂ© que j’ai dĂ©couvert, intitulĂ© « L’Ă©nigme ». Je connaissais l’artiste par ses gravures, mais le peintre m’a vraiment bluffĂ©, et cette toile notamment dĂ©gage une puissance et une mĂ©lancolie tout Ă  fait particuliĂšres. Qui est cet ange qui jette un regard implorant, presque tendre, Ă  ce sphinx sorti des Ăąges et des temps mythologiques ? J’ai vu les commentaires, les interprĂ©tations, les critiques, mais personnellement c’est ce lien Ă©trange entre l’ange figure omniprĂ©sente des religions monothĂ©istes (en tant que messager d’une autoritĂ© divine omnipotente) et le sphinx, chimĂšre ambiguĂ« d’un univers polythĂ©iste dont la raison semble dĂ©fier celle des hommes arrogants qui s’y confrontent.

Encore, j’y retrouve la confrontation entre l’homme et la bĂȘte, entre l’ange et le monstre. EntourĂ©s par les corps inertes d’une humanitĂ© agonisante ou morte, les deux acteurs semblent mutuellement se poser une question dont ils ne possĂšdent pas la rĂ©ponse. Absurde dialogue qui renvoie Ă  l’inanitĂ© d’une humanitĂ© vouĂ©e Ă  dĂ©truire. Encore, j’y vois un amour Ă©trange entre deux ĂȘtre que tout oppose, tant les gestes trahissent la tendresse. L’ange et le sphinx se regardent l’un l’autre, plongent en eux-mĂȘme. L’Ă©nigme ultime Ă©tant de se demander ce qu’ils voient dans le reflet de leurs regards dĂ©sabusĂ©s.

1° Ayant la flemme de rĂ©cupĂ©rer les photos de mon mobile, je vous mets ci-dessous une video youtube sur Gustave DorĂ© rĂ©alisĂ© par Lorenzo Papace & Vincent Pianina par rapport Ă  une exposition sur Gustave DorĂ© qui eut lieu en 2014 – c’est beau, la musique de Ödland est hypnotique, ça vous fera du bien.

2° En mĂȘme temps que j’Ă©cris ces lignes, j’entends sur la chaine 23 que l’Ă©mission Alien theory parle juste du Sphinx de Gizeh – donc je vais m’arrĂȘter de surfer pour poser ma rĂ©tine sur les leds surchauffĂ©es de ma tv. Personnellement, aprĂšs moult lectures sur le sujet, j’ai l’impression que c’est davantage un bĂątiment qui a Ă©tĂ© sculptĂ© antĂ©rieurement qu’une bĂȘte sculpture monumentale d’un monstre mythologique. Ça frappe personne que des gars qui ont construit les plus immenses bĂątiments de l’histoire utilisaient des dessins comme toute Ă©criture…

Lost on you

Que reste-t-il d’un amour perdu, des annĂ©es aprĂšs ? De ces moments d’errance, se cherchant soi-mĂȘme Ă  la pĂ©riphĂ©rie de cet autre, tant fantasmĂ© ?

Mon coup de cƓur du WE, un peu Ă  la bourre car ça fait quelques mois que je l’Ă©coute, mais il faut le bon moment d’une chaude nuit (de fin) d’Ă©tĂ© pour marquer le coup, hantĂ© par quelques souvenirs tenaces… malgrĂ© le temps qui passe.

Plus bas, les belles paroles de cette chanson de Laura Pergolizzi  (LP) disponible(s) sur Google Music, rapidement traduites, parce que j’ai trouvĂ© des interprĂ©tations… spĂ©ciales. Le plus dĂ©licat concerne l’interprĂ©ation du « on » – en, pour, avec… pour moi c’est cette confusion qui rend la chanson profondĂ©ment Ă©mouvante, car l’ĂȘtre aimĂ© est Ă  la fois le but et le dĂ©tenteur de cet amour dont il ne reste que des braises falling, tender…

When you get older, plainer, saner
Quand tu deviendras plus vieux, plus lucide, plus raisonnable
Will you remember all the danger
Te rappeleras-tu tous les dangers
We came from?
D’oĂč nous venions (que nous avons rencontrĂ©)
Burning like embers, falling, tender
Brûlants comme des braises, qui tombent, tendrement
Longing for the days of no surrender
Nostalgie des jours sans reddition
Years ago
Des années de ça
And will you know
Et sauras-tu (?)

So smoke ’em if you got ’em
Alors fume(consume)-les si tu en as
‘Cause it’s going down
Car ça s’en va

All I ever wanted was you
Tout ce que j’ai toujours voulu c’Ă©tait toi
I’ll never get to heaven
Je n’irai jamais au paradis
‘Cause I don’t know how
Car je ne sais pas comment (y parvenir)

Let’s raise a glass or two
Levons un verre ou deux
To all the things I’ve lost on you
À toutes les choses que j’ai perdues en/pour toi
Oh-oh
« 
Tell me are they lost on you?
Dis-moi, sont elles perdues en/pour toi ?
Oh-oh
« 
Just that you could cut me loose
Juste que tu pourrais me mettre en piĂšces (me couper en vrac)
Oh-oh
« 
After everything I’ve lost on you
AprĂšs toutes choses que j’ai perdues en/pour toi
Is that lost on you?
Est-ce perdu en toi ?

Oh-oh-oh-oh, oh-oh
« 
Oh-oh-oh-oh
« 
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?
Oh-oh-oh-oh, oh-oh
« 
Baby, is that lost on you?
Baby, est-ce perdu en/pour toi ?
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?

Wishin’ I could see the machinations
Souhaitant que je pourrais voir les machinations (calculs)
Understand the toil of expectations
Comprenant la pénibilité des attentes
In your mind
Dans ton esprit (dans ta tĂȘte)
Hold me like you never lost your patience
Tiens-moi comme si tu n’avais jamais perdu patience
Tell me that you love me more than hate me
Dis-moi que tu m’aimes davantage que tu me hais
All the time
Tout le temps
And you’re still mine
Et tu seras encore Ă  moi

So smoke ’em if you got ’em
Alors fume(consume)-les si tu en as
‘Cause it’s going down
Car ça s’en va
All I ever wanted was you
Tout ce que j’ai toujours voulu c’Ă©tait toi
Let’s take a drink of heaven
Prenons un verre de paradis
This can turn around
Ça peut s’amĂ©liorer

Let’s raise a glass or two
Levons un verre ou deux
To all the things I’ve lost on you
À toutes les choses que j’ai perdues en/pour toi
Oh-oh
« 
Tell me are they lost on you?
Dis-moi, sont elles perdues en/pour toi ?
Oh-oh
« 
Just that you could cut me loose
Juste que tu pourrais me mettre en piĂšces
Oh-oh
« 
After everything I’ve lost on you
AprĂšs toutes les choses que j’ai perdu en/pour toi
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?

Oh-oh-oh-oh, oh-oh
« 
Oh-oh-oh-oh
« 
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?
Oh-oh-oh-oh, oh-oh
« 
Baby, is that lost on you?
Baby, est-ce perdu en/pour toi ?
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?

Let’s raise a glass or two
Levons un verre ou deux
To all the things I’ve lost on you
À toutes les choses que j’ai perdues en/pour toi
Oh-oh
« 
Tell me are they lost on you?
Dis-moi sont-elles perdues en/pour toi ?
Oh-oh
« 
Just that you could cut me loose
Juste que tu pourrais me mettre en piĂšce
Oh-oh
« 
After everything I’ve lost on you
AprĂšs toutes les choses que j’ai perdues en/pour toi
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?

Written by Laura Pergolizzi, Nathaniel Campany, Michael Gonzales ‱ Copyright © Warner/Chappell Music, Inc, Universal Music Publishing Group

Disponible ici, entre autres…

Et si vous voulez vraiment dĂ©couvrir Ă  quel point Mademoiselle Pergolizzi est talentueuse, la version en live est juste bouleversante…

Un ange passe…

Je ne peux qu’adorer le titre de Coldplay, Hymn of the Weekend, car j’ai vĂ©cu exactement ce qui est racontĂ© dans cette chanson. Si je me targue de possĂ©der une vĂ©ritable spiritualitĂ©, je suis trop libertaire pour m’en remettre aux codex simplistes des diffĂ©rentes religions qui composent notre horizon mĂ©taphysique. Mais une fois, Ă  un moment crucial, j’ai fait/eu un rĂȘve vraiment Ă©trange et pĂ©nĂ©trant, pour paraphraser le poĂšme de Verlaine, qui m’a littĂ©ralement galvanisĂ©.

When I was hurt, withered, dried up
You came to rain a flood

Elle m’a juste dit quelques mots… et encore maintenant, quand j’ai un moment de blues, ces paroles me donnent encore la force de me relever et d’avancer. Je n’ai malheureusement pas de certitudes, ou d’explications Ă  fournir concernant cette expĂ©rience. Mais la chanson de Coldplay rĂ©sume intĂ©gralement ce que j’ai ressenti et continue au jour le jour Ă  ressentir.

Et le clip est un vĂ©ritable petit bijou qui, contrairement Ă  ce qui est induit par la polĂ©mique actuelle (rĂ©cupĂ©ration Ă  des fins mercantiles d’une imagerie pour touristes de l’Inde), Ă©voque la magnificence d’une culture Ă  tout point de vue riche et chatoyante.

Mort d’Hubert Mounier

Rien Ă  dire, sinon que L’Affaire Louis Trio Ă©tait un repĂšre joyeux et gai dans ma vie d’adolescent depuis longtemps rĂ©volue (quoique…).

J’ai immĂ©diatement pensĂ© Ă  cette chanson magnifique, « Loin » qui a marquĂ© mon entrĂ©e dans l’Ăąge adulte et les premiers regrets amoureux.

Repose en paix Hubert Mounier, la beautĂ© de ton art resplendira toujours dans ta voix si belle et Ă©mouvante… dont ces vidĂ©os font dĂšs Ă  prĂ©sent le nostalgique Ă©cho.

Kung Fury : 30 minutes de bonheur décomplexé

Un vrai rĂ©gal que ce petit film concoctĂ© par Adam Sandberg, rĂ©fĂ©rentiel en diable avec en leitmotiv tous les petits travers filmiques et scĂ©naristiques en cours dans les productions cinĂ© des annĂ©es 80. Nous ne sommes mĂȘme plus au stade de l’Easter Egg, tant chaque image, chaque scĂšne, regorge de clins d’Ɠil Ă  des productions ludiques ou cinĂ©matographiques/tĂ©lĂ©visuelles de l’Ă©poque.

FinancĂ© en partie grĂące au Crowfunding, le budget de ce petit bijou dĂ©calĂ© d’un montant final aux alentours de 630 000 $ semble dĂ©risoire au vu de certains blockbusters hollywoodiens qui peinent Ă  parvenir Ă  une mĂȘme efficacitĂ© ! Apparemment, A. Sandberg aurait dĂ©veloppĂ© tout un merchandising autour de son joyau foutraque, et vous trouverez davantage de dĂ©tails dans cet excellent article sur Clubic !

Personnellement, mon fils a dĂ©jĂ  projetĂ© de m’offrir, pour l’imminente fĂȘte des pĂšres, le jeu dispo sur Steam pour la somme effroyable d’1,99 € (soit un euro de plus que le budget prĂ©vu).

Mad Max Fury Road : vous avez dit grandiose ?

 

Je suis un vieux fan de la trilogie Mad Max, de ceux qui encore maintenant se retapent dĂšs qu’ils le peuvent le second opus, un pur chef d’Ɠuvre qui a marquĂ© son Ă©poque et influencĂ© une tripotĂ©e d’autres auteurs/crĂ©ateurs. Alors oui, c’est comme pour Sergio Leone, il y aura toujours des jusqu’au-boutistes qui pinailleront en arguant de petits bĂ©mols qui sont gĂ©nĂ©ralement le fruit d’une subjectivitĂ© mal identifiĂ©e (comment ça, moi-je ?). Un peu comme Mad Max Fury Road, tout n’est pas parfait, et pour cause, ça ne l’est jamais (Once upon a time in the West, peut-ĂȘtre ?)… et on s’en fout, non ? Hier soir, j’ai pris une super claque, en matant un film tout simplement grandiose.

Je pourrais faire l’audit de toutes les qualitĂ©s esthĂ©tiques du film, mais finalement c’est peut-ĂȘtre son seul dĂ©faut. À force d’esthĂ©tisation et de design, on arrive un peu Ă  une ambiance de type jeu vidĂ©o. Tout est sale, mais magnifiquement sale. Le dĂ©sert est sablonneux et aride Ă  souhait, mais toujours photogĂ©nique et bordĂ©liquement bien rangĂ© (j’oximorise si je veux… et j’hapaxe si je veux aussi… et je barbarise si ça me prend… je vous embĂȘte avec vos libertĂ©s personnelles, moi ?). C’est beau, la rĂ©tine en prend pour son grade (mode gĂ©nĂ©ral des armĂ©es), et il y a constamment des trouvailles qui dĂ©montrent que notre ami Miller n’a rien perdu de son inspiration, au contraire. Il en a sous le capot, le gĂ©niteur de notre ami Babe le cochon ! Mention spĂ©ciale Ă  l’orchestre ambulant qui dĂ©ambule au grĂ© de la chevauchĂ©e sauvage initiĂ©e par Immortan Joe, lancĂ© aux trousses de l’Imperator Furiosa. C’est rĂ©ellement magnifique, bourrĂ© d’idĂ©es… mais un poil trop propre peut-ĂȘtre, et en cela Mad Max 2 restera Ă©ternellement plus sauvage et transgressif que le bruyant mais un brin (ca)racoleur Fury Road.

Bon, aprĂšs faut pas non plus dĂ©conner, c’est du grand cinĂ©ma. En tant que spectateur, je suis devenu une petite boule de flipper frĂ©nĂ©tique, subissant les impulsions sauvages d’une narration sans temps morts. J’exagĂšre Ă  peine, les quelques et brĂšves scĂšnes d’exposition ou transition ne sont que de petits oasis avant un Ă©norme tour de grand huit. Je me rappelle pĂ©niblement certains films oĂč la frĂ©nĂ©sie d’images laissaient Ă  la fois dubitatifs et presque nausĂ©eux (Avengers 2 ?)… C’est tout Ă  fait loin d’ĂȘtre le cas de Mad Max Fury Road qui enquille ses sĂ©quences avec une belle virtuositĂ©, sans sombrer dans la pĂ©tarade grottesque ou d’intenses et inutiles sĂ©quences de destruction massive (ce qui devient le passage obligĂ© des productions hollywoodiennes depuis quelques annĂ©es).

Au niveau de l’intrigue, j’ai l’impression que Fury Road est effectivement davantage un reboot qu’une suite. J’aurais mĂȘme envie de dire qu’on est pas loin du remake du second opus de la prĂ©cĂ©dente trilogie, tant certaines thĂ©matiques et intrigues sont rĂ©actualisĂ©es. RĂ©demption/changement de bord pour le sidekick ; chevauchĂ©e sauvage dans les deux rĂ©cits, avec des ressorts similaires (faux convoi destinĂ© Ă  tromper et dĂ©cimer l’ennemi pour le film avec Gibson, et changement de plan permettant de tromper et dĂ©cimer l’ennemi dans le second) ; enfin, phase nihilisme/obsession/rĂ©demption/vengeance pour notre Max Rockatansky qui semble tout juste sorti du drame vĂ©cu dans le 1er Mad de la premiĂšre Trilogie, qui conditionne toute la psychologie de hĂ©ros (et son titre). C’est d’ailleurs amusant comme le Fury Road fait un pont avec le prĂ©cĂ©dent opus, en n’explicitant jamais les raisons des visions psychotiques de Max / Tom Hardy. Les vieux de la vieille sont dans la confidence, tandis que les nouveaux spectateurs, loin d’ĂȘtre stupides (Miller fait donc le pari contraire Ă  la majoritĂ© des producteurs hollywoodiens qui insistent gĂ©nĂ©ralement trĂšs lourdement en Ă©vitant toute ellipse narrative et en forçant le trait Ă  l’aide de procĂ©dĂ©s type image sepia/moirĂ©e/sous-titrĂ©e « ten years ago »), doivent malgrĂ© tout postuler sur les raisons ayant poussĂ© Max Ă  toujours fuir des fantĂŽmes qui n’en finissent pas de le hanter.

Alors, Tom Hardy dans le rĂŽle de Max ? Personnellement, j’ai adorĂ©, et il n’y aucune comparaison avec la prestation dĂ©jĂ  magistrale de notre bon vieux Mel Gibson. Le Max de Mel Ă©tait sauvage, Ă  fleur de peau, quelque part Ă  la fois fragile et incorruptible. Le Max d’Hardy est davantage animal, massif, presque ahuri. Mais justement, l’acteur nous offre un personnage complĂštement diffĂ©rent, plausible, et sympathique.

Charlize Theron ? Comme d’hab, ai-je envie de dire… Elle capture l’objectif, et s’accapare les moments Ă©mouvants et grandioses (la dĂ©couverte du destin de la terre verte…). VĂ©ritablement, Charlize Theron est certainement la plus grande actrice de sa gĂ©nĂ©ration, ce qui n’Ă©tait pas gagnĂ© avec son physique de mannequin peroxydĂ©.

Nicholas Hoult nous offre enfin un rĂŽle vĂ©ritablement consistant en terme d’interprĂ©tation (pas que je l’aime pas en bleu dans la saga x-men, mais retrousser les babines n’est pas non plus ce que j’attends d’un acteur… et puis au passage, vous vous ĂȘtes pas marrĂ©, vous, quand vous avez vu sa premiĂšre version du Fauve ?). Que ce soit dans Warm Bodies ou Jack et l’abricot magique (oui, ce n’est pas un haricot, arrĂȘtez de croire tout ce que vous lisez sur des blogs comme le mien, y a que des nĂ©vrosĂ©s qui sont capables d’Ă©crire autant d’inepties en se prenant au sĂ©rieux), il convainquait, certes, mais n’Ă©mouvait pas. Miller lui offre un rĂŽle casse-gueule par excellence, et au contraire, il rĂ©vĂšle toute la palette d’un acteur qui l’air de rien, est en train de rĂ©aliser une belle et jeune carriĂšre (maintenant que nous sommes convaincus qu’il n’a pas besoin de prothĂšses faciales, quoi !).

Pour le reste, bah, je ne vous dĂ©florerai pas l’intrigue. Ah si, je me suis marrĂ© en pensant Ă  certaines critiques concernant le pseudo-fĂ©minisme de Miller, camouflant Ă  l’encontre des vellĂ©itĂ©s machistes (vieille philosophie Ă  base de poils). Alors, oui, Mad Max Fury Road est bien un film fĂ©ministe et dans le meilleur sens du terme. Les femmes ont les graines (superbe mĂ©taphore pour les balles, qualifiĂ©e par une des hĂ©roĂŻnes, « d’anti-graines » – tout ce qu’elles plantent, elles le tuent), c’est grĂące Ă  elles que le monde peut exister, avoir un avenir. Certaines sont montrĂ©es comme de simples objets, convoitĂ©es par des hommes libidineux ? Toutes (car il n’y a pas que des bimbos dĂ©nudĂ©es), se battent, rĂ©sistent, se rĂ©voltent, tuent, meurent. Mention spĂ©ciale pour la porteuse de graine, et bien sĂ»r, l’Imperator Furiosa, rĂ©galienne. Mad Max Fury Road est un film fĂ©ministe par excellence car il parle de rĂ©sistance, et Ă©voque justement les combats fĂ©ministes du siĂšcle dernier, quand tout Ă©tait Ă  gagner par les femmes (dont le droit Ă  participer au massacre de la dĂ©mocratie reprĂ©sentative). Si montrer une jolie fille, mĂȘme du point de vue d’un homme, est un acte machiste, c’est faire un procĂšs Ă  l’idĂ©e de fĂ©minitĂ©, et sa connotation habituelle de beautĂ© et de grĂące. Miller, dans Mad Max Fury Road, justement, nous offre Ă  la fois l’image d’une Furiosa asexuĂ©e et mutilĂ©e, qui complĂšte celle des favorites, effectivement façonnĂ©es pour rĂ©pondre aux dĂ©sirs et attentes de l’homme. Deux concrĂ©tisation de la fĂ©minitĂ©, l’une dans la force et la martialitĂ©, l’autre dans la douceur et la sensualitĂ©. Et que dires des mĂšres qui ouvrent les valves de l’eau source de vie, et des matriarches usĂ©es et fanĂ©es par le temps ? Le film de Miller ne parle pas d’une femme, mais des femmes, sans justement cantonner ce sexe a un simple rĂŽle de faire valoir ou d’objet pour les hommes du rĂ©cit, Max en tĂȘte. D’ailleurs, l’issue du film m’a rappelĂ© la fin de Once upon a time in the west, quand Claudia Cardinale regarde partir l’Harmonica. Dans les deux films, la femme forte et rĂ©sistante reprĂ©sente l’avenir et le bonheur, celle qui construit et fait germet l’avenir (d’ailleurs dans les deux films, la scĂšne finale voit la/les femme(s) apporter de l’eau Ă  une humanitĂ© assoiffĂ©e) tandis que l’homme ne peut que retourner dans le dĂ©sert de sa solitude et du passĂ© (y a un © sur cette phrase, donc merci de pas la copier/coller, svp).

La bande annonce du film, au cas oĂč vous auriez oubliĂ© l’existence de Google :

I’m not in love

J’adore cette version de Diana Krall du tube immortel de 10cc, et vu que j’ai la flemme de chercher dans mes favoris, j’utilise mon blog pour me dĂ©tendre en fin de journĂ©e 😉 et me faciliter la tĂąche !

« Big boys don’t cry… » Et Ă  la fin de la vidĂ©o, n’hĂ©sitez pas Ă  dĂ©couvrir les autres chansons rĂ©interprĂ©tĂ©es par la talentueuse artiste Ă  la voix vacillante, comme Don’t dream it’s over de Crowed House ! « They come to build a wall between us…. »

I’m not in love
So don’t forget it
It’s just a silly phase I’m going through
And just because
I call you up
Don’t get me wrong, don’t think you’ve got it made
I’m not in love, no no, it’s because..

I like to see you
But then again
That doesn’t mean you mean that much to me
So if I call you
Don’t make a fuss
Don’t tell your friends about the two of us
I’m not in love, no no, it’s because..

I keep your picture
Upon the wall
It hides a nasty stain that’s lying there
So don’t you ask me
To give it back
I know you know it doesn’t mean that much to me
I’m not in love, no no, it’s because..

Ooh you’ll wait a long time for me
Ooh you’ll wait a long time
Ooh you’ll wait a long time for me
Ooh you’ll wait a long time

I’m not in love
So don’t forget it
It’s just a silly phase I’m going through
And just because I call you up
Don’t get me wrong, don’t think you’ve got it made
I’m not in love
I’m not in love

Saint Seiya : la légende du Sanctuaire ou How transformers meet Saint Seiya

OulĂ , bonjour cher blog ! Faute de temps, j’ai un peu dĂ©laissĂ© cet espace web virtuel, mais bon, j’ai commis l’erreur fatale d’aller voir le film Saint Seiya : la lĂ©gende du Sanctuaire au cinĂ©, ce jour…

DĂ©jĂ , et ça reste un point de vue trĂšs personnel, qui ne rencontre pas beaucoup de comprĂ©hension de mes congĂ©nĂšres et concitoyens français… je ne supporte pas cette traduction douteuse de « chevalier »… LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE ! Non mais, stop DorothĂ©e powa les gars ! Qu’il y a 30 ans, les experts marketing Ă©mettent de doutes concernant la traduction littĂ©rale du mot « saint » dans un pays exemplaire en terme de laĂŻcitĂ©, je peux encore l’accepter… Mais maintenant, dĂ©gager la dimension chrĂ©tienne qui imprĂšgne totalement le rĂ©cit en lui juxtaposant tout une culture mĂ©diĂ©vale qui l’air de rien est hors sujet dans une intrigue qui digĂšre les icĂŽnes de la mythologie grecque, ça me saoule carrĂ©ment.

Alors que j’ai allĂ©grement passĂ© le cap de la quarantaine, je kiffe (notez le verbe faussement d’jeun pour Ă©tablir un contraste un brin putassier et provocant) « Saint Seiya ». « Saint », c’est un terme qui invoque le sacrĂ©, le miraculeux, le vertueux. « Saint » est un terme qui dĂ©signe un hĂ©ros en rĂ©vĂ©lant par avance sa grandeur et son destin hors du commun. Mais bon, on peut pas dire que ce soit encore le cas dans le film minable qui vient de sortir, hein ?! Nan, y a dĂ©finitivement rien Ă  voir avec la sĂ©rie d’antan, avec ses hĂ©ros emplis d’abnĂ©gation qui en bavaient des vertes et des pas mĂ»res afin de sauver leur vĂ©nĂ©rĂ©e dĂ©esse. Oui Monsieur ! Y en avait de l’ascension dans l’ancienne sĂ©rie, de l’Ă©piphanie, de la thĂ©ophanie… du spectacle quoi !

Saint Seiya, c’Ă©tait simplement assister Ă  l’apologie du miracle en dessin animĂ©… Les hĂ©ros se faisaient passer dessus, laminer, dĂ©sintĂ©grer, dĂ©chiqueter… Ă  la fin il invoquait le droit Ă  un gros miracle (avec une rapide priĂšre Ă  AthĂ©na, sans amen), et ils l’avaient. C’Ă©tait beau, Ă©mouvant, poignant, captivant, et unique dans le paysage animĂ© et audiovisuel. Je me rappelle, Ă©mu, Hyoga en train de ramper, rĂ©duit Ă  l’Ă©tat de zombie pathĂ©tique, suscitant la compassion du Saint du Scorpion (changĂ© en femme dans le film en 3d, sans doute pour convenir Ă  des aspirations Ă  la paritĂ© ou simplement parce qu’affubler un dard Ă  une Sainte a peut ĂȘtre Ă©moustillĂ© les scĂ©naristes, je sais pas…)… Je me rappelle Seiya, face Ă  un Aiolia furieux, complĂštement Ă©crasĂ© et dĂ©sespĂ©rĂ© par son adversaire, supplier « une fois, une fois seulement », avoir la force de surpasser son opposant. Je me rappelle Shiryu, dĂ©cidant d’en finir avec Shura dans une belle imitation du dernier lancement de la fusĂ©e ariane. Je me rappelle Ikki empoignant Shaka dans une sĂ©quence nihiliste et qui reste encore l’exemple mĂȘme de la notion de sacrifice. Je me rappelle Shun, maudissant sa propre nature, incapable d’achever un adversaire qui va pourtant le tuer quelques secondes plus tard.

Des moments incroyables, qui montraient des hĂ©ros humains, ravagĂ©s de doutes et de souffrances, trouvant la foi et s’y accrochant comme des puces sur le dos d’un chien Ă  poils longs, prĂȘts Ă  tout sacrifier pour un idĂ©al, un ami, une cause. L’air de rien, des icĂŽnes qui n’ont jamais Ă©tĂ© d’autant d’actualitĂ© Ă  une Ă©poque oĂč la jeunesse est sans cesse moquĂ©e et bousculĂ©e par un systĂšme qui ironiquement les manipule et les transforme en bons petits soldats. Eh, les jeunes, prenez le temps de mater la vieille sĂ©rie, et vous verrez d’autres petits jeunes traitĂ©s de haut par leurs ainĂ©s. Ou alors matez le film, et comprenez qu’on ne vous propose comme philosophie que de l’esbroufe servant Ă  vous tendre un miroir, dont le but est de vous mĂ©tamorphoser en bande de powerangers sous acide. J’ai carrĂ©ment hallucinĂ© en Ă©coutant le discours finale d’AthĂ©na / Saori Kido, qui nous la fait petite fille Ă©lue qui comprend pas mais qui veut bien quand mĂȘme ĂȘtre une dĂ©esse parce que voila, elle a des amis, quoi… Changer le monde, se battre contre l’injustice, c’est trop compliquĂ©, passĂ© de mode, et ça permet pas de faire du marketing direct vendeur de goodies.

Seiya a troquĂ© sa panoplie de combattant infaillible et vertueux pour celle du clown maladroit mais tellement attachant (attachiant ?) ; Shiryu a Ă©voluĂ© en psychorigide maniaque du contrĂŽle, littĂ©ralement assommant ; tandis que Shun et Hyoga sont devenus des beaux gosses interchangeables, aussi lisses que transparents. Reste Ikki, qui a perdu son nihilisme dĂ©sespĂ©rĂ© pour une mĂąle attitude dĂ©complexĂ©e qui ne lui sert plus Ă  grand chose (« oh mince, j’ai perdu ! »).

Alors le souci, c’est que c’est beau, on a l’impression de mater une compilation des cinĂ©matiques de Final Fantasy, et l’univers dĂ©crit n’est pas dĂ©gueulasse… Ă  condition de s’exonĂ©rer de l’ancienne sĂ©rie, de sa richesse tant thĂ©matique que scĂ©naristique, de la caractĂ©risation formidable des diffĂ©rents protagonistes de l’histoire (hĂ©ros comme adversaires), d’une certaine vision de la femme (contrairement Ă  ce que j’ai lu rĂ©cemment, l’ancienne AthĂ©na elle en avait dans la culotte : pour ceux qui ont un doute, je les invite Ă  visionner le refus qu’elle oppose Ă  un PosĂ©idon gĂ©nocidaire), d’une intrigue savoureuse dont l’issue restait incertaine jusqu’aux derniĂšres minutes de la premiĂšre sĂ©rie… Ils ont mĂȘme retirĂ© Ă  Saga sa rĂ©demption ces enfoirĂ©s !

En fait, le film est marquĂ© par l’hĂ©ritage des films hollywoodiens produits ces derniĂšres annĂ©es, la franchise Transformers en tĂȘte (y a qu’Ă  voir le petit canon articulĂ© sur l’Ă©paule de Camus… ridicule). Ca pĂȘte de partout, les armures et les personnages se transforment comme les robots de Michael Bay, et on sent le principe du bigger and louder (rien que la scĂšne d’ouverture laisse dubitatif avec une scĂšne digne d’un shoot them up). Si en sus on ajoute les incohĂ©rences (tiens, Hyoga est maintenant Ă  cotĂ© de Shiryu dans la maison du Cancer), les dĂ©lires comiques (la scĂšne avec Masque de Mort, hommage aux pires moments musicaux des films disney), le design trĂšs tendance tatoo / jeunes bourgeois bobo (le petit anneau dans le nez ou la lĂšvre, les tatouages), et la dĂ©structuration mĂ©thodique de l’intrigue initiale pour coller aux contraintes de temps, il ne reste pas grand chose Ă  sauver de ce navet intersidĂ©ral. Voir le massacre rĂ©alisĂ© dans ce film, c’est un peu comme assister Ă  la trilogie du Lord of the Ring rĂ©duit Ă  un trailer d’une heure trente.

Pour ĂȘtre totalement honnĂȘte (oui, ça m’arrive), ce film est une purge en considĂ©ration de l’Ɠuvre initiale. Mais si vous n’avez pas connu ou aimĂ© la sĂ©rie des annĂ©es 80, sa vision peut finalement ĂȘtre une expĂ©rience sympathique, tout du moins visuellement. Personnellement, je n’ai jamais tant aimĂ© la sĂ©rie initiale, qui demeure dĂ©finitivement un trĂ©sor unique en son genre. Et je ne suis pas un regretteur d’hier comme l’a si bien chantĂ© Alain Souchon, mais juste un gars qui n’a pas retrouvĂ© la saveur de ce qu’il apprĂ©ciait avant.

Je vais personnellement tĂącher de vite laver mon cortex des restes de ce spectacle abĂȘtissant. À l’AthĂ©na geignarde et neuneu du film, je prĂ©fĂšrerai toujours celle qui murmure Ă  un Ikki dĂ©sespĂ©rĂ©, alors qu’elle-mĂȘme git sous la pluie, une flĂšche dans le cƓur : « Non Ikki, ce n’est pas la fin… » Une belle leçon de grandeur et de rĂ©sistance, Ă  laquelle le film n’a su, Ă  aucun moment, rendre hommage.

La fin du combat opposant Shiryu Ă  Shura, pour le plaisir… Rien qu’en entendant la voix du regrettĂ© Henri Djanik, ça me fout les larmes aux yeux T_T