Richard Matheson, un maître du fantastique s’est éteint

On sent le couperet tranchant du temps en se rendant subitement compte que nos références sont subitement incompréhensibles ou totalement inconnues pour nos interlocuteurs. Un excellent exemple en est sûrement la série mythique « The Twilight Zone », mieux connue chez nous par le titre « La quatrième dimension » (et son reboot des années 80 sera opportunément incrémenté chez nous d’une dimension lors de sa diffusion sur la défunte cinquième chaîne). Cette série évoque une époque transitoire, durant laquelle la foi en la science ne peut se détacher d’une certaine forme de fantastique voire de mysticisme. Paradoxe temporel, intervention extraterrestre, force du destin, ironie du sort, sont autant d’événements et de phénomènes qui font basculer soudainement le récit, généralement à la fin de l’histoire. Cet exercice du twist, comme s’y adonneront par la suite de nombreux cinéastes faisant reposer toute une intrigue sur ce type de levier narratif, a permis à de nombreux scénaristes de se faire un nom au panthéon des créatifs hollywoodiens, et Richard Matheson s’est révélé un auteur à la fois particulièrement inspiré, et surtout incroyablement inspirant.

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Virgin Megastore : une fin émouvante

Message d'adieu de Virgin Megastore
Message d’adieu de Virgin Megastore

En ce moment je suis un peu sous l’eau, et j’ai un peu abandonné ce blog, mais l’actualité m’a remis soudainement les pendules à l’heure en découvrant dans ma boite mail la communication de Virgin Megastore, dont la liquidation vient d’être annoncée, délivrant un ultime message, magnifique et d’une incroyable élégance. Dans ce monde d’argent, d’actionnaires cupides à la recherche de la sempiternelle courbe ascendante de profit, il est agréable de voir ce type de communication qui rappelle l’importance de la culture dans un moment éminemment tragique… mais je n’oublie pas, à l’instar de beaucoup d’entre nous, tous les salariés qui vont se retrouver sur le carreau.

C’est malheureusement la culture de l’argent qui prédomine actuellement, et l’humanité, n’ayons pas peur des visions macro, n’a pas l’air très heureuse. Après la coupure de la tv publique en Grèce (de nouveau fonctionnelle today), la fin de Virgin fait résonner une forme de menace insidieuse, rappelant que l’accès à la connaissance, au foisonnement miraculeux qui nait de la créativité de l’homme, reste conditionné par la rentabilité et le profit. On me répondra qu’il ne faut pas confondre public et privé, mais dans le fond, c’est tout de même frappant de voir deux édifices aussi symboliques secoués (voire détruits) par la même logique capitaliste. La lente agonie de Virgin Megastore me laisse un goût amer, car je suis convaincu du potentiel de cette marque et surtout de la compétence des salariés à qui j’ai eu maintes fois affaire, et qui m’ont toujours surpris par leur implication et leur bon esprit. Je ne crache pas sur Amazon et autres supermarchés du produit culturel, mais j’adorais les petits cartons des vendeurs du Virgin Megastore de la rue Saint Ferréol à Marseille, qui étaient à la fois des repères précieux et des petites touches d’humanité. Qu’il n’y ait aucune possibilité de reprise, de rachat, ou autre raccommodage économique m’attriste profondément, en constatant au même moment l’entrée (ou la ré-entrée, au choix) en bourse de la Fnac… Avec un article édifiant du Monde sur la question, qui n’est pas pour rassurer…

le message de Virgin Megastore, reçu par mail ici : http://www.virgin-megastore.fr/m3news?m=9250004160004479382&c=21009

1 et 2 centimes d’euros : par ici la monnaie

Petit débat médiatisé actuellement sur la valeur, le coût et l’utilisation des pièces de 1 et 2 centimes d’euro, et une interview sur le site challenge.fr de Christophe Beaux, PDG de la monnaie de Paris, qui a le mérite d’éclairer utilement sur la question, avec des réflexions pertinentes sur l’usure de certains billets versus la durabilité de la monnaie.

À l’heure où tout le monde commence, enfin, à s’interroger sainement sur le coût et la logique des choses, c’est finalement un sujet très pertinent sur la valeur de production réelle d’un outil avant qu’il devienne un moyen, porteur de sa propre et inaltérable valeur (faciale), et les conséquences de son usage qui participe à sa valorisation finale (voir la réflexion sur l’usage de la pièce de un cent). Il y a aussi une réflexion intéressante sur l’impact sur l’économie des plus faibles revenus, qui eux, se soucient sûrement de ces piécettes qui irritent les plus nantis.

Donc interview très intéressante sur le sujet, que je vous invite à lire avant les réunions de famille du week-end, afin d’éclairer le débat avec d’autres arguments que l’agacement de la petite pièce perdue au fond de la poche.

l’article du site challenge.fr : Pourquoi il ne faut pas supprimer les pièces de 1 et deux centimes d’euro.

Test de personnalité : psychobug

Aujourd’hui, je reçois de la part d’un site spécialisé dans le recrutement de cadre, la proposition d’un test de personnalité.

pub test personnalité
Pourtant c’était prometteur !

Curieux et appréciant toujours les résultats et le fonctionnement très ludiques de ce type de prestation, je me suis fait un plaisir de tester la chose… mais alors que j’avais répondu à toutes les questions, et impatient de lire le verdict, l’application a tout simplement… buggé.

À se demander si ma personnalité, extraordinaire, comme vous vous en doutez, n’a pas causé une erreur fatale du système ! Ou alors un aveu des limites de la science dans ses tentatives de nous réduire à des petits schémas conformistes, afin de finir de nous convaincre des illusions du libre-arbitre. Je suis perplexe. Ci-dessous, la copie d’écran du résultat, qui j’espère pour moi, n’en est pas un (d’ailleurs, je les encourage à changer le message de ce type d’erreur, du type « L’application a planté, et vous n’avez rien à vous reprocher »).

screen d'erreur d'une application sociologique
Un peu déçu tout de même…

Pub vidéo de Microsoft : la meilleure place, c’est celle de l’arbitre

Hilarante pub vidéo de Microsoft qui se sert, avec beaucoup d’humour, de la rivalité entre la firme à la pomme et son concurrent coréen le plus féroce (sur le marché de la téléphonie mobile, les procès récents démontrant la chose). L’air de rien, une petite réflexion sur l’aliénation aux marques qui sert de tuteur à certaines stratégies marketing, et qui démontre également la toute puissance du brand management dans un monde en perte de repère. Querelle de religion, querelle de marque, tout est finalement affaire de croyance et de foi, l’allégeance aveugle en étant le parfait point commun 😉

Microsoft, tranquille, joue les observateurs un poil cynique, évitant de rappeler que Bill Gates fut à l’origine du rebond d’Apple dans les années 90, afin d’éviter une situation de monopole qui aurait pu lui couter très cher outre-atlantique. J’ai personnellement toujours été impressionné par le génie marketing de Gates, qui pour le coup, avait réussi à se créer un rival, en évitant de partager le même marché (en osant la vulgarisation, Microsoft visait le grand public avec des coûts  »light », en laissant à Apple une clientèle plus select, voire élitiste, avec du matériel couteux et à l’esthétique ostentatoire, ou plus communément, avec un beau design).

Du bon spectacle donc, la pub réussissant ses gags sans offenser personne, et tentant de ramener Nokia, l’air de ne pas y toucher, dans la cour médiatique des grands acteurs de la téléphonie mobile. Une invitation au changement habile et bien pensée, bravo les publicitaires ! (même si les fans des deux marques concurrentes ne sont pas près de changer de chapelle).

Before WATCHMEN : boucle bouclée

before watchmen

Il y a près de vingt ans maintenant, la série Watchmen de Dave Gibbons et Alan Moore donnait ses lettres de noblesse aux comics, genre de BD quelque peu décriée pour ses abus de collants et de super pouvoirs, antagonistes pour beaucoup à une certaine prétention littéraire et artistique. Watchmen, le temps d’un arc à la fois trépidant et iconoclaste, dépeignait une réalité alternative dans lesquelles les super héros étaient dépeints de manière très réalistes, dans un monde impitoyable et névrosé, proche de celui que connaissait l’essentiel du monde occidental au début des années 80. Soit une psychose constante de la guerre atomique, avec la rivalité de plus en plus affichée des deux grandes super puissances de l’époque, soit les États-Unis et l’URSS.

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Iron Man 3 : distorsion temporelle

dessin humoristique d'arcticdreamer.fr sur le film IronMan 3
note : réédition du volume 1 de la compilation des aventures de l’homme de fer, chez panini comics ce mois-ci, avec les tous premiers épisodes.

Hier, petite virée familiale pour aller voir Iron Man 3 de Shane Black, avec le toujours sémillant Robert Downey Junior. Constat toujours positif, en exceptant bien sûr ma petite culture du comic original, qui m’a habitué à une toute autre version de Tony Stark. Il y a eu, de film en film, de plus en plus prononcé, un glissement du personnage de Stark vers l’acteur qui tient le rôle, comme si on assistait à une forme de cannibalisme symbolique, le vivant consumant l’inanimé. À l’arrivée, la prestation de R. Downey Jr est complètement jubilatoire, avec une incarnation du bobo quadra complètement névrosé et dépassé par les événements. La volonté est à l’évidence à l’iconoclastie avec la destruction systématique de toutes les postures héroïques tentées tout au long du métrage. Le syndrôme de l’anti-héros à la spiderman a ainsi contaminé le cousin Iron Man… Le spectacle devient ainsi « familial » et le  principal protagoniste gagne en sympathie, mais je regrette, bien égoïstement, que le troisième opus du vengeur doré soit à l’arrivée une suite de trahisons et de reniements scénaristiques… Le rachat de Marvel par Disney se fait implacablement sentir dans le spectacle grand public qu’il m’a été donné de voir, même s’il se permet une sorte de bluff et d’insolence qui cède, très rapidement, à un traitement plutôt inoffensif de certaines thématiques contemporaines (terrorisme, corruption politique, manipulations médiatiques, etc.). Film en forme de reflet de son époque, Iron man 3 semble parfois une version Hi-tech du film héroïque, avec en héroïne discrète et omniprésente, la technologie mobile. Évitant l’opposition pourtant classique entre l’homme et la machine (cf le film Oblivion dont vous pourrez relire l’article récent en cliquant ici), l’armure est dans ce film réduite au simple rôle de gadget, plus ou moins fonctionnel. À l’instar de l’usager lambda, Tony Stark affronte tout au long du film des problèmes de réseaux, de configuration, de réglages, et finit d’ailleurs par se retrouver désemparé tandis que son pire ennemi le menace tandis qu’il est dépouillé, littéralement, de tous ses gadgets. Catalogue des modes technologiques actuelles, les drones en tête, Iron Man est en fait quasiment absent la grande majorité du métrage, n’apparaissant jamais dans sa pleine intégrité, ne jouant finalement pas son rôle messianique, et multipliant les gaffes plus ou moins graves. L’icône super-héroïque et les références à la chevalerie en prennent donc un sacré coup, réduites à des constats désabusés et cyniques des petits ratages de la technologie moderne, qui nous promet toujours le paradis entre trois bugs logiciels ou quatre déconnexions faute de réseau.

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La géopolitique sauce World of Warcraft

Le premier mai, je m’adonnais bassement au pvp dans le jeu World of Warcraft, lorsque j’arrivais dans un « Bataille pour Gilnéas » bien mal en point… mais j’eus l’intense plaisir d’assister à un travail de commentateurs que n’aurait pas renié le duo Larqué/Roland, ou le binôme de vieux râleurs du Muppet Show. Pour les néophytes, et je sais qu’il y en aura, j’ai placé les dialogues initiaux à gauche, et la traduction à droite. Belle analyse de la situation, mais à la toute fin de la rencontre, un expert va briser inopinément, d’une seule sentence, le phénoménal travail de ces deux analystes, apparemment pas aussi informés qu’ils le pensaient. Une tentative d’explication des événements à la croisée de l’économie, de la sociologie et de la géopolitique.

commentaires dans wow
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Oblivion : référentiel & efficace

Affiche du film OblivionTom Cruise est de retour dans un blockbuster au concept intrigant et original ; pour commencer, la guerre est terminée, et son personnage évolue dans les décombres d’un conflit simplement et rapidement évoqué en début de métrage. Ce principe un poil pessimiste, voire fataliste, est étrangement en corrélation avec l’analyse désenchantée d’une société occidentale dont certaines pythies annoncent sans cesse le lent mais inéluctable déclin.

La guerre est ici assez métaphorique, le premier acte de ce conflit étant marqué par la destruction de la lune, astre symbolisant l’acte de rêver, d’espérer. Donc plus de lune, plus d’espoir, et un homme (Jack Harper aka Tom Cruise) chargé de la maintenance de drones faisant la chasse aux méchants aliens survivants qui veulent continuer leur basses œuvres. Intrigue à trous, un poil bancale (avec le bon vieux fantasme de l’arme nucléaire comme réponse ultime), car comme toujours pas très logique ; en imaginant qu’un camp possède la puissance de feu et la technologie pour exploser un satellite de la taille de la lune, il est difficile de croire que l’arme nucléaire, assez brouillonne et peu précise, puisse se révéler efficace. Mais bon, un peu comme pour les âmes vagabondes, on cède au postulat initial en concédant un crédit généreux à tous les principes annoncés.

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Le blog Minion Factory : De l’humour et de la classe

Il y a des fois où le net réserve de bien belles surprises, comme ce matin en tombant, au gré des news, sur le blog Minion Factory d’un artiste canadien, Phil Postma, véritable caverne d’Ali Baba pour tout féru de pop culture. Marvel, Dc, Star Trek, Star Wars, et bien d’autres franchises célèbres sont mises en scène ou pastichées dans des vignettes pleines d’humour et d’inspiration. Croisant les univers, mélangeant les styles graphiques et les modes, l’artiste nous livre un travail sans prétention mais d’une finition irréprochable, et surtout, avec une belle efficacité dans la mise en scène et la scénographie.

Alors voilà, rien de plus à dire, si vous voulez passer un bon petit moment on the web, allez directement sur le blog de Phil Postma : http://minionfactory.blogspot.co.uk

La bannière du blog Minion Factory de Phil Postma
La bannière du site de Phil Postma – tous droits réservés à ce talentueux artiste.

Vous y passerez un peu de temps car vous aurez de quoi faire devant la prodigalité et l’inspiration de l’artiste, qui en plus, à le culot de savoir se renouveler ! Du très beau travail.