Hier, sortie du nouvel album de Depeche Mode, et article bien sympa dans les Inrocks ! Ce groupe est resté mon préféré, le seul qui ait survécu à mon adolescence et au passage du temps et des modes ! J’ai hâte d’acquérir cet album, et je crois que je ne me lasserai jamais d’écouter des classiques comme Never let me down again, A question of lust, I feel you, ou encore ma chanson préférée of the world, Walking in my shoes (d’une courte note devant « Home »).
L’article des Inrocks est sympa (j’avais jamais commuté l’influence grunge dans Songs of faith and devotion), mais personnellement, c’est davantage la portée spirituelle et mystique qui m’a toujours profondément interpellé dans leurs chansons. Et la voix, sublime, unique dans sa tonalité grave majestueuse, de Dave Gahan, laissant parfois la place, par une forme de schizophrénie malicieuse, au timbre plus posé et délicat de Martin Gore.
En ces temps où l’éphémère nous rappelle son triste joug, avec toutes ses stars-produits et ses succès d’un seul été, il est bon de retrouver des idoles qui, malgré un parcours tortueux, n’oublient pas leur public et nous reviennent toujours.
Kiss me goodbye
When I’m on my own
But you know that I’d
Rather be home
Extrait de « A question of lust » (Depeche mode, Martin Gore)
Le clip de « Heaven » – premier single à sortir dans les charts de ce nouvel opus.
Au lendemain de la prestation de François Hollande, de nombreux médias font l’écho de l’explosion de la dette publique. Personnellement, dans mon article d’hier, j’évoquais le sujet, qui est à mon sens au fondement d’une réflexion fertile visant de redonner à la France la fameuse compétitivité qui lui manque. Déception, encore, en voyant le sujet complètement éludé, avec un discours d’affirmation, presque incantatoire, d’une politique qui demande toujours aux autres, ou plus généralement aux entreprises, d’agir.
Il y a eu, hier, un bel exercice de déplacement de la responsabilité. Dans le fond, et mon article d’hier le disait bien, ce n’est pas une stratégie foncièrement pernicieuse. Par contre, ne faire reposer la logique d’une croissance et d’un dynamisme économique, que sur une partie des acteurs, est à la limite de l’incorrection. Ce pays crève de son fonctionnement, et par là je ne pointe pas forcément le fonctionnariat dont il a, et nous, usagers, avons plus particulièrement besoin. Je veux évoquer ces océans d’argent qui circulent sans aucune obligation d’une quelconque justification comptable, des logiques administratives aberrantes qui créent des siphons budgétaires débouchant sur des zones floues et les fameuses dépenses de fonctionnement, trous noirs comptables qui procurent chaque années des camemberts dont certaines parts sont quelques peu ésotériques.
On a besoin de l’État, on a besoin des fonctionnaires, et le débat n’est pas, encore, d’une scission entre les intérêts du travailleur du privé et celui du public. Le débat est, à l’instar de ce qu’à demander hier Hollande concernant la rémunération des plus riches, d’une transparence totale dans les dépenses et les investissements. Il y a, dès à présent, un réel conflit d’intérêt, une partie des rouages n’ayant pas comme volonté d’optimiser la partie du mécanisme dont ils ont la charge. Il y a surement à faire pour valoriser la rémunération de chacun, dans une logique d’équité et de justice, mais cela ne peut se faire qu’en mettant tout à plat, en oubliant les petits jeux comptables et les maquillages sémantiques. Les scandales récents de certaines institutions ont démontré les dérives des dépenses publiques. Mais elles n’éclatent que par à coups, au détour d’une investigation journalistique ou par le fait de mouvement isolé (la mairie d’Angoulême avec l’affaire Baudis). Pour ne pas avoir à corriger, il faut appréhender. La méthode et les procédures doivent se situer en amont, et pas en aval ; les comptes rendus publiques et vérifiés par des autorités missionnées pour traquer les abus.
De la transparence, enfin, pour aller au cœur du sujet, qui est la gestion de ce pays. Dans une démocratie, du moins comme elle a été redéfinie lors de l’idéal révolutionnaire au XVIIIème siècle, le principe d’égalité s’imposait dans la volonté d’une réelle synergie populaire. Ce n’était pas d’ailleurs dans une logique sociale, mais réellement dans le désir de mettre fin à l’exploitation abusive des richesses communes utilisées et gaspillées à des fins personnelles. Le mot « privilège » possède en France une particulière sonorité, et il couvre une mentalité bien spécifique visant à s’arroger un avantage par rapport aux autres. La révolution n’a jamais réussi à détruire ce résidu de l’ancien monde, pour devenir une scorie persistante et dérangeante dans un idéal démocratique qui à l’arrivée, fait de la concession son mode d’utilisation. Pas tant que la démocratie révolutionnaire soit démodée ou inadaptée ; elle a juste besoin, après plus de deux siècles d’invocation démagogique, d’être littéralement appliquée : Liberté, égalité et fraternité ne peuvent se réaliser sans transparence.
Les entreprises pourront se démener, il y a de quoi être découragé, en songeant que tous leurs efforts ne serviront qu’à contribuer à nourrir un système qui lui ne se remet jamais en cause, entonnant des justifications de solidarité qui font de l’assistanat une philosophie. Mais beaucoup d’entre nous ne demandent pas forcément de l’aide, juste qu’on leur permette de participer, en citoyens loyaux et actifs, à la vie de la cité. L’entreprise est devenue le cœur de notre société libérale, et l’État un arbitre nécessaire. De ces deux acteurs, aucun ne doit prévaloir sur l’autre.
Ce soir, jeudi 28 mars 2013, notre président, François Hollande, va s’exprimer sur France 2. Une intervention stratégique tandis que le pays connaît une des périodes les plus déprimantes au point de vue tant économique que politique. L’incapacité à changer, les difficultés à moderniser un pays qui tente de survivre en conservant au maximum ses vieilles et inadaptées habitudes, font que le débat se déplace encore sur un homme plutôt que sur un peuple. Ce matin, beaucoup de sites font l’écho de la baisse de confiance des français envers François Hollande, comme s’il était le messie sauveur qui détenait les clés de toutes les solutions envisageables. Cette manière de penser est pour le moins démonstrative d’une vision des choses ancrée dans une forme d’habitus sociétal, qui n’a jamais vraiment adopté des réflexes réellement démocratiques. « On a besoin de pain, mais que fait le roi ? » Je n’irai pas m’étendre sur les analyses freudiennes avec la bonne vieille métaphore du père, mais les médias réduisent souvent le débat à cette question hors-jeu : mais que fait le patron ?
Ce week-end, challenge inter-générationnel relevé avec l’achèvement du mythique Bubble Bobble de Taito, avec mon fils… qui passe plus de temps à me dérober mes fruits âprement mérités à coups de bulles vengeresses, qu’à chercher les solutions des énigmes. D’un autre coté, il a de jolis réflexes le gamin, ça me fout un coup de vieux quand je vois comme il saute dans tous les sens.
C’est pas pour dire, mais ce jeu est une démonstration du pixel fantôme, bien avant les bugs de texture des jeux 3D actuels. Mention spéciale au niveau 99, qui ne peut être terminé (enfin si j’ai tout bien compris) que par le second joueur, vu que l’accès au monstre dans sa cage à lapins, au centre de l’écran, n’est pas accessible par la gauche (à se demander s’il n’y a pas un message politique).
J’imagine même pas l’argent dépensé en salles d’arcade dans les années 80 pour le finir complètement…
Venant d’inaugurer la page « Arts picturaux », un petit back up d’un article écrit à propos d’une oeuvre d’Eugène Delacroix que j’admire particulièrement, La lutte de Jacob avec l’Ange, en octobre 2011. En rédigeant l’article, j’avais découvert à l’époque Henri Bauchau, poète magnifique, passionné par cette toile, mort presque un an plus tard en septembre 2012.
Hier, les médias ont commencé à faire leurs choux gras des paroles d’une chanson de l’épouse du Président, sortant, de la République, Carla Bruni Sarkozy. En ce moment, au vu d’une conjoncture quelque peu difficile, c’est l’épreuve du feu pour François Hollande qui se retrouve confronté à l’ire grandissante de l’opinion tant publique que médiatique. De nombreux commentateurs et autres observateurs ne se privent donc pas d’une petite critique agacée, maintenant que l’euphorie du début de mandat a transité vers la zone « gueule de bois », avec un constat de la situation, désastreuse, dévoilant l’ivresse démagogique de son discours électoral.
Dans le monde très opportuniste des Mmorpg, Secret World fait figure à la fois de challenger et d’iconoclaste. Alors que la majorité des titres empruntent leur thématique à l’univers de la fantasy ou de la science-fiction, le jeu de Funcom trouve son originalité en proposant une expérience de jeu dans un univers contemporain, dans des lieux existant réellement, comme par exemple la ville de Kingsmouth (enfin sans les zombies), petite bourgade américaine située dans le Maine. La storyline oppose trois factions, ou plus précisément trois sociétés secrètes : les Illuminati, les Templiers, et les Dragons.
En découvrant le jeu lors de sa sortie en juillet 2012, j’avais personnellement été particulièrement attiré par le concept novateur de proposer une expérience virtuelle dans un contexte « réaliste » (nous parlons bien du décorum et de la géographie des lieux). Par le passé, il y avait eu des projets similaires jamais réellement achevés (comme un jeu basé sur l’univers de Matrix qui semblait bien parti), ou des effets de mode très éphémères (The Second Life), mais à chaque fois, la difficulté d’associer un véritable contenu ludique avait finalement fait défaut et révélé un produit vide, l’intérêt se limitant aux premiers ébrouements et émerveillements d’une toute nouvelle réalité virtuelle. Alors, The Secret World, novateur en quoi ? Essentiellement, pour sa ligne scénaristique à la fois ambitieuse et risquée, mais également en grande partie pour ses mécanismes de jeu, à la fois bien pensés et suffisamment originaux pour s’avérer jouissifs à manipuler. Au niveau du scénario, l’histoire se basent sur trois factions qui renvoient aux différentes théories du complot et son panel de sociétés secrètes. Des groupuscules mythiques dont nous entendons régulièrement parler au détour d’un fait médiatique ou d’une théorie tarabiscotée expliquant certains faits insolites. Je me rappelle récemment d’un reportage sur la TNT, avec en mire la Statue de la Liberté, décrite comme un symbole cyniquement inversé qu’aurait placé les fameux Illuminati dans la baie de New York;. Bien entendu, les journalistes dudit programme s’ingénieront à démontrer toute l’énormité de cette théorie, en adoptant finalement le dogmatisme de ceux qui se contentent du fameux bon sens (cette fameuse alternative bourgeoise à la foi, pour reprendre le sens et le vocabulaire chers à Roland Barthes), pour anéantir toute hypothèse paranoïaque. Dommage, c’était marrant.
« – Mais ma bonne dame, si des organisations secrètes dominaient le monde, ça ferait longtemps qu’on s’en serait rendu compte.
– Sauf s’ils font bien leur boulot, Monsieur. »
Quoi qu’il en soit, la théorie du complot reste une théorie, car il faut bien avouer que des deux cotés, les preuves ne résistent jamais à l’épreuve de la vérification Et pour cause, l’interprétation est la clé de tous ces raisonnements, et il n’y a jamais rien de vraiment tangible pour véritablement attester de la réalité d’une politique secrète dominant le monde. Si c’était le cas, d’ailleurs, merci de corriger le tir, pour l’instant c’est pas grandiose comme résultat.
Avec une petite recherche googléenne, vous trouverez pas mal de sources traitant la thématique des groupes cachés et mondialement actifs, sectes, loges, chambres, et autres petits mots de vocabulaire évoquant les chuchotements et les cérémonies secrètes. Personnellement j’ai bien aimé le site « actualitedelhistoire.over-blog.com », qui traitent de certains sujets sensibles avec un propos libertaire et une volonté d’argumentation que je trouve louables (l’analyse du phénomène sociétal et du détournement de fonds publics que fut l’affaire de la grippe H1N1 me semble, par exemple, très judicieuse). La page consacrée aux Illuminati est très bien pourvue et vous permettra de vous familiariser si vous le souhaitez, à cette ambiance d’alcôve qui entoure ces théories du complot et tous leurs groupuscules de manipulateurs de masse.
The Secret World considère donc ces faits comme bien réels, et oppose trois factions, qu’on pourrait décrire comme étant guidées par des motivations complètement différentes, la domination du monde devenant la condition imposée à l’accomplissement de leurs desseins. En osant la synthèse, nous dirons donc que :
– les Illuminati : représentent les sociétés secrètes opposées au pouvoir étatique, à la démocratie, prônant un gouvernement par une élite disposant de tous les moyens intellectuels et financiers pour imposer son (ses) point(s) de vue. Leurs desseins ne sont nullement maléfiques, simplement ils se situent dans une logique assez pessimiste concernant la possibilité de la société de s’appuyer solidement sur la démocratie et les principes égalitaires pour parvenir à une certaine forme de stabilité économique et politique. Ils sont généralement opposés à toute religion, qui ne peut être qu’obscurantisme. Et ils aimes les triangles dans les logos.
– Les Templiers : la faction animée par des principes métaphysiques et spirituels, riche d’un héritage judeo-chrétien prônant des valeurs de partage et de miséricorde. S’appuyant sur un héritage culturel millénaire, sur une imagerie et une iconographie inspirante, les Templiers sont les protecteurs du temple qu’est le monde. Ils sont profondément opposés aux autres camps tout en ayant adopté un point de vue conciliant pour éviter les affres d’une rivalité affichée. Et ils détiennent la vérité, ce qui n’est pas rien dans ce monde de mensonges (à moins que…). Eux ils aiment les croix, limite du fétichisme.
– Les Dragons : le Yin et le Yang, soit une mentalité orientale beaucoup moins manichéenne qu’en occident. Poursuivant des buts secrets, ils prônent notamment la théorie du chaos d’où peut surgir le renouveau. Du moins si j’ai bien compris la scène introductive, car je n’en ai pas croisé pour l’instant beaucoup dans le jeu. En gros, s’ils vous charcutent au détour d’un champ de bataille multijoueurs, n’y voyez rien de personnel. Et je ne sais pas trop ce qu’ils aiment, utiliser le symbole du Tao fait un peu cliché maintenant, le directeur artistique de Funcom n’aurait pas osé.
Dès le début, le jeu vous propose d’intégrer l’un de ces trois groupes, et vous évoluez immédiatement dans une ville contemporaine où vous découvrez les dessous de l’histoire et on vous confie votre première zone d’affectation. Franchement, même si on peut reprocher, à l’instar de World of Warcraft et de la majorité des Mmorpg actuels, un itinéraire un poil trop scripté, la qualité de l’intrigue, de l’ambiance, et surtout des processus ludiques forcent le respect. Le jeu, à base de classiques quêtes, instances, zones pvp, etc., s’appuient sur un univers au croisement de Fringe et de X Files pour l’ambiance. Il n’est pas d’ailleurs à mettre entre toutes les mains, tant le monde proposé se révèle sombre et désespéré (heureusement que votre avatar est là pour mettre un peu d’ordre dans tout ça). Le gameplay est un peu particulier, et on est quand même bien loin d’un jeu au petits oignons comme la grosse machine de Blizzard (bien qu’avec le temps, la jouabilité ait subi une optimisation la limitant… à quelques touches). Mais certaines phases du jeu, certaines énigmes, procurent des sensations ludiques et des tremblottes émotionnelles bien trop rares ces derniers temps. Certaines quêtes se permettent des petites mises en scène bien glauques, inspirées des classiques de films d’épouvante (la maison noire reste en cela une mission bien sympathique et bien stressante). Dans le registre de l’immersion, un navigateur internet est intégré au jeu, afin d’explorer en temps réel (si cette expression possède une quelconque valeur dans un espace virtuel), les ressources à votre disposition pour trouver l’indice ou les informations nécessaires à l’accomplissement de vos buts. En pratique je me suis retrouvé, par exemple, à récemment rechercher l’alphabet en morse, pour décoder un message sonore trouvé durant une quête, ou à farfouiller le site d’Amazon à la recherche d’un ISBN, lui-même code secret conditionnant l’accès à un ordinateur possédant des ressources stratégiques. L’addition de la richesse scénaristique, de l’univers et de l’ambiance paranoïaque mis en place, de la multiplicité des challenges ludiques, et de systèmes de jeu particulièrement originaux pour ce type de jeu (par exemple, pas de progression de niveau, mais l’accumulation de compétences débloquant des archétypes) font de ce produit ludique l’un des meilleurs Mmorpg du moment.
Sortie sur le modèle d’un abonnement mensuel, les chiffres de vente bien plus bas qu’initialement envisagés, ont conduit Funcom à proposer le jeu en freeplay en fin 2012, soit à la date à laquelle j’ai pris la décision d’acquérir le jeu. Bien que l’entreprise subisse économiquement le contrecoup du relatif échec du jeu (avec un regroupement des effectifs et des licenciements à la clé), le nouveau modèle économique a boosté de près de 400% le nombre de joueurs entre fin 2012 et maintenant, assurant au jeu un tardif succès et une certaine pérennité. Renforçant cette nouvelle vitalité et transformant totalement l’essai en réussite, Funcom vient d’annoncer la sortie de l’épisode 6 dont le déploiement est prévu le dimanche 15 mars. Les premiers abonnés, devenus depuis le changement du modèle économiques des membres premiums, ont donc accès durant trois jours à partir d’aujourd’hui, à ce nouveau contenu, sous certaines réserves tarifaires si j’ai bien compris le mail de Funcom. Enfin, 10 euros pour trois jours d’attente, il y a un pas dans la geek attitude que je ne franchirai jamais.
Le trailer, commenté par le Directeur du jeu, Joel Bylos, est visible sur Youtube, et présente l’ambiance ensoleillée de cette extension, changeant des contrées morbides et des ruelles glauques auxquelles le jeu nous avait jusqu’à présent habitué (enfin j’avoue avoir à peine achevé Kingsmouth… pas prêt de l’étrenner l’épisode 6…). Vous noterez que le thème musical emprunte d’ailleurs l’envolée du thème du héros de Spielberg, une petite note en dessous (une note secrète, quoi !). Que dire également de la nouvelle arme disponible, hommage direct à Indiana Jones : le fouet. Entre la parodie et le clin d’oeil, The Secret World est un jeu qui constamment utilise la culture de nos sociétés modernes et urbaines, pour en dévoiler les plus effarantes facettes, tout en nous permettant de vivre des situations et des ambiances cultes (en faisant Kingsmouth, j’avais l’impression de relire mes vieux bouquins de Stephen King, dont le jeu contient d’ailleurs un ersatz aux initiales similaires, en la personne de Sam Krieg – espérons que King n’est pas aussi taré d’ailleurs).
A moins de 30 euros le jeu, The Secret World possède une richesse de contenu et un nombre d’heures de jeu potentielles qui rentabilise l’investissement. Si vous en avez marre de taper de l’orc ou de chevaucher du dragon, n’hésitez pas.
Donc hier soir, résultat de l’élection à bulletin secret et à fumée variable, le nouveau pape 2013 est là, et il s’appelle Jorge Bergoglio. Malgré des consonances stratégiquement latines, ce n’est pas de ce coté de l’hémisphère que nous vient ce nouveau représentant divin, mais d’Argentine, la lointaine sud-amérique.
C’est amusant comme certains artistes réalisent des oeuvres souvent prophétiques. Pas forcément que les auteurs soient soudainement dotés de capacités divinatoires, mais simplement ils parviennent dans certains cas à dépasser le voile des choses, que contribuent à renforcer les valeurs trompeuses de l’instant présent. Je pense notamment à Dan Simmons, et son périple d’Endymion, qui contait il y a déjà quelques années les calculs d’une Eglise moribonde, cherchant à survivre dans un univers de plus en plus étendu et confronté à une science dogmatique et démystifiante. Et à Nanni Moretti qui, il y a deux ans, avec son film « Habemus Papam », montrait un autre pape (formidable Michel Piccoli) s’interroger sur son nouveau rôle et surtout sa volonté de l’accepter.
Les médias, très contents de voir que la sainte Eglise veuille (enfin) accorder ses instruments communicationnels sur le vibrato de la culture du buzz permanent, ont depuis près d’un mois, commenté et relayé abondamment les rebondissements du feuilleton épiscopal. Symphoniques et presque haletants (ou vendus comme tels), les épisodes ont été marqués par des longueurs savamment calculées, des transitions habiles et bien structurées, pour parvenir à une conclusion un poil surprenante, installant un léger sentiment de nouveauté et de révolution que l’Eglise s’ingénie depuis quelques temps à mettre en œuvre. Car il ne faut pas s’y tromper, l’air de ne pas y toucher, c’est bien de la communication, humaine, poursuivant des desseins presque marketing, dont on peut percevoir les habituels rouages, et non quelques révélations divines, qui régénère une institution (religieuse) à l’image vieillissante, menacée de plus en plus fortement d’une désuétude complète.
C’est amusant de lire les actualités ce matin sur le sujet. Amusant de voir certains commentateurs de l’événement, tels des journalistes sportifs, parler de la déception d’une certaine partie des croyants italiens de constater l’élection d’un pape ne venant pas, d’une part, de leur pays, mais d’autre part, en découvrant que le recrutement s’est effectué en Amérique du sud, un autre continent, et accessoirement ancienne terre coloniale. Intéressant comme tous les observateurs s’accordent à reconnaître dans le choix des prélats de l’officine religieuse, un geste symbolique et stratégique visant à récompenser et à répondre à la fois, à une logique d’audimat et à un potentiel de marché. La plume de Pierre Gasquet sur le site des échos.fr, analyse ainsi et à raison que le nouveau pape [« reflète aussi la montée des pays émergents et l’importance croissante de l’ église d’Amérique latine qui compte déjà les deux premières communautés catholiques en termes numériques avec le Brésil et le Mexique. »]
La modernisation se poursuit d’ailleurs à petites touches, avec l’abandon de la formule préparée en latin (sauf sur Tweeter – mais bon, faut faire « cur »), la langue morte restant durablement l’ostentation d’un certain élitisme, le geste de se rattacher à un capital historique et culturel qui auparavant assurait d’une certaine légitimité. Le nouveau monde multimédiatique, avec une géographie économique et politique complètement chaotique, est en train de balayer tous ces repères sur lesquels notre perception de la réalité s’était construite. L’Eglise prépare lentement mais sûrement sa transition, et ses petites concessions à la modernité, aux dépens d’une tradition qui n’est plus assez rentable, font pour l’instant une petite pantomime dont on ne sait pas encore si elle augure d’autres choses que de simples effets d’annonce (à l’intention très phatique). Le fait que le nouveau pape choisisse un nom cassant la lignée de ces prédécesseurs, est également une décision intéressante, mais ma culture en la matière ne me permet pas d’en discerner toutes les nuances (apparemment les jésuites ont eu raison d’évangéliser les sud-américains, si je fais dans l’analyse laconique). L’Eglise a toujours été une structure éminemment politique et politisée, et les manœuvres stratégiques se dessinent sur des décennies – cette gestion du temps est d’ailleurs la marque de fabrique d’une institution faisant l’ironique promotion de l’éternité.