Je parle un peu trop souvent de politique sur ce blog, comme un expert de la matière noire, cette chose invisible et intangible qui donne des migraines au monde scientifique, mais je nourris bien des passions dont la BD. Et cette semaine j’ai appris avec une grande tristesse la mort de John Cassaday, un artiste que j’ai appris à aimer notamment sur ce que je considère comme un chef d’oeuvre du genre, Planetary avec Warren Ellis au scénario.
Je n’ai pas beaucoup de choses à dire sur l’artiste, je ne suis pas du genre à farfouiller dans la vie des gens, j’ai déjà trop de mal à vivre la mienne, donc je n’ai pas suivi le cours de la carrière de l’artiste autrement que par ses collaborations et ses oeuvres. J’ai lu un peu de sa contribution sur la série X-Men, j’ai adoré l’évolution de son style, sobre et délicat, anti-spectaculaire et en même temps d’une étonnante puissance dans la simplicité. En faisant une rapide recherche avant d’attaquer ce billet, j’ai vu une cliché de lui, apparemment jeune, et j’ai été surpris de constater à quel point il ressemblait au personnage du Batteur de Planetary. Je ne pourrais jamais signifier l’admiration que je porte à tous les artistes qui oeuvrent, c’est le juste verbe, pour nous apporter la beauté de la créativité et de l’imagination dans un monde qui se complaît dans la trivialité et une volonté farouche de ne jamais sortir de l’ornière, de l’impasse, d’un monde ancien. A chaque fois que j’apprends la mort d’un artiste, notamment dans la BD, c’est toujours avec le sentiment qu’un chaman de la Bulle nous quitte en nous laissant tous un peu orphelins.
Bye Bye John Cassaday, je ne te connaissais pas autrement que par les êtres que tu imaginais et dessinais, que par ton trait particulier qui au tout début m’avait rebuté avant que tu m’apprivoises et que tu me fasses comprendre que c’est ça aussi la beauté : ne pas forcément répondre à une attente, mais bien proposer quelque chose de nouveau, d’inattendu, pour enrichir nos désirs trop souvent rendus conformes par les modes et les lignes éditoriales qui finalement répondent autant aux idéologies dominantes que le reste.
Il me vient l’image finale de l’épisode des X-Men qui voit Kitty Pryde prisonnière d’une immense balle qui finalement ne percute pas la Terre mais la voit s’éloigner horriblement, terriblement, loin de tous et de ceux qu’elle aime. La dernière page, sublime, montre la balle et une case de dialogue qui sobrement finit la phrase entamée la page précédente avec l’adjectif « parti ». J’aurais voulu trouver cette image en ligne, je sais qu’elle dort quelque part dans le bordel qu’est ma bibliothèque, repaire de petits trésors. Toi aussi tu as décidé de partir et c’est bien triste car très égoïstement je sais que je ne peux plus que me repaître de ce que tu as déjà créé et qu’en partant si jeune, tu nous as tous privé de ton talent si particulier. C’est pas grave, va, j’espère simplement que pour des gens qui mettent de la magie et du rêve dans le coeur des autres, il y a une petite place, spéciale et douce, pour eux, à ce qui ressemble au Paradis.
Allez, une image piquée sur le site (https://them0vieblog.com/2010/04/21/astonishing-x-men-omnibus-by-joss-whedon-john-cassidy/), qui pour le coup illustre à la fois la tristesse de ton départ et démontre la réalité de mes trop courts compliments. Peut-être qu’un jour je me donnerai le temps de rendre hommage à tous les artistes que j’aime en faisant le travail de critique que j’ai mené, une fois n’est pas coutume, sous un autre pseudonyme.