Le problĂšme de l’Ă©cologie, c’est que c’est devenu un mot politique, un parti, et finalement un ensemble d’idĂ©es qui souvent s’Ă©loignent du giron initial voire philosophique, pour se perdre dans des prĂ©occupations sociales et culturelles de notre temps (l’euthanasie, par exemple, au cĆur de l’actu). Personnellement, j’ai toujours suivi et cherchĂ© Ă respecter un idĂ©al Ă©colo, basĂ© essentiellement sur le respect de mon environnement. J’ai acquis une des voitures les moins polluantes du marchĂ©, je recycle Ă tour de bras avec mes sacs spĂ©cifiques, je trie mes dĂ©chets hyper polluants comme mes piles, je ne jette jamais rien sur le sol en embouteillant mes poches de cadavres divers… en bref, je tente d’ĂȘtre un citoyen du monde moderne et civilisĂ©, conscient que les petits gestes d’aujourd’hui font les grandes riviĂšres de demain, que je souhaite les plus propres possible.
AprĂšs la phase grande parano de la fin de siĂšcle, nous sommes depuis quelques annĂ©es dans une logique de cynisme voire d’inconscience qui laisse parfois pantois. Jamais le monde n’a Ă©tĂ© aussi polluĂ©, et jamais on aura mis en avant les justifications Ă©conomiques pour dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts en jeu. Je ne parle pas des grands acteurs mondiaux, qui dĂ©montrent que l’avĂšnement Ă©conomique d’une nation ne s’accompagne pas forcĂ©ment d’une quelconque ambition morale ou Ă©cologique, avec des statisticiens jouant du chiffre pour valoriser une stratĂ©gie Ă©nergĂ©tique particuliĂšre (gaz de schiste, nuclĂ©aire, etc.), mais surtout les mĂ©dias ont leur part de responsabilitĂ© dans ce flou artistique qui rĂšgne Ă prĂ©sent sur l’Ă©tat rĂ©el de notre planĂšte. Je passe les commentaires du types « mais c’est cyclique, on a dĂ©jĂ vu ça en 1823… », ou « les scientifiques sont opposĂ©s sur la question… », Ă l’arrivĂ©e, le rĂ©sultat procure un sentiment d’inĂ©luctabilitĂ© et d’abdication. Ăa va mal, mais bon, l’homme survit Ă tout et il s’est toujours adaptĂ© Ă son environnement. Ben vi, mais bon, dans le registre des aphorismes faciles, on pourrait aussi rappeler que l’homme a toujours eu du mal Ă survivre Ă lui-mĂȘme (copyright Hobbes).
Personnellement, rĂ©duit Ă ma simple personne, je ne peux que me scandaliser rĂ©guliĂšrement sur la question, atome impuissant de la grande masse de notre vaste humanitĂ©. Encore une fois ce matin j’ai Ă©crabouillĂ© ma sucrette (je dĂ©conne, je n’utilise que du vrai sucre !), en lisant cet article du Monde.fr sur l’Ă©chouage d’une quarantaine de baleine sur une plage. Un Ă©lan suicidaire qui ne peut que faire Ă©cho Ă un prĂ©gnant sentiment de dĂ©pression sociĂ©tale que le consumĂ©risme effrĂ©nĂ© (voire nĂ©vrosĂ©) des fĂȘtes de fin d’annĂ©e ne sera pas parvenu Ă anesthĂ©sier.
Je ne peux que citer le dernier paragraphe de l’article, dont le ton involontairement cynique laisserait presque transparaitre un brin de dĂ©sabusement :
Des habitants de la rĂ©gion se sont aussitĂŽt interrogĂ©s sur un lien avec la rupture, survenue quelques jours auparavant, d’une canalisation d’Ă©vacuation vers la mer des dĂ©chets de la gigantesque usine chimique de traitement de nickel de Vale, situĂ©e Ă proximitĂ© du lieu d’Ă©chouage.
Mais bon, faut pas non plus s’affoler, hein, car en dĂ©but d’article, il est bien rappelĂ© que :
Ces baleines, appelĂ©es aussi globicĂ©phales, sont coutumiĂšres de ce genre d’Ă©chouage collectif dont les raisons demeurent mystĂ©rieuses.
C’est juste triste, et le moins marrant, c’est qu’on a mĂȘme plus droit Ă des prophĂ©ties d’apocalypse… Avant, on aurait notre petite mĂ©taphore avec les 7 plaies dâĂgypte, ou ce genre d’analogie ludique. Tout se perd, ma bonne dame… Je rappelle que vous pouvez visionner l’excellent film The Bay, de Barry Levinson qui doit ĂȘtre sorti en vidĂ©o, qui illustre parfaitement un sujet… connexe (vous fiez pas aux critiques sur le net, et merci MadMovies pour tes excellents conseils) . Pour le coup y a des responsables et des coupables, Ă dĂ©faut de justice vous aurez au moins des rĂ©ponses.