Wolverine : le combat de l’immortel ennui

Bon, j’avoue, mon titre est un poil négatif, mais j’ai l’impression ces derniers temps de ne faire que des articles sur des films adaptés de comics… Vu qu’il a été annoncé à peu près partout que nous allons être inondés de longs métrages de ce genre autrefois marginal, il y a d’une part un insidieux son de machine à jackpot qui me tilte aux oreilles, et d’autre part une forme de désenchantement en voyant les icônes papiers perdre leur âme sur l’autel du grand public.

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Le film de Super-héros ou la grosse pétarade

Il y a quelques semaines, je suis allé voir le Superman de Zack Snyder, et j’en suis ressorti paradoxalement assez dubitatif, malgré la qualité évidente du film et surtout la finesse du traitement réservé à l’icône super-héroïque. « Bigger and louder », c’est à peu près ce que je constate maintenant en me rendant dans les salles obscures, même si je ne peux échapper à cette tendance au vu des productions qui accaparent mon budget ciné… M’interrogeant récemment sur ma tendance à ne voir que des blockbusters hollywoodiens, une petite introspection rapide sur le sujet m’a surtout révélé une segmentation de ma consommation cinématographique par rapport aux différents médiums à ma disposition. Si je reste éclectique dans mes goûts, à l’évidence des films à gros budgets induisant un caractère spectaculaire ont peu de chance de révéler tout leur potentiel sur ma TV Led, tandis qu’un film intimiste, visionné dans le confort douillet de mon foyer, en tout intimité donc (cohésion thématique), y trouvera le support idéal, surtout au vu des progrès foudroyants liés à l’avènement du numérique.

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Pacific Rim : Del Toro toujours sur la brèche !

Il y a des cinéastes qui s’installent avec le temps parmi les valeurs sûres ; l’espagnol Guillermo Del Toro est ainsi devenu au fil de quelques films une figure marquante du grand écran, avec des œuvres populaires et fortes comme les deux Hellboy ou le fameux Labyrinthe de Pan. Suivant depuis quelques mois les avancées de la production de Pacific Rim, j’étais tout de même curieux de voir le résultat d’un genre qui, l’air de rien, semblait complètement casse-gueule, soit le combat entre des monstres titanesques et des robots géants.

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Odysseus : une série mythique

Ce soir sur Arte, fin de la série initiée par Frédéric Azéma, qui s’est révélée, au fil des épisodes, de plus en plus palpitante. J’invite les amateurs potentiels à découvrir un excellent article de Benjamin Nilset (Pourquoi faut-il regarder la nouvelle série d’Arte, Odysseus), sur le site de l’express.fr, qui résume avec précision et justesse les avantages et défauts de la série. Personnellement, je ne partage pas les reproches faits sur la reproduction/représentation de la mythique Ithaque, car au contraire je trouve le résultat foncièrement réaliste. Beaucoup oublie que le concept de foule et de surpopulation urbaine est essentiellement moderne, et pour un petit royaume insulaire, la représentation très intimiste du palais, me semble assez fidèle à ce que pouvait être ce type de petite aristocratie isolée. À l’arrivée, le résultat se permet en outre de flirter avec la thématique de la tragédie grecque, en nous offrant un spectacle à la croisée du feuilleton et de la pièce théâtrale.

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Dark Skies et The Bay : une belle et horrible journée

La fête du cinéma c’est bien, surtout quand cela me donne l’occasion de voir deux films d’horreur/épouvante d’affilée sans avoir à me ruiner. En ayant surtout comme ambition d’aller voir le film de Barry Levinson dont les bons échos n’ont cessé de me titiller l’oreille, j’ai décidé de faire un petit combo en matant Dark Skies dans la foulée. Dark Skies et The Bay pour 7 € en cinémascope, soit 3 heures d’épouvante et de grandes sensations, c’était comme pour me racheter d’avoir rater le récent remake d’Evil Dead !

En lisant quelques critiques en diagonale, histoire de ne pas trop me déflorer une intrigue qui tient en ses suspenses divers le vrai plaisir du film, j’avais cru voir des références à Sinister tant en terme de thématique que de traitement. N’ayant pas vu ce film, mais me rappelant les similitudes faites avec Insidious (vous me suivez ? en résumé, ça donne Dark Skies > fait penser à Sinister > qui fait penser à Insidious = Dark Skies > Insidious), j’attendais donc une histoire d’home invasion, avec des petits relents fantastiques ou mystiques. Et rien ne me surprit malheureusement la rétine, avec un cahier des charges très propre et très archétypal, livrant un produit calibré et tristement prévisible. Le pire étant malgré tout une paradoxale absence de tension. Le harcèlement alien repose en grande partie sur une pression sociale qui est peut être la véritable bonne idée du métrage, mais qui est un ressort inattendu voire incongru dans ce type de production. La caractérisation, la mise en situation qui fait écho au profond sentiment de crise qui secoue les vieilles sociétés occidentalisées, sont autant de choix scénaristiques qui à la fin consternent ; si l’idée est de mettre en parallèle la menace extraterrestre avec la montée des pays asiatiques, il serait même possible de discerner une forme de xénophobie primaire, mais gageons que le réalisateur et les scénaristes n’aient pas volontairement voulu aller jusque là.

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Star Trek : un revival référentiel

J’ai écrit un petit hommage récemment suite à la disparition du génial Richard Matheson, et lorsque j’évoquais l’impact et la notoriété d’une série comme « the Twilight Zone » (la Quatrième dimension chez nous, à ne pas confondre avec des sectes communautaires adorant des vampires phosphorescents), il y a tout un pan du paysage audiovisuel fantastique qui m’est revenu à l’esprit. Ah, l’époque de Temps X, des frères Bogdanoff, les séries japonaises sur fond de SF (Goldorak, Albator, SanKuKai, Capitaine Flam, Ulysse 31, etc.), et de bonnes vieilles séries américaines comme Cosmos 1999, Galactica, ou encore Star Trek…

À l’instar d’une série comme « The Twilight Zone », le principe de chaque épisode reposait sur un bon gros twist qui bouleversait à un moment donné l’intrigue en cours. Et on pouvait compter sur les figures pérennes qui participaient à l’action chaque semaine, soit le capitaine Kirk en figure masculine sur-testostéronisée (dès qu’il parlait, on avait presque l’impression qu’il allait finir par frapper son interlocuteur à la fin de son élocution… ce qui arrivait souvent), le vulcain Spock avec ses oreilles d’elfe et son tempérament introverti et son intellect ultra rationnel, Mac Coy le médecin bibinard ronchon, « Beam Up » Scotty, et le trio des co-pilotes en chef, Uhura, Zulu et Tchekov. L’air de rien, Star Trek manifestait sa différence avec cette fine équipe qui composait une petite famille trans-raciale, toujours solidaire, vertueuse et efficace. Chacun connaissait son rôle, et l’exécutait avec une précision quasi-mécanique, le seul souci, finalement, étant la personnalité tumultueuse et passionnée de leur capitaine, accro au danger, à la nouveauté, et aux donzelles légèrement vêtues qui parsèment, semble-t-il, toutes les galaxies environnantes.

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Richard Matheson, un maître du fantastique s’est éteint

On sent le couperet tranchant du temps en se rendant subitement compte que nos références sont subitement incompréhensibles ou totalement inconnues pour nos interlocuteurs. Un excellent exemple en est sûrement la série mythique « The Twilight Zone », mieux connue chez nous par le titre « La quatrième dimension » (et son reboot des années 80 sera opportunément incrémenté chez nous d’une dimension lors de sa diffusion sur la défunte cinquième chaîne). Cette série évoque une époque transitoire, durant laquelle la foi en la science ne peut se détacher d’une certaine forme de fantastique voire de mysticisme. Paradoxe temporel, intervention extraterrestre, force du destin, ironie du sort, sont autant d’événements et de phénomènes qui font basculer soudainement le récit, généralement à la fin de l’histoire. Cet exercice du twist, comme s’y adonneront par la suite de nombreux cinéastes faisant reposer toute une intrigue sur ce type de levier narratif, a permis à de nombreux scénaristes de se faire un nom au panthéon des créatifs hollywoodiens, et Richard Matheson s’est révélé un auteur à la fois particulièrement inspiré, et surtout incroyablement inspirant.

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Before WATCHMEN : boucle bouclée

before watchmen

Il y a près de vingt ans maintenant, la série Watchmen de Dave Gibbons et Alan Moore donnait ses lettres de noblesse aux comics, genre de BD quelque peu décriée pour ses abus de collants et de super pouvoirs, antagonistes pour beaucoup à une certaine prétention littéraire et artistique. Watchmen, le temps d’un arc à la fois trépidant et iconoclaste, dépeignait une réalité alternative dans lesquelles les super héros étaient dépeints de manière très réalistes, dans un monde impitoyable et névrosé, proche de celui que connaissait l’essentiel du monde occidental au début des années 80. Soit une psychose constante de la guerre atomique, avec la rivalité de plus en plus affichée des deux grandes super puissances de l’époque, soit les États-Unis et l’URSS.

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Iron Man 3 : distorsion temporelle

dessin humoristique d'arcticdreamer.fr sur le film IronMan 3
note : réédition du volume 1 de la compilation des aventures de l’homme de fer, chez panini comics ce mois-ci, avec les tous premiers épisodes.

Hier, petite virée familiale pour aller voir Iron Man 3 de Shane Black, avec le toujours sémillant Robert Downey Junior. Constat toujours positif, en exceptant bien sûr ma petite culture du comic original, qui m’a habitué à une toute autre version de Tony Stark. Il y a eu, de film en film, de plus en plus prononcé, un glissement du personnage de Stark vers l’acteur qui tient le rôle, comme si on assistait à une forme de cannibalisme symbolique, le vivant consumant l’inanimé. À l’arrivée, la prestation de R. Downey Jr est complètement jubilatoire, avec une incarnation du bobo quadra complètement névrosé et dépassé par les événements. La volonté est à l’évidence à l’iconoclastie avec la destruction systématique de toutes les postures héroïques tentées tout au long du métrage. Le syndrôme de l’anti-héros à la spiderman a ainsi contaminé le cousin Iron Man… Le spectacle devient ainsi « familial » et le  principal protagoniste gagne en sympathie, mais je regrette, bien égoïstement, que le troisième opus du vengeur doré soit à l’arrivée une suite de trahisons et de reniements scénaristiques… Le rachat de Marvel par Disney se fait implacablement sentir dans le spectacle grand public qu’il m’a été donné de voir, même s’il se permet une sorte de bluff et d’insolence qui cède, très rapidement, à un traitement plutôt inoffensif de certaines thématiques contemporaines (terrorisme, corruption politique, manipulations médiatiques, etc.). Film en forme de reflet de son époque, Iron man 3 semble parfois une version Hi-tech du film héroïque, avec en héroïne discrète et omniprésente, la technologie mobile. Évitant l’opposition pourtant classique entre l’homme et la machine (cf le film Oblivion dont vous pourrez relire l’article récent en cliquant ici), l’armure est dans ce film réduite au simple rôle de gadget, plus ou moins fonctionnel. À l’instar de l’usager lambda, Tony Stark affronte tout au long du film des problèmes de réseaux, de configuration, de réglages, et finit d’ailleurs par se retrouver désemparé tandis que son pire ennemi le menace tandis qu’il est dépouillé, littéralement, de tous ses gadgets. Catalogue des modes technologiques actuelles, les drones en tête, Iron Man est en fait quasiment absent la grande majorité du métrage, n’apparaissant jamais dans sa pleine intégrité, ne jouant finalement pas son rôle messianique, et multipliant les gaffes plus ou moins graves. L’icône super-héroïque et les références à la chevalerie en prennent donc un sacré coup, réduites à des constats désabusés et cyniques des petits ratages de la technologie moderne, qui nous promet toujours le paradis entre trois bugs logiciels ou quatre déconnexions faute de réseau.

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La géopolitique sauce World of Warcraft

Le premier mai, je m’adonnais bassement au pvp dans le jeu World of Warcraft, lorsque j’arrivais dans un « Bataille pour Gilnéas » bien mal en point… mais j’eus l’intense plaisir d’assister à un travail de commentateurs que n’aurait pas renié le duo Larqué/Roland, ou le binôme de vieux râleurs du Muppet Show. Pour les néophytes, et je sais qu’il y en aura, j’ai placé les dialogues initiaux à gauche, et la traduction à droite. Belle analyse de la situation, mais à la toute fin de la rencontre, un expert va briser inopinément, d’une seule sentence, le phénoménal travail de ces deux analystes, apparemment pas aussi informés qu’ils le pensaient. Une tentative d’explication des événements à la croisée de l’économie, de la sociologie et de la géopolitique.

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