Un grand sociologue français vient de nous quitter, et mĂȘme si en permanence il Ă©tait automatiquement opposĂ© Ă Pierre Bourdieu, sa mĂ©thodologie Ă©tait quelque part complĂ©mentaire Ă celle de son rival. L’individualisme mĂ©thodologique, rattachĂ© au libĂ©ralisme par l’importance donnĂ©e aux choix personnels de l’individu face et dans la sociĂ©tĂ©, Ă©tait en cela une dĂ©claration optimiste quant Ă la capacitĂ© de chacun Ă forger son destin. Dans notre sociĂ©tĂ© française, sclĂ©rosĂ©e par les rĂ©flexes attentistes qui place lâĂtat en sauveur de l’Ă©conomie, la mĂ©thodologie de Raymond Boudon faisait la promotion d’une volontĂ© situĂ©e Ă l’unitĂ©, en prenant toute la dimension des impacts de toutes ces individualitĂ©s sur la totalitĂ©. Alors, en France, l’immobilisme est-il le fait d’habitus tenant d’un traumatisme psychologique et culturel ? Ou la nĂ©gation des capacitĂ©s que recĂšlent notre Ă©conomie, nos compĂ©tences, et nos savoir-faire, rĂ©duits dans l’Ă©quation Ă un simple constat d’obsolescence ? La vĂ©ritĂ©, si elle existe, balance sĂ»rement entre ces deux pĂŽles, et lâĆuvre de Raymond Boudon en devient toujours et encore une nĂ©cessitĂ© et une source d’inspiration (comme nombre de « sociologies », saines et citoyennes disciplines, phagocytĂ©es et pillĂ©es trop souvent par un marketing opportuniste).