Ce soir, jeudi 28 mars 2013, notre président, François Hollande, va s’exprimer sur France 2. Une intervention stratégique tandis que le pays connaît une des périodes les plus déprimantes au point de vue tant économique que politique. L’incapacité à changer, les difficultés à moderniser un pays qui tente de survivre en conservant au maximum ses vieilles et inadaptées habitudes, font que le débat se déplace encore sur un homme plutôt que sur un peuple. Ce matin, beaucoup de sites font l’écho de la baisse de confiance des français envers François Hollande, comme s’il était le messie sauveur qui détenait les clés de toutes les solutions envisageables. Cette manière de penser est pour le moins démonstrative d’une vision des choses ancrée dans une forme d’habitus sociétal, qui n’a jamais vraiment adopté des réflexes réellement démocratiques. « On a besoin de pain, mais que fait le roi ? » Je n’irai pas m’étendre sur les analyses freudiennes avec la bonne vieille métaphore du père, mais les médias réduisent souvent le débat à cette question hors-jeu : mais que fait le patron ?
Le président de la république est en soi vu comme un leader, pour utiliser une image un poil commerciale et putassière, le « big boss ». A la vérité, c’est davantage le rôle d’arbitre qu’il tient que celui d’ultime décisionnaire. Et ces derniers temps, à force de coups de sifflets et de changement des règles, les joueurs ne semblent pas vouloir reprendre la partie. Le chômage est à son niveau maximal, et surtout, les perspectives économiques sont en complet standby. Hollande paie certainement pour ses promesses extatiques, intenables, faites au cours de sa campagne, et qui ont répondu aux attentes de pérennité d’une partie des français. Mais face à la montée implacable des dragons d’Asie, et nos difficultés à exploiter une avancée culturelle indéniable, il est certainement primordial de s’interroger sur notre manière de pensée, d’agir qui, quoi qu’on en fasse ou dise, suppose un certain attentisme.
Plus qu’un homme, c’est un système qui est en difficulté, et une remise en question ne peut se faire de manière efficace en se limitant à critiquer le sommet de l’édifice. Ce sont les racines qui font la bonne santé de l’arbre, et en bons jardiniers, nous aurons beau étêter en espérant une amélioration, ce n’est qu’en pensant et agissant en profondeur que nous pourrons relever tous les défis sociétaux de ce jeune siècle. Personnellement, je ne partage pas l’opinion des pythies diverses qui critiquent la vieille Europe en évoquant des rumeurs d’apocalypse. Nous avons, en France, comme dans le reste de l’Europe, une richesse culturelle et humaine qui permet les plus beaux et les plus réalistes espoirs. Comme disait Hessel, indignez-vous, mais surtout, n’attendez pas qu’on agisse à votre place… dans un monde de libéralisme économique, il ne faut pas trop attendre de la philanthropie ou d’un quelconque miracle économique. Par contre, penser ensemble, penser demain, se rendre compte de nos forces et de nos faiblesses, avec réalisme et courage… voila une manière de voir qui fait de chacun les acteurs de la réussite que nous souhaitons tous.
Nous avons vécu non pas au-dessus de nos moyens, mais simplement en laissant les rênes à des personnes qui n’avaient pas la déontologie ou l’envie de répondre aux attentes de ceux dont ils devaient, logiquement, défendre les intérêts. Et nous avons sûrement laissé choisir et réfléchir à notre place. Il faut que nous retrouvions le chemin de la responsabilité et de l’implication, notamment au sein de l’immense cité que représente le « nouveau » monde numérique.
En lisant cet article, ce matin, sur lci.fr, j’ai été épouvanté par les analyses de certains spécialistes de la communication, surtout lorsque est évoquée la prédominance de la gestuelle sur le contenu. Monde d’illusions, les tours de passe passe ne sont pas de la magie, leur unique vocation est de faire rêver. Maintenant, il faut se réveiller et agir, et ne pas envisager la politique seulement comme de la prestidigitation de haute voltige, visant à nous faire croire que dans le chapeau se cache un lapin bien gras, alors qu’en vérité, il est désespérément vide.