Aujourd’hui, un petit buzz ou un retournement stratĂ©gique, au choix, dont la marque Carambar profite aux dĂ©pens des blogueurs, vu sur le site du point.fr. Le fond de l’histoire : l’annonce de la fin de la blague Carambar, cĂ©lĂšbre pour ĂȘtre parfois d’une nullitĂ© tellement profonde qu’elle en devient dĂ©sopilante (me rappelle d’ailleurs d’un vieux Joystick qui avait parsemĂ© ses pages Ă©ditoriales de fausses blagues Carambar pas drĂŽles du tout, devenant du coup, par un effet retors, hilarantes), remplacĂ©e par des petits quizz style papillote de NoĂ«l.
D’un point de vue pro, on pourrait s’exclamer devant tant de maestria Ă manipuler l’intelligentsia du web, mais en mĂȘme temps, on observera une petite rĂ©serve concernant le retour de traitement rĂ©servĂ© par ces mĂȘmes acteurs, dont la bonne foi et l’intĂ©gritĂ© sont complĂštement mĂ©prisĂ©es. Ils doivent, pour le coup, avoir un sacrĂ© sens de l’humour pour digĂ©rer la bonne blague, qui l’air de rien, fait son gag de leur manque de discernement. Des analystes s’accordent d’ailleurs Ă souligner que les blogueurs ne sont pas des journalistes ; c’est leur faute, Ă eux de vĂ©rifier l’info ! Ben tiens. Mais d’un autre cotĂ©, aucun commentaire sur la maniĂšre dont la fameuse info leur est parvenu, soit via un matĂ©riel (un kit) fourni directement par la marque ou l’agence de com’ missionnĂ©e par la marque (pas de prĂ©cision Ă ce sujet, mais je pencherai pour la seconde solution). Je sais pas vous, mais moi une marque me dit quelque chose « officiellement », via une agence accrĂ©ditĂ©e, j’aurais tendance Ă la croire. Ben en fait non, il faut Ă prĂ©sent se mĂ©fier de tout et de tout le monde, solliciter son rĂ©seau d’information, croiser et recroiser l’information avant de la diffuser. Le plus Ă©conomique Ă©tant Ă l’avenir de discrĂ©diter la marque carrĂ©ment, ou lui envoyer une version de Pierre et le Loup, histoire de faire passer un message Ă©ducatif. Personnellement, je me demande comment ça s’est passĂ© en coulisses. Je vois bien le responsable de com’ de Carambar tomber sur les pĂ©titions contre le quizz et les autres signaux de mĂ©contentement qui ont suivi l’annonce. Car le buzz c’est bien, mais les valeurs de la marque et la marque elle-mĂȘme ont Ă©tĂ© un peu Ă©branlĂ©es par tout ça. Normal qu’ils n’attendent pas le premier avril pour vendre la mĂšche qui est dĂ©jĂ bien consumĂ©, le pĂ©tard risquant finalement d’exploser Ă la face du farceur.
A l’arrivĂ©e, ça tourne au dĂ©bat sur l’information en ligne : l’agence de pub s’auto-congratule de la manipulation (en camouflant la perte totale du contrĂŽle de l’opĂ©ration ?), en se justifiant du fait que l’information n’a jamais Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©e et donc que la faute, s’il y a, repose sur le manque de dĂ©ontologie des prĂ©tendus journalistes (comme si ĂȘtre un blogueur signifiait se penser journaliste). Des conseillers en communication enfoncent des portes ouvertes, que les mĂ©dias d’info s’empressent de propager pour justifier et valoriser leur propre business, en disqualifiant les diaboliques blogueurs. Hors sujet ? Il faut se mĂ©fier des gardiens du temple qui condamnent l’amateurisme sacrilĂšge, en oubliant que les plus gros canulars journalistiques ont toujours provenu des fameux grands mĂ©dias de l’information eux-mĂȘmes. AprĂšs, l’information reste toujours une information, et il convient toujours de la vĂ©rifier. Je ne me rappelle pas autant d’exigence avec le pingouin de Carla, automatiquement proclamĂ© mĂ©taphore-satyre de notre cher prĂ©sident. Beaucoup n’ont pas attendus les explications de Carla pour relayer l’info et assurer un week-end d’info un peu morose.
Blogueurs, dindons de la farce Carambar ? Il faut espĂ©rer que la marque saura amadouer comme il faut les leaders d’opinion dont ils ont reconnu paradoxalement l’influence (au vu du « succĂšs » de l’opĂ©ration), au risque de se voir boycottĂ©e ou pire moquĂ©e. Rira bien qui rira le dernier, il n’est tout de mĂȘme pas trop conseillĂ© de scier la branche virtuelle sur laquelle on veut s’asseoir.