Comme il était prévisible, Google suscite des réactions de plus en plus forte concernant les possibles atteintes à la vie privée, que ses services provoquent inévitablement. Le débat a toujours été, depuis les débuts de l’informatique familiale, de réaliser le meilleur compromis entre le confort, la facilité d’utilisation de l’usager et le maintien d’une certaine zone de confidentialité. L’exercice, depuis les débuts des cookies, ces fameux fichiers texte permettant d’assurer une forme d’historique de navigation, ou simplement depuis la réussite du modèle Windows, s’avère de plus en plus contraire à la philosophie de transparence totale du web.
A cela s’ajoute régulièrement une petite réflexion sur la démocratie, la liberté, le net étant devenu une sorte de jungle d’idéalisme, qui confond la capacité à faire avec le droit de faire. De fait, le rapport avec la loi n’est plus dans la prévention, mais bien dans la provocation. Tant qu’une procédure légale n’a pas été lancée, les abus s’autorisent quelques multiplications des cas, en faisant de l’impunité une paradoxale jurisprudence.
A mon sens, à l’avenir, le débat sur les droits intellectuels, et plus généralement, les droits inhérents au respect de la personne, nécessiteront une réelle prise en charge par les autorités étatiques, de par le monde. Il est juste amusant, lorsque cela concerne l’Europe, d’assister une nouvelle fois à l’exercice insidieux du bashing. Tel cet extrait du Daily Telegraph, vu dans cet article de presseurop, qui commente tranquillement sur le peu d’intérêt que présente finalement le marché européen face à celui d’une Amérique, providentiellement libérale. Et d’augurer un potentiel retrait de l’acteur majeur du net sur le territoire européen. Ben voyons.
Nier la potentialité et l’importance d’un marché comme l’Europe est d’une insondable arrogance. Mais c’est préciser le peu d’identité que l’Europe suscite chez les pays concernés. Il y a, en effet, une impossibilité à parvenir à la fameuse union dont les communicants nous avaient narrer l’idéal futur, il y a plus de vingt ans. L’Europe sans frontière, cette terre d’égalité sociale, n’a jamais vu le jour, pour céder la place à une libre circulation des flux monétaires, profitant de tous les subterfuges pour augmenter les marges de bénéfice. Pour le simple consommateur lambda, pour le simple citoyen d’une nation, l’effort européen n’est rien d’autre qu’une mascarade administrative à grande échelle. C’est en cela que l’Europe témoigne de son plus grand échec : à son existence plus que relative aux yeux des peuples la constituant. Et on arrive à ce type d’article, qui s’amuse sans craindre une quelconque réprésaille, du déclin de l’ancien empire face à l’apogée du nouveau monde (américain ou asiatique, au choix).
La menace est récurrente, Depardieu l’a récemment mise à exécution : celui du départ, du boycott, de la fin de transaction. Mais notre grand acteur courroucé n’illustre qu’un amalgame providentiel ; je vois mal certaines grandes structures de la distribution faire une croix sur un marché de près de 500 millions de personne. Itou pour Google, qui par un effet domino, perdrait toute prégnance sur le vieux continent en laissant le chemin libre à certains concurrents.
Quand la France défend les tibétains, la Chine s’insurge, et la France s’excuse. Il serait grand temps de retrouver un peu de fierté continentale, pour éviter les dérives politiques et autre analyse géopolitique qui témoigne seulement du chauvinisme de leurs auteurs, et plus singulièrement de leur incapacité à prendre la réelle mesure du monde économique réel. Si, comme le suggère l’auteur du Daily Telegraph, les actes d’une société provoquent son éviction et un monopole, c’est que son concurrent aura lui respecté les règles – le coupable en la question, ne sera pas l’autorité qui aura fait respecter les lois, mais bien l’acteur qui aura estimé que pour une quelconque question économique ou culturelle, ses pratiques commerciales lui procuraient une forme d’immunité. Le web est plus que jamais une sorte de fa west virtuel, où en permanence, certains tentent de dessiner les frontières qui l’arrangent le mieux, souvent en empiétant ou en spoliant le territoire des voisins. En cherchant à défendre nos droits, les institutions européennes agissent dans un tentative de régulation, qui est absolument nécessaire et qui ne pourra que profiter au consommateur.