Mort d’Hubert Mounier

Rien Ă  dire, sinon que L’Affaire Louis Trio Ă©tait un repĂšre joyeux et gai dans ma vie d’adolescent depuis longtemps rĂ©volue (quoique…).

J’ai immĂ©diatement pensĂ© Ă  cette chanson magnifique, « Loin » qui a marquĂ© mon entrĂ©e dans l’Ăąge adulte et les premiers regrets amoureux.

Repose en paix Hubert Mounier, la beautĂ© de ton art resplendira toujours dans ta voix si belle et Ă©mouvante… dont ces vidĂ©os font dĂšs Ă  prĂ©sent le nostalgique Ă©cho.

Christopher Lee n’est plus…

Bien triste nouvelle, Ă  l’instant dĂ©couverte sur le monde.fr… Christopher Lee vient de dĂ©cĂ©der, Ă  l’Ăąge vĂ©nĂ©rable, mais pas excusable, de 93 ans.

Une icĂŽne, un acteur magistral, un homme fonciĂšrement Ă©lĂ©gant et intelligent… Nous reste sa filmographie dantesque et ses rĂŽles tonitruants (Dracula, L’homme aux pistolets d’Or, Saruman, le comte Dooku, etc.). Avec sa stature imposante son regard perçant, et son physique Ă©maciĂ©, il a incarnĂ© le prototype de l’homme sagace et souvent sournois (si vous avez l’air trop intelligent, dĂ©solĂ© pour vous, mais vous risquez le mĂȘme et terrible prĂ©jugĂ©). Surtout, il avait une incroyable humilitĂ© qui l’a fait jouer dans des films parfois limites que la grande majoritĂ© des acteurs refuseraient. Il a souvent fait le choix contraire, et il en est Ă  prĂ©sent rĂ©vĂ©rĂ©.

Une scĂšne avec Peter Cushing, pour le plaisir :

Kung Fury : 30 minutes de bonheur décomplexé

Un vrai rĂ©gal que ce petit film concoctĂ© par Adam Sandberg, rĂ©fĂ©rentiel en diable avec en leitmotiv tous les petits travers filmiques et scĂ©naristiques en cours dans les productions cinĂ© des annĂ©es 80. Nous ne sommes mĂȘme plus au stade de l’Easter Egg, tant chaque image, chaque scĂšne, regorge de clins d’Ɠil Ă  des productions ludiques ou cinĂ©matographiques/tĂ©lĂ©visuelles de l’Ă©poque.

FinancĂ© en partie grĂące au Crowfunding, le budget de ce petit bijou dĂ©calĂ© d’un montant final aux alentours de 630 000 $ semble dĂ©risoire au vu de certains blockbusters hollywoodiens qui peinent Ă  parvenir Ă  une mĂȘme efficacitĂ© ! Apparemment, A. Sandberg aurait dĂ©veloppĂ© tout un merchandising autour de son joyau foutraque, et vous trouverez davantage de dĂ©tails dans cet excellent article sur Clubic !

Personnellement, mon fils a dĂ©jĂ  projetĂ© de m’offrir, pour l’imminente fĂȘte des pĂšres, le jeu dispo sur Steam pour la somme effroyable d’1,99 € (soit un euro de plus que le budget prĂ©vu).

Mad Max Fury Road : vous avez dit grandiose ?

 

Je suis un vieux fan de la trilogie Mad Max, de ceux qui encore maintenant se retapent dĂšs qu’ils le peuvent le second opus, un pur chef d’Ɠuvre qui a marquĂ© son Ă©poque et influencĂ© une tripotĂ©e d’autres auteurs/crĂ©ateurs. Alors oui, c’est comme pour Sergio Leone, il y aura toujours des jusqu’au-boutistes qui pinailleront en arguant de petits bĂ©mols qui sont gĂ©nĂ©ralement le fruit d’une subjectivitĂ© mal identifiĂ©e (comment ça, moi-je ?). Un peu comme Mad Max Fury Road, tout n’est pas parfait, et pour cause, ça ne l’est jamais (Once upon a time in the West, peut-ĂȘtre ?)… et on s’en fout, non ? Hier soir, j’ai pris une super claque, en matant un film tout simplement grandiose.

Je pourrais faire l’audit de toutes les qualitĂ©s esthĂ©tiques du film, mais finalement c’est peut-ĂȘtre son seul dĂ©faut. À force d’esthĂ©tisation et de design, on arrive un peu Ă  une ambiance de type jeu vidĂ©o. Tout est sale, mais magnifiquement sale. Le dĂ©sert est sablonneux et aride Ă  souhait, mais toujours photogĂ©nique et bordĂ©liquement bien rangĂ© (j’oximorise si je veux… et j’hapaxe si je veux aussi… et je barbarise si ça me prend… je vous embĂȘte avec vos libertĂ©s personnelles, moi ?). C’est beau, la rĂ©tine en prend pour son grade (mode gĂ©nĂ©ral des armĂ©es), et il y a constamment des trouvailles qui dĂ©montrent que notre ami Miller n’a rien perdu de son inspiration, au contraire. Il en a sous le capot, le gĂ©niteur de notre ami Babe le cochon ! Mention spĂ©ciale Ă  l’orchestre ambulant qui dĂ©ambule au grĂ© de la chevauchĂ©e sauvage initiĂ©e par Immortan Joe, lancĂ© aux trousses de l’Imperator Furiosa. C’est rĂ©ellement magnifique, bourrĂ© d’idĂ©es… mais un poil trop propre peut-ĂȘtre, et en cela Mad Max 2 restera Ă©ternellement plus sauvage et transgressif que le bruyant mais un brin (ca)racoleur Fury Road.

Bon, aprĂšs faut pas non plus dĂ©conner, c’est du grand cinĂ©ma. En tant que spectateur, je suis devenu une petite boule de flipper frĂ©nĂ©tique, subissant les impulsions sauvages d’une narration sans temps morts. J’exagĂšre Ă  peine, les quelques et brĂšves scĂšnes d’exposition ou transition ne sont que de petits oasis avant un Ă©norme tour de grand huit. Je me rappelle pĂ©niblement certains films oĂč la frĂ©nĂ©sie d’images laissaient Ă  la fois dubitatifs et presque nausĂ©eux (Avengers 2 ?)… C’est tout Ă  fait loin d’ĂȘtre le cas de Mad Max Fury Road qui enquille ses sĂ©quences avec une belle virtuositĂ©, sans sombrer dans la pĂ©tarade grottesque ou d’intenses et inutiles sĂ©quences de destruction massive (ce qui devient le passage obligĂ© des productions hollywoodiennes depuis quelques annĂ©es).

Au niveau de l’intrigue, j’ai l’impression que Fury Road est effectivement davantage un reboot qu’une suite. J’aurais mĂȘme envie de dire qu’on est pas loin du remake du second opus de la prĂ©cĂ©dente trilogie, tant certaines thĂ©matiques et intrigues sont rĂ©actualisĂ©es. RĂ©demption/changement de bord pour le sidekick ; chevauchĂ©e sauvage dans les deux rĂ©cits, avec des ressorts similaires (faux convoi destinĂ© Ă  tromper et dĂ©cimer l’ennemi pour le film avec Gibson, et changement de plan permettant de tromper et dĂ©cimer l’ennemi dans le second) ; enfin, phase nihilisme/obsession/rĂ©demption/vengeance pour notre Max Rockatansky qui semble tout juste sorti du drame vĂ©cu dans le 1er Mad de la premiĂšre Trilogie, qui conditionne toute la psychologie de hĂ©ros (et son titre). C’est d’ailleurs amusant comme le Fury Road fait un pont avec le prĂ©cĂ©dent opus, en n’explicitant jamais les raisons des visions psychotiques de Max / Tom Hardy. Les vieux de la vieille sont dans la confidence, tandis que les nouveaux spectateurs, loin d’ĂȘtre stupides (Miller fait donc le pari contraire Ă  la majoritĂ© des producteurs hollywoodiens qui insistent gĂ©nĂ©ralement trĂšs lourdement en Ă©vitant toute ellipse narrative et en forçant le trait Ă  l’aide de procĂ©dĂ©s type image sepia/moirĂ©e/sous-titrĂ©e « ten years ago »), doivent malgrĂ© tout postuler sur les raisons ayant poussĂ© Max Ă  toujours fuir des fantĂŽmes qui n’en finissent pas de le hanter.

Alors, Tom Hardy dans le rĂŽle de Max ? Personnellement, j’ai adorĂ©, et il n’y aucune comparaison avec la prestation dĂ©jĂ  magistrale de notre bon vieux Mel Gibson. Le Max de Mel Ă©tait sauvage, Ă  fleur de peau, quelque part Ă  la fois fragile et incorruptible. Le Max d’Hardy est davantage animal, massif, presque ahuri. Mais justement, l’acteur nous offre un personnage complĂštement diffĂ©rent, plausible, et sympathique.

Charlize Theron ? Comme d’hab, ai-je envie de dire… Elle capture l’objectif, et s’accapare les moments Ă©mouvants et grandioses (la dĂ©couverte du destin de la terre verte…). VĂ©ritablement, Charlize Theron est certainement la plus grande actrice de sa gĂ©nĂ©ration, ce qui n’Ă©tait pas gagnĂ© avec son physique de mannequin peroxydĂ©.

Nicholas Hoult nous offre enfin un rĂŽle vĂ©ritablement consistant en terme d’interprĂ©tation (pas que je l’aime pas en bleu dans la saga x-men, mais retrousser les babines n’est pas non plus ce que j’attends d’un acteur… et puis au passage, vous vous ĂȘtes pas marrĂ©, vous, quand vous avez vu sa premiĂšre version du Fauve ?). Que ce soit dans Warm Bodies ou Jack et l’abricot magique (oui, ce n’est pas un haricot, arrĂȘtez de croire tout ce que vous lisez sur des blogs comme le mien, y a que des nĂ©vrosĂ©s qui sont capables d’Ă©crire autant d’inepties en se prenant au sĂ©rieux), il convainquait, certes, mais n’Ă©mouvait pas. Miller lui offre un rĂŽle casse-gueule par excellence, et au contraire, il rĂ©vĂšle toute la palette d’un acteur qui l’air de rien, est en train de rĂ©aliser une belle et jeune carriĂšre (maintenant que nous sommes convaincus qu’il n’a pas besoin de prothĂšses faciales, quoi !).

Pour le reste, bah, je ne vous dĂ©florerai pas l’intrigue. Ah si, je me suis marrĂ© en pensant Ă  certaines critiques concernant le pseudo-fĂ©minisme de Miller, camouflant Ă  l’encontre des vellĂ©itĂ©s machistes (vieille philosophie Ă  base de poils). Alors, oui, Mad Max Fury Road est bien un film fĂ©ministe et dans le meilleur sens du terme. Les femmes ont les graines (superbe mĂ©taphore pour les balles, qualifiĂ©e par une des hĂ©roĂŻnes, « d’anti-graines » – tout ce qu’elles plantent, elles le tuent), c’est grĂące Ă  elles que le monde peut exister, avoir un avenir. Certaines sont montrĂ©es comme de simples objets, convoitĂ©es par des hommes libidineux ? Toutes (car il n’y a pas que des bimbos dĂ©nudĂ©es), se battent, rĂ©sistent, se rĂ©voltent, tuent, meurent. Mention spĂ©ciale pour la porteuse de graine, et bien sĂ»r, l’Imperator Furiosa, rĂ©galienne. Mad Max Fury Road est un film fĂ©ministe par excellence car il parle de rĂ©sistance, et Ă©voque justement les combats fĂ©ministes du siĂšcle dernier, quand tout Ă©tait Ă  gagner par les femmes (dont le droit Ă  participer au massacre de la dĂ©mocratie reprĂ©sentative). Si montrer une jolie fille, mĂȘme du point de vue d’un homme, est un acte machiste, c’est faire un procĂšs Ă  l’idĂ©e de fĂ©minitĂ©, et sa connotation habituelle de beautĂ© et de grĂące. Miller, dans Mad Max Fury Road, justement, nous offre Ă  la fois l’image d’une Furiosa asexuĂ©e et mutilĂ©e, qui complĂšte celle des favorites, effectivement façonnĂ©es pour rĂ©pondre aux dĂ©sirs et attentes de l’homme. Deux concrĂ©tisation de la fĂ©minitĂ©, l’une dans la force et la martialitĂ©, l’autre dans la douceur et la sensualitĂ©. Et que dires des mĂšres qui ouvrent les valves de l’eau source de vie, et des matriarches usĂ©es et fanĂ©es par le temps ? Le film de Miller ne parle pas d’une femme, mais des femmes, sans justement cantonner ce sexe a un simple rĂŽle de faire valoir ou d’objet pour les hommes du rĂ©cit, Max en tĂȘte. D’ailleurs, l’issue du film m’a rappelĂ© la fin de Once upon a time in the west, quand Claudia Cardinale regarde partir l’Harmonica. Dans les deux films, la femme forte et rĂ©sistante reprĂ©sente l’avenir et le bonheur, celle qui construit et fait germet l’avenir (d’ailleurs dans les deux films, la scĂšne finale voit la/les femme(s) apporter de l’eau Ă  une humanitĂ© assoiffĂ©e) tandis que l’homme ne peut que retourner dans le dĂ©sert de sa solitude et du passĂ© (y a un © sur cette phrase, donc merci de pas la copier/coller, svp).

La bande annonce du film, au cas oĂč vous auriez oubliĂ© l’existence de Google :

C’est l’histoire d’un mec…

…qui joue gros, et qui est payĂ© pour ça. C’est l’histoire invraisemblable d’une justice qui se laisse manipuler et qui penche d’un cotĂ© plutĂŽt que rester Ă  l’Ă©quilibre. Apparemment, c’est une histoire nouvelle qui est en train de nous ĂȘtre racontĂ©e… et qui semble beaucoup plus crĂ©dible que l’ancienne !

Interview Ă©mouvante de JĂ©rĂŽme Kiervel, qui n’y croyait plus, sur le site de l’express :

I’m not in love

J’adore cette version de Diana Krall du tube immortel de 10cc, et vu que j’ai la flemme de chercher dans mes favoris, j’utilise mon blog pour me dĂ©tendre en fin de journĂ©e 😉 et me faciliter la tĂąche !

« Big boys don’t cry… » Et Ă  la fin de la vidĂ©o, n’hĂ©sitez pas Ă  dĂ©couvrir les autres chansons rĂ©interprĂ©tĂ©es par la talentueuse artiste Ă  la voix vacillante, comme Don’t dream it’s over de Crowed House ! « They come to build a wall between us…. »

I’m not in love
So don’t forget it
It’s just a silly phase I’m going through
And just because
I call you up
Don’t get me wrong, don’t think you’ve got it made
I’m not in love, no no, it’s because..

I like to see you
But then again
That doesn’t mean you mean that much to me
So if I call you
Don’t make a fuss
Don’t tell your friends about the two of us
I’m not in love, no no, it’s because..

I keep your picture
Upon the wall
It hides a nasty stain that’s lying there
So don’t you ask me
To give it back
I know you know it doesn’t mean that much to me
I’m not in love, no no, it’s because..

Ooh you’ll wait a long time for me
Ooh you’ll wait a long time
Ooh you’ll wait a long time for me
Ooh you’ll wait a long time

I’m not in love
So don’t forget it
It’s just a silly phase I’m going through
And just because I call you up
Don’t get me wrong, don’t think you’ve got it made
I’m not in love
I’m not in love

Saint Seiya : la légende du Sanctuaire ou How transformers meet Saint Seiya

OulĂ , bonjour cher blog ! Faute de temps, j’ai un peu dĂ©laissĂ© cet espace web virtuel, mais bon, j’ai commis l’erreur fatale d’aller voir le film Saint Seiya : la lĂ©gende du Sanctuaire au cinĂ©, ce jour…

DĂ©jĂ , et ça reste un point de vue trĂšs personnel, qui ne rencontre pas beaucoup de comprĂ©hension de mes congĂ©nĂšres et concitoyens français… je ne supporte pas cette traduction douteuse de « chevalier »… LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE ! Non mais, stop DorothĂ©e powa les gars ! Qu’il y a 30 ans, les experts marketing Ă©mettent de doutes concernant la traduction littĂ©rale du mot « saint » dans un pays exemplaire en terme de laĂŻcitĂ©, je peux encore l’accepter… Mais maintenant, dĂ©gager la dimension chrĂ©tienne qui imprĂšgne totalement le rĂ©cit en lui juxtaposant tout une culture mĂ©diĂ©vale qui l’air de rien est hors sujet dans une intrigue qui digĂšre les icĂŽnes de la mythologie grecque, ça me saoule carrĂ©ment.

Alors que j’ai allĂ©grement passĂ© le cap de la quarantaine, je kiffe (notez le verbe faussement d’jeun pour Ă©tablir un contraste un brin putassier et provocant) « Saint Seiya ». « Saint », c’est un terme qui invoque le sacrĂ©, le miraculeux, le vertueux. « Saint » est un terme qui dĂ©signe un hĂ©ros en rĂ©vĂ©lant par avance sa grandeur et son destin hors du commun. Mais bon, on peut pas dire que ce soit encore le cas dans le film minable qui vient de sortir, hein ?! Nan, y a dĂ©finitivement rien Ă  voir avec la sĂ©rie d’antan, avec ses hĂ©ros emplis d’abnĂ©gation qui en bavaient des vertes et des pas mĂ»res afin de sauver leur vĂ©nĂ©rĂ©e dĂ©esse. Oui Monsieur ! Y en avait de l’ascension dans l’ancienne sĂ©rie, de l’Ă©piphanie, de la thĂ©ophanie… du spectacle quoi !

Saint Seiya, c’Ă©tait simplement assister Ă  l’apologie du miracle en dessin animĂ©… Les hĂ©ros se faisaient passer dessus, laminer, dĂ©sintĂ©grer, dĂ©chiqueter… Ă  la fin il invoquait le droit Ă  un gros miracle (avec une rapide priĂšre Ă  AthĂ©na, sans amen), et ils l’avaient. C’Ă©tait beau, Ă©mouvant, poignant, captivant, et unique dans le paysage animĂ© et audiovisuel. Je me rappelle, Ă©mu, Hyoga en train de ramper, rĂ©duit Ă  l’Ă©tat de zombie pathĂ©tique, suscitant la compassion du Saint du Scorpion (changĂ© en femme dans le film en 3d, sans doute pour convenir Ă  des aspirations Ă  la paritĂ© ou simplement parce qu’affubler un dard Ă  une Sainte a peut ĂȘtre Ă©moustillĂ© les scĂ©naristes, je sais pas…)… Je me rappelle Seiya, face Ă  un Aiolia furieux, complĂštement Ă©crasĂ© et dĂ©sespĂ©rĂ© par son adversaire, supplier « une fois, une fois seulement », avoir la force de surpasser son opposant. Je me rappelle Shiryu, dĂ©cidant d’en finir avec Shura dans une belle imitation du dernier lancement de la fusĂ©e ariane. Je me rappelle Ikki empoignant Shaka dans une sĂ©quence nihiliste et qui reste encore l’exemple mĂȘme de la notion de sacrifice. Je me rappelle Shun, maudissant sa propre nature, incapable d’achever un adversaire qui va pourtant le tuer quelques secondes plus tard.

Des moments incroyables, qui montraient des hĂ©ros humains, ravagĂ©s de doutes et de souffrances, trouvant la foi et s’y accrochant comme des puces sur le dos d’un chien Ă  poils longs, prĂȘts Ă  tout sacrifier pour un idĂ©al, un ami, une cause. L’air de rien, des icĂŽnes qui n’ont jamais Ă©tĂ© d’autant d’actualitĂ© Ă  une Ă©poque oĂč la jeunesse est sans cesse moquĂ©e et bousculĂ©e par un systĂšme qui ironiquement les manipule et les transforme en bons petits soldats. Eh, les jeunes, prenez le temps de mater la vieille sĂ©rie, et vous verrez d’autres petits jeunes traitĂ©s de haut par leurs ainĂ©s. Ou alors matez le film, et comprenez qu’on ne vous propose comme philosophie que de l’esbroufe servant Ă  vous tendre un miroir, dont le but est de vous mĂ©tamorphoser en bande de powerangers sous acide. J’ai carrĂ©ment hallucinĂ© en Ă©coutant le discours finale d’AthĂ©na / Saori Kido, qui nous la fait petite fille Ă©lue qui comprend pas mais qui veut bien quand mĂȘme ĂȘtre une dĂ©esse parce que voila, elle a des amis, quoi… Changer le monde, se battre contre l’injustice, c’est trop compliquĂ©, passĂ© de mode, et ça permet pas de faire du marketing direct vendeur de goodies.

Seiya a troquĂ© sa panoplie de combattant infaillible et vertueux pour celle du clown maladroit mais tellement attachant (attachiant ?) ; Shiryu a Ă©voluĂ© en psychorigide maniaque du contrĂŽle, littĂ©ralement assommant ; tandis que Shun et Hyoga sont devenus des beaux gosses interchangeables, aussi lisses que transparents. Reste Ikki, qui a perdu son nihilisme dĂ©sespĂ©rĂ© pour une mĂąle attitude dĂ©complexĂ©e qui ne lui sert plus Ă  grand chose (« oh mince, j’ai perdu ! »).

Alors le souci, c’est que c’est beau, on a l’impression de mater une compilation des cinĂ©matiques de Final Fantasy, et l’univers dĂ©crit n’est pas dĂ©gueulasse… Ă  condition de s’exonĂ©rer de l’ancienne sĂ©rie, de sa richesse tant thĂ©matique que scĂ©naristique, de la caractĂ©risation formidable des diffĂ©rents protagonistes de l’histoire (hĂ©ros comme adversaires), d’une certaine vision de la femme (contrairement Ă  ce que j’ai lu rĂ©cemment, l’ancienne AthĂ©na elle en avait dans la culotte : pour ceux qui ont un doute, je les invite Ă  visionner le refus qu’elle oppose Ă  un PosĂ©idon gĂ©nocidaire), d’une intrigue savoureuse dont l’issue restait incertaine jusqu’aux derniĂšres minutes de la premiĂšre sĂ©rie… Ils ont mĂȘme retirĂ© Ă  Saga sa rĂ©demption ces enfoirĂ©s !

En fait, le film est marquĂ© par l’hĂ©ritage des films hollywoodiens produits ces derniĂšres annĂ©es, la franchise Transformers en tĂȘte (y a qu’Ă  voir le petit canon articulĂ© sur l’Ă©paule de Camus… ridicule). Ca pĂȘte de partout, les armures et les personnages se transforment comme les robots de Michael Bay, et on sent le principe du bigger and louder (rien que la scĂšne d’ouverture laisse dubitatif avec une scĂšne digne d’un shoot them up). Si en sus on ajoute les incohĂ©rences (tiens, Hyoga est maintenant Ă  cotĂ© de Shiryu dans la maison du Cancer), les dĂ©lires comiques (la scĂšne avec Masque de Mort, hommage aux pires moments musicaux des films disney), le design trĂšs tendance tatoo / jeunes bourgeois bobo (le petit anneau dans le nez ou la lĂšvre, les tatouages), et la dĂ©structuration mĂ©thodique de l’intrigue initiale pour coller aux contraintes de temps, il ne reste pas grand chose Ă  sauver de ce navet intersidĂ©ral. Voir le massacre rĂ©alisĂ© dans ce film, c’est un peu comme assister Ă  la trilogie du Lord of the Ring rĂ©duit Ă  un trailer d’une heure trente.

Pour ĂȘtre totalement honnĂȘte (oui, ça m’arrive), ce film est une purge en considĂ©ration de l’Ɠuvre initiale. Mais si vous n’avez pas connu ou aimĂ© la sĂ©rie des annĂ©es 80, sa vision peut finalement ĂȘtre une expĂ©rience sympathique, tout du moins visuellement. Personnellement, je n’ai jamais tant aimĂ© la sĂ©rie initiale, qui demeure dĂ©finitivement un trĂ©sor unique en son genre. Et je ne suis pas un regretteur d’hier comme l’a si bien chantĂ© Alain Souchon, mais juste un gars qui n’a pas retrouvĂ© la saveur de ce qu’il apprĂ©ciait avant.

Je vais personnellement tĂącher de vite laver mon cortex des restes de ce spectacle abĂȘtissant. À l’AthĂ©na geignarde et neuneu du film, je prĂ©fĂšrerai toujours celle qui murmure Ă  un Ikki dĂ©sespĂ©rĂ©, alors qu’elle-mĂȘme git sous la pluie, une flĂšche dans le cƓur : « Non Ikki, ce n’est pas la fin… » Une belle leçon de grandeur et de rĂ©sistance, Ă  laquelle le film n’a su, Ă  aucun moment, rendre hommage.

La fin du combat opposant Shiryu Ă  Shura, pour le plaisir… Rien qu’en entendant la voix du regrettĂ© Henri Djanik, ça me fout les larmes aux yeux T_T

What else ?

Des soirs, on finit de bosser, et on sort prendre un petit pastis sur la terrasse. On mate les oiseaux virevolter (des martinets me souffle-t-on), et on se rappelle des ninjas furibonds en train de sautiller en se croisant et en se bastonnant avec des sabres en bois. C’Ă©tait quoi dĂ©jĂ  , cette sĂ©rie, sortie en vidĂ©o cassette il y a 20 ans de cela, et qui avait un gĂ©nĂ©rique qui dĂ©chirait… ? Ah oui, Fuma no Kojiro ! Une oeuvre de Masami Kurumada, qui parlait d’une guerre entre les ninjas de deux clans, dont l’intrigue ne m’a pas laissĂ© grand chose comme souvenirs… Par contre, des Ă©pisodes dessinĂ©s et animĂ©s par l’immense Shingo Araki, et des gĂ©nĂ©riques dudit maĂźtre qui sont restĂ©s incrustĂ©s dans le fond de ma rĂ©tine. Ah, Asuka Musashi, et son refus de combattre, un hĂ©ros nihiliste comme je les aime ! J’avais juste regrettĂ© Ă  l’Ă©poque, que le premier duel entre Musashi et Kojiro ne soit pas aussi Ă©mouvant que dans le manga. Mais bon, quand je mate les gĂ©nĂ©riques des OAV, je suis nostalgique d’un certain hĂ©roĂŻsme macho qui n’a plus cours de nos jours.

C’Ă©tait bien ces duels Ă  mort entre samourais/ninjas testostĂ©ronisĂ©s.


Petite intro d’un animĂ©, et enfin le gĂ©nĂ©rique Shout de Fuma no Kojiro

 Musashi Asuka versus Shura… Il pouvait pas perdre contre un gars qui a un uniforme rose, faut pas dĂ©conner ^^ – Ah, on me souffle dans l’oreillette que c’est la couleur des fleurs de cerisiers, au temps pour moi. J’adore le passage avec sa sƓur, la thĂ©matique de la fratrie fatale sera reprise plus tard par Kurumada pour le jumeau graphique de Musashi, soit Ikki du PhĂ©nix et son frĂšre Shun. « Musashi, serais-tu un guerrier sans larmes ? ». Imparable. Et merci Ă  Araki pour ce beau moment d’animation, je me remettrai jamais de son dĂ©cĂšs.

Et pour finir le beau gĂ©nĂ©rique Don’t go Away… dont les paroles me rappellent un peu la galĂšre actuelle des intermittents du spectacle… On est derriĂšre vous les gars !