Superman & the Autority

Il y a peu, j’ai rĂ©agi Ă  une vidĂ©o sur Youtube concernant un petit dĂ©bat sur le Batman versus Superman de Snyder. Simplement car les deux tribuns partageaient pour le coup une franche admiration sur le plan du collier de perles de la mĂšre de Bruce Wayne, qui se brise tandis que le coup de feu fatal met fin Ă  sa vie. Je m’Ă©tais donc permis de rappeler que cette image, ce moment, cette mĂ©taphore, cette idĂ©e, Ă©tait celle de Frank Miller dans son mythique Dark Knight, paru Ă  la fin des annĂ©es 80 et que j’ai dans ma bibliothĂšque, Ă©dition Zenda (j’ai dĂ» corriger j’avais Ă©crit « Zelda » mdr), juste Ă  cotĂ© des Watchmen de Moore. RĂ©action assez Ă©trange de la rĂ©daction (car les deux youtubers font partie d’une Ă©quipe Ă©ditoriale qui Ă  l’Ă©vidence possĂšde un pragmatique mais maladroit community manager) qui m’a rĂ©pondu qu’ils le savaient… mais qu’ils n’avaient pas voulu surcharger la vidĂ©o d’infos « inutiles » vu la richesse intrinsĂšque de l’Ă©change. Oui, mais non. Personnellement, je n’ai pas insistĂ©, car je sais aussi que Miller passe souvent pour un extrĂ©miste aux idĂ©es rĂ©actionnaires (en gros, il a tendance Ă  un peu trop cĂ©lĂ©brer le patriotisme en stigmatisant « l’Ă©tranger », cet envahisseur perfide,… ce qui est toujours dĂ©licat en ces temps d’universalitĂ© bienveillante). Je peux le comprendre, donc je n’insiste jamais, mĂȘme si je suis conscient de l’apport de Miller dans le paysage du comics (avec Daredevil et Batman en tĂȘte). Mais en gros, je disais dans mon intervention que ce film est un hommage Ă©vident au comics de Frank Miller…. et ces derniers jours, la news est sortie :https://www.eklecty-city.fr/cinema/justice-league-zack-snyder-dark-knight-returns/me donnant dĂ©finitivement raison. Simon, cette phrase est pour toi mdr.

J’ai commencĂ© Ă  lire des comics Ă  l’Ăąge de 5 ans. Mes parents m’achetaient Pif Gadget, mais moi je voulais lire les aventures d’Iron man, de Spiderman, des X-men, etc. Je suis donc de ceux qui ont une grosse culture « classique » des comics, et j’ai dĂ©crochĂ© vers 2010, un peu irritĂ© de voir que la philosophie amĂ©ricaine du refus de la vieillesse et de la mort provoquait des constants reboots de ces histoires et des hĂ©ros concernĂ©s. Le dĂ©clenchement fut le sort de Peter Parker aka Spiderman, qui dans une histoire se voit projetĂ© dans le passĂ©, avant l’arrivĂ©e de Mary Jane dans sa vie. Vendu comme un retour de l’Ăąge d’or, moi je l’ai vĂ©cu comme un effacement de mes souvenirs. Puis le choix implacable des producteurs des films, consistant Ă  tout rĂ©inventer ou changer, a brisĂ© toute ambition de rester Ă  jour dans cet univers sans cesse changeant. Et pour finir… et Henry Pym alors ?!!!!

Mais dans ma fameuse bibliothĂšque, j’ai conservĂ© prĂ©cieusement des comics qui sont pour moi des chefs-d’oeuvre. Et en bonne place, je possĂšde les premiers volumes de The Autority, qui fut pour moi Ă  l’Ă©poque une initiation aux nouveaux scĂ©naristes des comics, iconoclastes et gĂ©niaux, que furent et sont encore Grant Morrison, Mark Millar, et Warren Ellis. D’ailleurs, bien plus que The Autority, Planetary reste l’oeuvre que j’affectionne le plus. Mais comment dĂ©crire une histoire qui recycle le vieux signal des 4 Fantastiques en svastika ? Il y a du gĂ©nie dans ces scĂ©narios, et il me vient cette vĂ©ritĂ© que l’apport de Mark Millar dans le succĂšs des Vengeurs au cinĂ©ma me semble un peu minimisĂ©. Avec Brian Hitch, c’est ce duo qui a fait le choix d’utiliser Samuel Jackson comme modĂšle pour la nouvelle version de Nick Fury par exemple. Enfin, et en bref, j’ai dĂ©crochĂ©, en arrĂȘtant d’Ă©taler (comme ici) ma petite culture de vieux fan des comics, un peu déçu de ne plus pouvoir prophĂ©tiser le dĂ©roulement des intrigues… mais comprenant parfaitement le choix des producteurs dans un monde qui pour vibrer doit ĂȘtre nĂ©cessairement surpris et Ă©tonnĂ©. Mais de lĂ  Ă  crĂ©er une love story entre Hulk et la Veuve noire, j’ai jamais pu adhĂ©rer.

Cependant, il y a deux jours, les rumeurs d’un futur comics m’a fait vibrer et m’a fait retrouvĂ© l’excitation que je ressentais, antan, quand on annonçait des cross overs mythiques…. Superman & The Autority c’est juste l’archĂ©type associĂ© Ă  l’iconoclastie. AprĂšs, il y a eu un dessin animĂ© Superman contre l’Elite, qui l’air de rien est une rĂ©ponse (et une caricature) Ă  l’irrĂ©vĂ©rence de The Autority, et donc un dĂ©tournement des hĂ©ros de ce comics qui finissent d’ailleurs par se noyer dans leur cynisme face Ă  l’inamovible puissance morale de Superman.

Dans l’attente donc, car pour le coup, le dĂ©tournement sus nommĂ© ne rendait pas justice Ă  l’Ă©mouvante Jenny Sparks, l’esprit du vingtiĂšme siĂšcle, avec son insolent Union Jack sur le tee-shirt, qui meurt au dĂ©but du nouveau siĂšcle… The Autority ce n’Ă©tait pas un groupe de punks souhaitant dĂ©truire le monde en n’agissant qu’Ă  leur tĂȘte… c’Ă©tait surtout des libertaires qui conscients de leurs pouvoirs, voulaient s’affranchir d’une certaine autoritĂ© pour favoriser la justice. La vraie, celle qui rĂ©pare les prĂ©judices des faibles, des dĂ©munis et des opprimĂ©s. Dans cette idĂ©e de l’autoritĂ©, le comics rĂ©volutionnait le discours tout en invitant Ă  la rĂ©flexion. Les voir revenir, au dĂ©tour d’un comics inattendu, ne pouvait que m’inspirer cet article enthousiaste d’un vieux fan endormi.