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Un dimanche matin

Un temps de grisouille, je vois le vent qui agite mollement les branches des arbres que j’aime toujours autant contempler au petit matin, sentinelles rassurantes d’un monde vert qui résiste encore, et je me dis que l’écriture me fera, comme toujours, beaucoup de bien. Souvent, je me fais interpeller sur les réseaux sociaux où j’abuse, un peu, de rhétorique, en essayant, un poil, de faire ce qu’on appelait avant avec beaucoup de sérieux, de l’esprit. Très souvent, et j’avoue que ça me touche, je suis remercié. Parfois, et ça me titille, je me fais tacler. Il n’y a pas si longtemps, j’ai donc commis le doux péché d’un peu de pédanterie facile parce qu’agacé par un exercice de rhétorique que je trouvais à la fois facile et pour tout dire, léger dans le fond. Une chaîne que j’aime suivre, des gens qui ont construit leur paroisse sur la prétention d’une vérité par les faits (déjà, ça enfonce pas mal une porte ouverte), sans jamais comprendre que ces fameux faits doivent toujours passer par le filtre ô combien déformant de la subjectivité (un conte de faits n’est-il pas conte de fées ? Rhôôô, on peut déconner quand même !). Inévitablement, mais n’était-ce pas le but finalement, j’ai eu mon troll en retour, ce que j’appellerai tout de même un gentil troll, celui qui vous agresse sans injure mais avec la perfidie facile du claniste surprenant un intrus en train de chiper des chips dans la cuisine, ébahi que ce dernier ose, en plus, taper la discute. J’ai répondu avec verve, s’en sont suivis quelques échanges toujours courtois, et j’ai naturellement déguerpi une fois mon larcin dûment assumé et malgré tout commis. Mon troll se demandait le but de mon commentaire un peu trop « littéraire » à son goût, interpellant sa « communauté », un terme qui me fait toujours sourire car dans cette dure période de la simultanéitude cynique (ou du « en même temps » si j’ose dire), les mêmes prétendre se battre farouchement contre le communautarisme.

Petit aparté (sisi) : Mon fils, il y a deux jours, devant un kebab, me sortait la fameuse sortie de « l’enfer c’est les autres » sans avoir la décence d’en connaître la référence. Personnellement, je ressens une réelle amertume de nos jours à voir tous ces gens qui étiquettent ces « autres » qui ne font pas comme eux en les classant dans ce que j’appellerai les tiroirs de l’infamie : communautariste, complotiste, conspirationniste (oui, il y a une fine nuance que je commenterai un jour), fasciste, pour celui du haut, et imbécile, fanatique, dérangé du bocal, imposteur, escroc, pour celui du bas. En bref, car je vois que je me perds déjà dans les méandres de ma pensée prolixe, des gens qui illustrent la saillie misanthropique de Sartre sans comprendre que sans eux il n’y a pas non plus l’espoir d’un quelconque paradis. Fin de l’aparté (vous avez lu, c’est passé tout seul).

Là j’étais cet autre, bénéficiant quand même d’une forme d’immunité préalable qu’assure un propos sans couleur politique ni prétention idéologique. J’étais accusé du crime véniel de la pédanterie, et mon dieu, il est vrai que j’étais foncièrement coupable. Je le suis à chaque ligne que j’écris ici. Je ne le suis pas car j’ai l’espoir qu’un lecteur potentiel s’abîme d’extase en me lisant, je le suis car je ressens celle de l’écriture. Je fais partie de ces quelques heureux énergumènes qui aiment, vraiment, la poésie. Les mots sont pour moi de la musique, je les aime car ils sont à la fois sens, sons et signifiance. Sens car ils indiquent, son car ils font ensemble des harmonies, signifiance car grâce à eux il est possible d’accéder à une conscience des choses tellement plus profonde que la réalité abrupte de la simple matérialité.

Petit, j’adorais les lego, car en quelques manipulations inspirées, il était possible de créer des bribes d’univers pour pouvoir, ensuite, mettre en oeuvre de sympathiques et si divertissants paysages mentaux. Si j’ai fini par me lasser des petites briques (à neuf ans je croyais encore que le bonheur serait éternel), les mots ont encore pour moi cette heureuse fonction. Mieux, ils se révèlent chaque jour comme une quête à la fois merveilleuse et inachevable… Jamais je ne les connaîtrais tous, jamais je ne pourrais vraiment en saisir toute la puissance, et pourtant chaque nouveau mot me réserve sa petite étincelle de philosophie en se rajoutant telle une nouvelle note dans mon petit solfège personnel. Tiens, il y a deux jours, je croise le mot archegète, que depuis je ne cesse de manipuler mentalement. Un mot à vrai dire impossible à placer dans une discussion sans prétendre que le but soit bêtement narquois… mais j’avoue que ça pourrait m’arriver, juste parce que j’adore le son nouveau qu’il peut produire tout en amenant une ludique signifiance. Tiens, application pratique : dire que Mitterrand à l’instar d’un Napoléon a poursuivi l’ambition d’un archegète en camouflant sa malhonnête mégalomanie me ferait bien rire. Et c’est là, prise de conscience cruelle, que je me rends compte que mon humour ne fait rire que moi.

Comme ce matin, donc, mais quel bonheur que l’écriture. Notez que je n’appelle pas ça de la littérature, un mot qui pour moi reste encore un peu abscons. Je n’ai pas encore tranché sur le fait (une vérité accomplie, donc) que ce soit de l’affectation ou véritablement la manifestation d’un esprit aux idées supérieures. Je me méfie de la classification facile qui utilise le terme « bourgeois » à toutes les sauces, une étiquette de plus pour la classification facile dénoncée un peu plus haut dans mon propos, mais je reconnais qu’une des tares les plus terribles de nos sociétés modernes est bien l’embourgeoisement. Cette tentation de se penser ou se croire, un jour, meilleur que les autres par la jouissance facile d’une sophistication somme toute artificielle (ou d’une banale information qu’on se réserve pour exploiter la crédulité ou la candeur d’autrui). Alors oui, tout ça c’est de l’écriture, c’est de la pensée rapide, c’est du lego mental, c’est du jeu et je m’éclate à débiter mes âneries avec la ferme volonté de soigner ma prose. Je pourrais citer alors les récompenses Steam que je récolte régulièrement pour mes contributions que je qualifierais humblement de fantasques, mais je conclurais tout ça en abusant du langage des oiseaux, chers aux alchimistes : le mot « expression » peut se comprendre aussi en détachant le préfixe « ex » et le radical « pression » : en résumé, sortir la pression.

Bon dimanche.

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Quo vadis ?

Allez, petite madeleine rapido : quand j’étais petit garçon, en vacances chez mes grands-parents maternels chéris, je vois un jour annoncé un film au titre étrange, « Quo vadis ? », avec de mémoire Robert Taylor et Elisabeth Taylor (aucun lien de famille entre les deux). N’ayant du latin que la conscience d’un idiome inusité à notre époque moderne, j’ai trouvé, je ne sais comment (peut-être en demandant à mon grand-père qui était un homme surprenant) que cela signifiait « où vas-tu ? ». Sans aucune allusion à la référence religieuse, c’est devenu pour moi une question existentielle permanente. Une question stratégique en soi car à vrai dire j’aurais du coup pas mal modifié ma voilure pour changer d’alizé, la destination finale ne me contentant jamais vraiment, conscient qu’entre le déterminisme social et la charge des attentes d’autrui, plus bourricot qu’alezan, l’existence tenait davantage de la spirale du cyclone que de la route au cheminement tranquille. Après, m’extirpant péniblement du refuge paisible et réconfortant de mon petit ego (j’ai fait des progrès en latin, par la suite), cette question me vient toujours quand je prends le temps d’analyser la société qui nous abrite et que nous composons en bonne masse humaine confraternelle. Et ce matin, le bilan rapide ne m’apporte pas une réponse vraiment réconfortante, à vrai dire.

Pourtant, pourtant… je reste optimiste. Le pire est à venir, et comme l’hiver dont vous saisirez la référence pop dans un moment d’exultation bien mérité, ça ne sera pas un moment de bonheur intense. Souvent, avec mes enfants qui supportent mes divagations permanentes, j’abuse de l’image de l’incendie nécessaire pour que l’homme agisse enfin. Ce matin, chronique de Revel sur Sudradio, cri d’alarme par rapport à la chute de la conso, moins 2,8% quand même, dans un pays qui s’est voulu de services et donc hyper consommateur. Jamais je ne répéterai assez combien c’est déjà mortifère et stupide de poursuivre une telle ambition (une économie essentiellement basée sur les services), surtout avec un pays comme la France qui contrairement à ce qui est ressassé par des zélotes zélés, est riche de son peuple et de son territoire. Passionné par la géopolitique, je suis toujours à la fois navré et subjugué par la puissance du narratif européïste. Notez que je n’ai pas écrit « européen » car comme toute chose, sa réalité n’est généralement que le résultat de notre volonté. Il faut cesser d’accuser une Europe fictionnelle d’être coupable de quoi que ce soit, elle n’est que la conséquence d’une ambition dévoyée pour satisfaire les intérêts privés aux dépens des peuples. Après 40 ans de pillage et de saccages, la France a subi son lot de revirements et, de plus en plus abusivement, brutalement, la machine à broyer continue son sinistre boulot. Quand le peuple français comprendra que son destin est de ne devenir qu’une masse corvéable à merci, en échange d’un peu de plaisir dûment rétribué, il y aura peut-être un début de changement… mais à l’instar de la religion vu comme un opium, le consumérisme est une drogue dure qui fait croire, durablement (dur dur, donc), que la jouissance est un but en soi. La fin de l’abondance sera-t-elle l’avènement d’un début de clairvoyance ? Mon chez compatriote, quand on t’explique que tu travailles moins longtemps ou moins bien qu’ailleurs, c’est juste parce qu’on veut te faire bosser au même tarif et que ton droit au bonheur compte moins que la richesse de certains. Point barre comme disait l’autre.

L’inflation galope, cheval fou symbolique d’un discours économique dont l’inanité fait les beaux jours d’une technocratie soit corrompue soit consumée par un détachement du réel si stupéfiant qu’il tient effectivement de la toxicité idéologique. La spéculation continue d’amasser des fortunes virtuelles que les commentateurs ne cessent d’annoncer avec une admiration contemplative pour que le petit peuple comprenne sa misère tout en acceptant d’adhérer à la grande croyance de l’argent immatériel et déconnecté du réel. Comme le répète dans des séquences hilarantes l’excellent Alexis Poulin, « ça marche ! ». Ce qu’on nomme pratiquement le climat et qui en fait n’est rien de moins que notre écosystème, continue de subir l’influence destructrice d’une idéologie dominante qui impose la surconsommation et ce que je nommerai créativement (enfin, autant un autre m’aura déjà précédé dans l’idée) l’hyper logistique. Pourquoi « hyper » ? Car je n’ai rien contre le transport de marchandises, mais quand on la fait venir du bout du monde pour jouir des bienfaits d’une logique financière totalement inepte et contraire aux intérêts communs, cet « hyper » symbolise à la fois le problème et la cause.

Je n’ai pas envie de développer davantage, j’ai des choses à faire ce matin, des beaux projets à accomplir, mais je vais avoir l’extrême plaisir de vous renvoyez à l’excellente vidéo du grenier de l’éco à laquelle j’adhère totalement. Elle représente mon point de vue sur la situation globale, avec en filigrane les bons choix à faire pour notre pays. Une chose : je crois en la possibilité d’une énergie alternative marémotrice, en résumé non par l’action d’éoliennes visant à capter un vent toujours fluctuant, mais bien des systèmes sous-marins animés par le mouvement, lui permanent, des marées. Notre pays est bordé par pas moins de 3 grands espaces marins, la Manche, l’Océan Atlantique, et la Mer Méditerrannée ; traversé par 4 fleuves, la Seine, la Loire, le Rhône et la Garonne. Quand demain, les énergies carbonifères cesseront d’obséder les bénéficiaires de l’or noir et polluant, notre pays dispose d’un patrimoine naturel qui se révélera alors comme une sublime opportunité. Enfin, si d’ici là personne ne nous explique que comme tout le reste ça n’appartient finalement pas à tous et que comme tout le reste, le droit à l’accaparement peut encore s’exercer.

Et pitié, arrêtez de croire un instant les fadaises de la voiture électrique, ça ne pourra, au mieux, qu’être un moyen de transport réservé à une petite élite suffisamment riche pour d’une par s’en payer une et d’autre part l’alimenter en « carburant ». Alors qu’on annonce des ruptures d’alimentation cet hiver, la simple idée de proposer un parc automobile s’appuyant sur la fourniture d’électricité est simplement la démonstration d’un narratif qui fantasme en permanence le réel sans tirer les leçons de son hubris.

La vidéo du grenier de l’éco, une chaine Youtube à découvrir pour ceux qui aiment l’économie :

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Khimairacratie

Ce matin, au réveil, petit vidéo de Marianne très intéressante et stimulante avec une discussion entre Natacha Polony et Antoine Buéno sur la potentialité d’un effondrement (https://youtu.be/XX0GC6_vxGc – je mettrais la vidéo sous ce post au cas où une âme errante viendrait se perdre en ces terres arctiques). J’écoutais tout ça en faisant une petite partie de Loop Hero (hyperactivité, je t’aime), et il y avait énormément de concepts et de notions qui étaient évoquées pour argumenter le raisonnement très intéressant de Monsieur Buéno pour lequel je pencherai aussi, non par aveugle et systématique optimisme, mais par ma foi en la nature humaine et à la capacité de l’homme à affronter et relever les défis. Personnellement, je pense que l’homme pourra toujours foncièrement s’adapter, le souci concernant actuellement l’impact terrifiant sur l’environnement de nos actions et choix économiques, qui vont provoquer l’avènement d’un monde dans lequel bien et bon vivre deviendront certainement des concepts très relatifs. Bref (idéologie de l’écriture web à laquelle je ne peux me résoudre à adhérer ici), dans ce tumulte d’idées la relativité des idéologies politiques est venue rapidement s’imposer en terme d’obstacle majeur aux solutions ou stratégies envisagées pour éviter justement ce fameux effondrement. Et l’impact majeur des politiques étatiques a été naturellement cité comme une des problématiques essentielles. Particulièrement, la question de la démocratie aura été pertinemment présentée avec le constat actuel d’une totale absence de sa substance dans le fonctionnement et la vie même des pays qui s’en prétendent. J’aurais passé beaucoup de temps, ces dernières années, à tenter pédagogiquement d’instruire mes semblables sur la notion de ploutocratie qui est pour moi la réalité de nos systèmes présentés comme démocratiques. En résumé, encore, sous couvert d’une démocratie claironnée, la vérité systémique repose sur la présence d’acteurs, de forces, d’entités, d’individus ou d’organisations, dont les ressources financières leur confèrent une totale domination dans les décisions prises au niveau étatique. La démocratie ne sert plus que de joli vernis pour camoufler les boursouflures d’un système vérolé de l’intérieur pour travestir voire couvrir les faits. C’est ainsi, qu’à mon sens et à mon grand dam, nous sommes perdus dans une période de sophisme perpétuel et volontaire, où réside la cause réelle du naufrage systémique que nous endurons depuis presque, maintenant, un demi siècle. La financiarisation intensive aura bien entendu été la clé de voûte de ce mécanisme de pourrissement, avec une intention initiale dont il reste à déterminer la motivation (plan machiavélique ou juste rapacité névrotique ? Fièvre idéologique ou pure faillite morale ?). Ce qui est certain, et tragique, c’est que l’argent étant devenu davantage un but qu’un moyen, et comme l’avait fièrement énoncé un certain monarque français qui avait bien signifié que l’écologie devait être déclassée pour l’économie (ce qui en soit est juste une abomination – en espérant que l’Histoire n’effacera pas ce genre de scorie politique pour au moins servir d’avertissement pédagogique), tout se résume actuellement à la masse d’argent produite, les populations étant maintenant habituées à écouter paisiblement le montant hallucinant des sommes mises en oeuvre par les états sans que ceux-ci ne veillent à détailler, un peu, la réalité de leur répartition.

Bon, je n’ai pas envie de me perdre dans mes circonvolutions habituelles, il me venait à l’esprit l’intervention d’un économiste sur la chaîne du Média qui expliquait qu’un état comme la France, vassalisée par l’Europe et sa géniale monnaie unique n’avait plus comme levier, en l’absence de l’outil essentiel de la production de sa monnaie), que l’organe social pour un peu camoufler son absence totale de contrôle. En bref, encore, des réformes actuelles, du chômage comme des retraites, les peuples ne sont devenus que des variables d’ajustement des politiques monétaires menées à un niveau mondiale pour entretenir un système et une idéologie libérale dont la réalité destructrice est si sensible à l’heure actuelle qu’elle provoque ce sentiment général d’une apocalypse imminente. Le drame qui fait la substance de mon titre, est que tout ça est permis par les illusions qui nous nourrissent et qui nous font adhérer, qu’on le veuille ou non, à cette absurdité généralisée. En permanence, hier encore, j’écoute des gens gloser sur la démocratie, sur la République, cette bonne vieille thématique qui permet à n’importe quel imbécile de bomber le torse pour feindre une noble et si creuse indignation (de l’imposture de la posture), sur la nécessité de « mettez ce que vous voulez entre les guillemets » dont l’argumentation se cantonne à généralement à un théâtrale « il faut le faire » (coucou la retraite). J’écoutais un VRP des sondages encore prétendre, fièrement et sans une once de recul éthique, savoir ce que veulent et pensent les « français », faisant d’échantillons aux opinions recueillies avec des protocoles maintes fois dénoncés, la substance d’un peuple entier réduit à quelques chiffres si pratiquement vendus à des intérêts façonnant littéralement les opinions d’une masse de moins en moins bien informée. Alors, pensant à tout ça, à cette confusion générale et entretenue, à la difficulté pour chacun d’entre nous de se faire une opinion à la fois de qualité et achevée, il m’est venu ce nouveau néologisme, la khimairacratie, pour illustrer la chose. Encore davantage de la ploutocratie, elle se situe un petit niveau au-dessus, elle conditionne sa pérennité et sa continuité. Pour que toute cette manipulation, cette tragicomédie pseudo démocratique puisse continuer, il faut un système qui pervertisse en permanence les faits pour créer des vérités contextuelles, à la substance souvent proche de l’évanescence la plus totale, pour que le massacre continue. Ah oui, en me relisant je vois que je n’ai pas étymologiquement explicité le terme… de Khimaira, la chimère en grec, cet animal qui symbolise les illusions mais aussi la capacité de l’homme de croire en des choses trompeuses et monstrueuses. La chimère, c’est celle qu’on poursuit, jusqu’à notre perte, parce qu’on ne voit pas la réalité de ce qu’elle est.

Dans la vidéo de Marianne, il est question de la « détestation de la démocratie », mais c’est parce que la confusion fait qu’on se trompe d’ennemi, que le brouillard qui est savamment érigé pour cacher la réalité des coupables empêche de voir ce qu’il en est vraiment, mais il faut rappeler que majoritairement, toute chose en ce bas monde est ambivalente. Il ne sert à rien de diaboliser abusivement comme si l’arbitrage, purement humain, n’était pas la conséquence essentielle. Rien n’est foncièrement mauvais, du capital à la ploutocratie par exemple, car il suffirait que la motivation soit placée dans l’intérêt général et non plus les intérêts particuliers (même si je reste très circonspect sur la possibilité d’une tyrannie éclairée). Mais force est de constater que la philosophie, l’intention profonde, des plus puissants ne résident que dans l’exploitation de la faiblesse humaine, comme un destin ou par le fait d’une nature qui se voudrait aristocratique. Tout ça, à l’arrivée, se révèle assez misérable et méprisable. Dans un monde de marchands où le lustre l’emporte sur la dignité, il faut savoir se positionner clairement sur la question morale, liminaire, sur ce qui est bien et ce qui est mal. Pour le coup, certains prennent comme une démonstration d’intelligence de sans cesse rappeler que les choses ne sont jamais aussi claires et simples. Pourtant si. Deux bombes atomiques envoyées sur des objectifs civils, c’est mal. Œuvrer pour le bien de son peuple et non se servir de ce dernier pour augmenter la caisse à billets des plus nantis, c’est bien.

La vidéo de Marianne à voir (j’en suis à deux visions personnellement, en écrivant cet article) :

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L’hubrisphère

Un petit coup de mou, alangui sur mon canapé comme un Sardanapale proprement rasé, je mate une vidéo Youtube concernant un fait divers qui excite les foules au sens très (trop) littérale du terme. Ce matin, tandis que j’oeuvrais méthodiquement, j’ai lancé une vidéo sur un chercheur en archéologie qui a évoqué la réalité des moeurs anthropophages dans les vieilles sociétés humaines qui ont précédé (ou servi de départ, au choix), à la nôtre. De ça plus tout ce que je mange dans les actualités notamment françaises, j’en ai déduis, solennellement et intimement, que plus que jamais, ou bien plus que toujours (au choix encore), nous sommes en pleine hubrisphère. Alors je viens chouiner ici avec une certaine forme de pudeur, car je sais justement que dans l’immense place publique (agora) qu’est le net, mon petit blog perso n’est qu’une sorte d’îlot abandonné, perdu dans un immense océan, ne suscitant aucun intérêt ni aucun élan d’enthousiasme. Je viens juste écrire que ma métaphore avec Sardanapale en début d’exercice n’est pas si mal trouvé que cela. Comme ce sultan nihiliste je dois bien constater que tout fout le camp, comme on l’argotait si bien dans mon enfance. Comment conserver cette illusion d’un monde abouti, construction glorieuse née de tous les ratages systémiques et idéologiques du passé ? Comment croire que nous sommes une apogée, alors que de toute part l’échec de la grande aventure humaine semble encore devoir être le triste constat ?

J’adore la mythologie grecque, et en cherchant un mot pour titrer ce billet, inévitablement j’ai songé à l’hubris, ce concept que les mythographes ont aimé rappeler tout au long de mes lectures profanes. Le crime suprême, celui de la démesure. Au vu du désastre économique, écologique, humain, sociétal, que nous vivons actuellement, et eu égard à l’impasse d’une mondialisation qui n’est définitivement pensée que comme une stratégie d’exploitation, le néologisme « hubrisphère » me semble pour le coup très approprié. Alors, une rapide recherche google m’a naturellement fait comprendre que cet éclat de génie avait déjà ionisé le cortex d’autres individus plus ou moins bien intentionnés. Soit, je ne viserai pas ici à la prétention d’une pensée originale et marginale. Je commenterai juste l’instant présent en constatant la cavale de ces quatre cavaliers de l’apocalypse que sont la déliquescence, la décadence, la dégénérescence et l’indécence.

Très naïvement, je continue de rêver d’une société humaine qui recherche avant le bonheur de chacun comme suprême intérêt général, et qui ne pourrait s’imaginer, pour cela, que comme l’établissement d’une parfaite égalité entre les êtres. Je rêve d’une société où l’intérêt particulier ne serait pas érigé comme une fatalité pour justifier tout ce qui fait et provoque la malfaisance dans nos sociétés prétendument modernes. Je répète souvent que la source de tous les problèmes réside dans la corruption intrinsèque voire inévitable des systèmes qui sont engendrés par les sociétés humaines. Je constate à quel point les hommes deviennent les esclaves de ces labyrinthes qu’ils ont eux-mêmes créés et dans lesquels ils se perdent et s’oublient.

Comment parvenir à faire comprendre à mes congénères que la solution n’est pas forcément de trouver la sortie, si elle existe, mais bien de détruire ces murs qui dissimulent l’espoir ? Nous sommes tous des minotaures oubliés dans ce dédale terrible qu’est devenu ce monde, véritable hubrisphère, pleine de bruits et de fureur, pleine d’illusions et de fausses idoles. La confusion, la division, la frustration, nous fragmentent et nous isolent, entre complaisance et apathie.

Plus que jamais, il faut vivifier tous les liens qui nous unissent les uns et les autres. Il est si facile de haïr, si simple de détester et d’exprimer la souffrance intérieure que toutes les incertitudes de nos sociétés cruelles font peser sur chacun d’entre nous en trouvant un coupable et un responsable dans une vision toujours trop binaire, trop manichéenne, des choses. Alors qu’en réalité, il n’y a jamais d’autre responsable que nous-mêmes ; car même si nous en sommes toujours réduit à supporter l’individualité, nous n’existons vraiment qu’en tant que tout.

C’est pour ça que ces derniers temps je ne m’exprime plus beaucoup sur les questions politiques et sociétales, car j’ai simplement l’impression d’en rajouter, de ne plus vraiment expliciter ou éclairer. Je crois que nous constatons tous, actuellement, la réalité du monde, de sa dévastation. Maintenant, ce qui apparaît, c’est le niveau de conscience de la gravité de la situation. Bien au delà des notions économiques, des questions prétentieusement nommées comme « civilisationnelles », ces visions restent toujours pauvrement prosaïques par rapport à la simple question du rapport de l’humanité par rapport à elle-même. De ce fiasco total (sans allusion polémiste, mdr), le pire demeure dans cette idée insidieuse et permanente d’une société humaine qui ne peut exister que dans l’exploitation et l’accaparement. L’Histoire a beau nous rappeler constamment que la verticalité finit toujours par s’aplanir dans la douleur, nous y revenons toujours. La seule différence, notable, c’est qu’à présent nous veillons aussi à détruire consciencieusement l’équilibre naturel qui est la condition de notre survivance.

Alors, voilà, c’était mon petit billet déceptif et négatif, mais il fallait que ça sorte. Je crois pourtant en l’humanité et je rêve d’une révolution qui serait avant toute chose morale et intellectuelle. Tant que l’obsession restera dans des concepts aussi abscons (pour être poli) que le PIB ou l’incidence des taux d’intérêt, il n’y aura pas d’autres conclusions possibles qu’un chaos savamment entretenu, pour le bénéfice que de quelques uns, et une société inégalitaire sans cesse menacée d’implosion.

L’hiver vient, il n’y a plus qu’à souhaiter qu’un beau printemps lui succède, comme il devrait l’être dans l’ordre des choses.

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Un moment de pause

Bon, étant malade, je suis dans l’obligation de freiner l’activité que j’avais prévue de continuer cet été, même si le besoin ou même la nécessité de vacances commençaient à péniblement peser sur mon enthousiasme naturel. 4ème ou 5ème jour avec le (ou la, comme ça vous va !) Covid, suite à la légèreté coupable de ma chère fille qui l’ayant attrapé depuis plus d’une semaine, est encore en train de dormir au moment où j’écris ces lignes, le soleil étant à son zénith. Personnellement, j’ai accusé conscience de la maladie, je suis allé me faire tester, je me suis mis en quarantaine et je me suis reposé sur ma légendaire résistance pour encaisser le bestiau. Première déception pour moi, c’est qu’au bout d’au moins 4 jours, il n’y a pas vraiment de signes d’amélioration au niveau du mal de gorge. Passe pour la fièvre permanente, passe pour la gêne au niveau des poumons, passe pour la fatigue (qui ne me touche pas plus que ça, à vrai dire), passe pour les douleurs corporelles qui me rappellent constamment que le corps est trop sollicité… mais que ce mal à la gorge est à la fois douloureux et insupportable ! Ce matin, au réveil, après une nuit fiévreuse à me réveiller trempé et un peu hébété, la déception aura été de constater que le mal de gorge est encore là, et bien pire que la veille. Après m’être renseigné un peu (je suis du genre à être extrêmement méfiant par rapport à tout ce qui touche au médical et à la santé sur le web, c’est un parfait condensé de névroses et de récits terrifiants) j’ai donc appris que cette souche durait plus longtemps que les autres, soit 7 jours versus les 4 ou 5 sur lesquels je pariais un peu facilement. De toute manière, entre la maladie, la canicule, et mon patriarche qui semble vouloir tirer sa révérence assez rapidement, cet été ne s’annonçait pas sous les meilleures auspices. Tant pis, il me reste malgré tout l’écriture et l’occasion ludique, morale et vivifiante, d’exprimer une fois encore mon ressenti dans cette période à la fois incroyable, étrange et imprévisible.

Quand j’essaie de modéliser, personnellement, les oppositions idéologiques qui à la fois forgent et déforment notre société, je ne me laisse plus abuser avec les vieux schémas comme la polarisation, manichéenne et trop réductrice, de la droite et la gauche. Simplement, si simplement, la seule opposition qui existe à l’heure actuelle est un conflit, insoluble, entre une vision verticale et horizontale de la société. En réalité, et l’histoire de l’humanité regorge d’exemples, la tentation de cette verticalité aura toujours été la stratégie finale avant la chute, inéluctable. Contrôler, opprimer, oppresser, obliger, avant de réprimer ou de forcer, pour contenir le libre arbitre et la prétention au bonheur de la majorité du peuple. Il n’est pas possible de construire une société pérenne, solide et forte, juste en l’écrasant de devoirs et en la saoulant, littéralement, de grands discours idéologiques qui camouflent de plus en plus difficilement, la réalité de l’escroquerie. Il reste la possibilité de diviser, d’ostraciser, d’encourager les bas instincts, mais là encore il semble que la pilule a de plus en plus de mal à passer.

Je l’ai écrit sur ce blog, il y a quelques mois, nous assistons à un changement de paradigme. Un changement qui était lui aussi inéluctable, déjà car comme les bouddhistes le répètent à l’envi avec l’impermanence, comme les physiciens le ressassent avec l’entropie, rien en ce bas monde ne peut perdurer sans évoluer. Et encore, dans cette idée très philosophique du changement obligatoire, j’omets la réalité des violents dysfonctionnements écologiques, économiques, éthiques que nous subissons de plein fouet en cet été 2022. Tous les jours, quand j’entends des commentateurs gloser sur la question de l’inflation en citant certaines explications complètements délirantes, je me demande jusqu’à quand la bulle va grossir avant d’exploser. Est-il possible de décorréler un pur moyen, comme l’argent, avec la réalité de ce qu’il est censé s’adjoindre, soit l’économie réelle ? La crise de 2008 fut une sorte de boîte de Pandore à retardement, et nous sommes en train de vivre, aussi, l’impossibilité de vivre dans une société humaine harmonieuse qui pour le bénéfice d’une minorité remplace le réel par une pure fiction. Le gros souci de cette fiction, c’est qu’à présent, plus elle dure plus elle détruit, et nous commençons à peine à en recevoir les traites. Qui seront bien plus dures et insupportables, que les taux d’intérêts et le montant de la « dette ».

Alors, faut-il perdre tout espoir et crier au feu en s’agitant de partout, comme je semble le faire en écrivant ces lignes ? A vrai dire, il n’y a pas grand chose à faire quand on assiste à une sorte de névrose généralisée, notre société ne tient encore, par ailleurs, que par la croyance qu’elle promeut… mais qui s’effrite de jour en jour, de mois en mois. Il faut attendre la fin des grandes vérités, la fin des ayatollahs du bon sens, la chute des dogmatiques et des pragmatiques. Nous vivons une période d’intense clarification, où pointe, de manière très grandiloquente, la fin d’une civilisation. Comme si le bilan actuel, à tous les niveaux, pouvaient nous permettre de nous prétendre « civilisés », soit dotés d’une rationalité telle qu’elle impose l’idée irréfutable et intrinsèque d’un accomplissement. Non, s’il y a civilisation, il n’y a pas eu accomplissement, mais décadence. Je ne crois pourtant pas qu’il faille tout rejeter et détruire. Au contraire, nous avons encore le temps de prendre conscience de tout ce qui est juste et bon, de partir sur les bases saines de l’humanisme qui a notamment fait le bonheur de la France après la seconde guerre mondiale. Et faire en sorte, à l’avenir, de ne plus permettre que les mêmes errances reviennent encore polluer et corrompre la belle dynamique de la bienveillance et de la sagesse. Notre civilisation n’est pas en danger à cause de menaces plus ou moins exotiques, névrotiques et fictionnelles, mais bien de l’idée d’une bienveillance accessoire. Notre société ne s’écroulent pas parce qu’elle est attaquée de toute part, mais bien parce que nous la sabordons, foncièrement encouragés par des maîtres d’oeuvre dont les motivations ne sont clairement pas humanistes.

Il n’est pas possible de faire du malheur des autres la miraculeuse variable d’ajustement. Le bonheur sociétale ne peut être qu’un accomplissement collectif. Maintenant, le combat est simple, verticalité contre horizontalité. Si je ne peux, philosophiquement, omettre la possibilité d’une tyrannie éclairée, j’y postule bien moins qu’à celle d’une gestion démocratique et participative du peuple.

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La partie d’échec

Je fais une pause dans mes prenantes activités pour faire un petit point sur le changement de paradigme que nous ressentons tous à l’heure actuelle. Il est toujours difficile de considérer les choses avec abstraction, pourtant, il faut essayer d’y parvenir, sans se laisser embarquer par une sorte d’inertie irrépressible provoquée par l’adhésion, par la croyance, par l’acceptation, par la résignation parfois. Le monde change, et derrière ces termes, il y a tout une logique qui se met en place et qui redistribue les cartes. Notre pays, la France, n’est qu’une variable dans ce schème qui s’élabore peu à peu, jour après jour, et qui annonce de grands et terribles bouleversements.

Ce matin j’écoutais Régis Le Sommier s’exprimer sur l’échec de Poutine avec l’Ukraine. Je trouve cette vision des faits un peu simpliste, caricaturale, facile, et surtout très imparfaite. Comment définir, de nos jours, ce qu’est d’un point de vue géopolitique une victoire ou une défaite ? Limiter la réflexion sur ces deux possibilités c’est vraiment envisager le monde d’un point de vue naïf, car faussement définitif, faussement normaliste. Poutine et la Russie ont-ils vraiment perdu, ou sont-ils en train de perdre la guerre ? Est-ce, en soi, une guerre ? Oui, dans l’idée d’une agression d’une nation par une autre. Mais au-delà de ça, en filigrane, il y a toute une suite d’éclaircissements qui sont en train de se faire, notamment par rapport aux dépendances, par rapport à la réalité d’un pouvoir, par rapport à l’équilibre des nations les unes par rapport aux autres.

Si aujourd’hui certains voient dans l’attitude de Poutine un signe de faiblesse, un début de déclin, la réalité nous décrit surtout le rapprochement d’un bloc dont la configuration et la complémentarité dévoile déjà une supériorité économique indéniable. La Russie, la Chine, l’Inde, sont ainsi le nouveau Géryon qui fait de l’Europe la survivance d’un ordre ancien. Géryon dans la mythologie grecque est décrit comme « un géant triple », notamment vaincu par l’invincible Heraclès. Ce combat décrit une victoire par la force contre la force. Mais Heraclès restera dans le panthéon grec le seul hémithéos à avoir foulé le sol mythologique… en résumé, il est une exception, une anomalie presque, en tout état de cause une force inarrêtable, soumettant la nature et même les dieux (cf le dernier travaux et son affrontement avec Hadès) à sa volonté.

Face à ce Géryon qu’est le bloc précité, y a-t-il vraiment un Heraclès qui peut reproduire l’exploit ? Les Etats-Unis reviennent souvent comme attiseurs du conflit, selon l’idée acceptée et digérée que les guerres en Europe auront bénéficié à l’économie américaine, ce qui et indéniable. Mais la stagnation du conflit en Ukraine, voire le recul de la Russie, ne peut être interprété sérieusement comme une victoire. Ou alors à la Pyrrhus. Quoi qu’il advienne, l’artificialité de la construction européenne a surtout éclaté au grand jour, avec l’idée, pour encore utiliser la métaphore de la mythologie grecque, d’un tonnerre et d’un éclair sans la puissance de la foudre. Nous vivons, à l’heure actuelle, la confrontation de narrations qui veulent chacune redéfinir le monde pour le traduire selon sa vision. Jamais la question de la propagande n’avait autant pesé dans les débats avec la reconnaissance plus ou moins tacite de sa valeur stratégique dans la création et l’alimentation de croyances nécessaires à la bonne marche des systèmes. Ces croyances sont vulgairement qu’il n’y a pas de puissance sans fédéralisme, que les nations en tant que telles sont devenues soit obsolètes soit antinomiques à la compétitivité, que l’Europe peut peser dans le changement de paradigme mondial, que l’atlantisme est le seul rempart à ce changement de la balance des pouvoirs qui fait écho à un changement de statut des nations.

Le souci avec les croyances, c’est que leur existence, leur pérennité, ne résident que dans la réalisation plus ou moins permanente de ses effets. Et quand tout un fonctionnement systémique ne s’appuie que sur la circulation financière, elle-même le résultat d’une croyance qui a de plus en plus de mal à se corréler avec la réalité, le réel vient peu à peu parasiter les vérités provisoires pour dessiner un nouveau paysage, un nouveau monde, qui s’annonce à la fois effrayant et inquiétant… car virevolte finale à cette illusion d’un monde figé dans une sorte d’accomplissement idéologique et économique.

Nous sommes les pions dans une grande partie d’échec où les figures maîtresses bougent d’elles-mêmes, et ce serait encore bien naïf qu’il y ait simplement deux joueurs, face à face. Nous vivons la mondialisation dans sa concrétisation la plus redoutable, soit une entropie permanente et plus que compliquée à anticiper. Dans un monde où l’éthique est devenue une valeur secondaire ou pire, une faiblesse, il n’y a pas à compter sur la magnanimité ou la philanthropie. L’ambition des acteurs de cette partie, c’est bien la domination, la suprématie, purement et simplement. Et la base solide sur laquelle elles se réaliseront est simplement la réalité des ressources énergétiques et d’un potentiel marché plus ou moins autonomisé. En résumé, ce sont les dépendances qui vont définir les futures vassalités.

En France, nous assistons à une réelle et totale fracture sociale et il ne faut pas s’y tromper, sociétale. La croyance, une fois encore, est à la fois l’enjeu et le moteur des débats. Il y a une énergie de maintien qui tente de plus en plus désespéramment de contenir l’entropie inévitable d’un système de plus en plus dysfonctionnel. C’est une erreur, c’est une folie, de croire qu’il sera possible de contenir la violence et la colère populaire en lui opposant une sorte d’aveuglement illuminé. De cet autoritarisme un brin grotesque émerge un instant de survie qui se traduit par une politisation de plus en plus évidente des plus jeunes qui par la synergie des réseaux communicationnels s’amplifie de jour en jour. C’est amusant par ailleurs de constater la discréditation systématique des réseaux sociaux dans les médias, comme s’ils n’étaient que des places publiques nauséabondes et bassement populaires. S’il faut reconnaître la constante difficulté de la discussion démocratique, il faut aussi avoir l’honnêteté de constater l’éveil des consciences et l’acquisition de connaissances. L’accusation permanente de complotisme pour cataloguer perpétuellement toute opposition ou contestation ne suffit plus.

La partie d’échec est intense, à tous les niveaux. Le monde change. Nous en sommes à la fois acteurs et spectateurs, mais la multiplicité des sources d’information, l’accès jusque là inédit à des données de tout horizon, nous permettent aussi de ne pas subir une narration particulière. Au contraire, il faut les confronter pour en discerner les limites et les invraisemblances. Ou rester sur cette vision manichéenne du bien et du mal, des gentils et des méchants. Cette candeur, quoi qu’il en soit, ne peut perdurer que si les croyances subsistent, ce qui semble facétieux en cette période pour le moins apocalyptique*. Toutes ces crises sont autant de clarifications qui s’effectuent, qui se succèdent, nous demandant soit de nous maintenir dans l’illusion d’un statu quo ou l’acceptation d’une révolution.

*pas dans le sens de la fin du monde, mais du latin ecclésiastique apocalypsis, issu du grec apokalupsis : révélation divine.

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La question du jour

J’ai plusieurs sites actifs, dont deux blogs. Celui-ci me sert essentiellement de défouloir et d’atelier d’écriture. L’autre est associé à un projet créatif qui me tient à coeur et que je prépare à des desseins que je qualifierais pragmatiquement de « marketing ». Quelle ne fut pas ma surprise ce matin quand je découvris dans mes emails une demande de modération pour un commentaire écrit en alphabet cyrillique et donc incompréhensible sans l’aide précieuse du traducteur Google (utilisez Deepl pour vos efforts extralinguistiques, c’est quand même moins propice au gag involontaire). Le message, le commentaire initial, le voici :

Знаменитый писатель Лев Толстой заявлял:  » Люди, которые признают войну не только неизбежной, но и полезной и потому желательной, — эти люди страшны, ужасны своей нравственной извращенностью. » А Вы лично согласны с таким всемирно известным писателем ?

Sa traduction :

Le célèbre écrivain Léon Tolstoï a déclaré : « Les gens qui reconnaissent la guerre non seulement comme inévitable, mais aussi utile et donc souhaitable, ces gens sont terribles, terribles dans leur perversité morale. » Êtes-vous personnellement d’accord avec un écrivain aussi mondialement connu ? »

Je me suis donc longuement (2 minutes 30) interrogé sur la suite à donner à ce type d’injonction philosophico-morale au petit matin, sur un projet que je tiens à conserver dans une certaine forme d’apolitisme, parce que j’essaie de créer une oeuvre à destination du plus grand nombre (donc en évitant d’y mêler des problématiques qui teindraient l’oeuvre de thèmes à mon sens trop sérieux pour être traités finement dans ma vision fantaisiste, volontairement décomplexée). En même temps, hier même, je m’interrogeais à écrire un petit billet sur la dimension justement politique de mon récit. Elle existe, je l’évoque dès le premier volume, car de toute manière, du moment que vous mettez en scène une société, imaginaire ou non, vous ne pouvez éviter d’évoquer la dimension politique inhérente à toute notion de civilisation ou de culture. Il convient de se poser, de s’interroger deux secondes sur le sens du mot « politique ». Dans notre cher pays, qui aiment les mots sans chercher à les comprendre et à vraiment les connaître, qui adopte un logiciel en limitant la richesse sémantique au bénéfice d’une utilisation pragmatique, la signification des mots, leur signifiance profonde, est pour le moins minimale. Parmi les nombreux brouillons qui trainent dans l’arrière cour de ce blog, qui ne seront jamais publiés pour cause de nihilisme maladif ou simplement parce que je tiens à conserver une certaine neutralité sur certains sujets, il y en avait un sur l’importance des mots, de la langue française, dans ma vie. Je les aime, ces mots, je les adore. Je leur voue une adoration profonde, ils sont pour moi essentiels à mon bonheur, car ils sont l’âme mouvante de ma pensée. En apprendre, en connaître, les articuler, les associer, les interroger, font mon bonheur permanent. Donc, l’étymologie est une discipline qui est devenue pour moi une clé stratégique, une lumière révélatrice, qui procure une signifiance profonde. La signifiance est pour moi, par ailleurs, depuis tout jeune, la seule solution que j’ai pu trouver pour lutter efficacement contre un nihilisme envahissant et donc négatif. Quand rien n’a de sens, il ne vous reste plus qu’à en donner. Avec le temps, vous comprenez que tout est croyance, que ce monde pourtant bien réel, bien matériel, n’existe que par l’interprétation que vous en faites. Plus votre vocabulaire est dense, plus la signifiance est claire, plus le monde le devient. Il en devient parfois plus horrible, il en devient souvent insoutenable d’absurdité. Et par cette ambivalence qui est peut-être la caractéristique la plus ontologique des choses, il en devient aussi plus beau, car accessible, descriptible. Les mots désignent donc ce qui existent dans le dur, mais aussi ce qui est dans l’intangible. Du bonheur puissant de jouer avec idées.

Le mot « politique » a longtemps été pour moi ce qu’il est pour beaucoup de mes contemporains français. Une sorte d’adjectif abscons, désignant une chose informe faisant référence à des événements, à des personnes, à des actes, se situant dans une arène fantomatique appelée au choix démocratie, état, gouvernement, etc. Puis l’étymologie est venue à mon secours, comme souvent. Quand vous êtes autodidacte, quand on ne vous a pas fait profiter d’un héritage culturel prédigéré, préparé et structuré, vous choisissez des stratégies d’assimilation un peu barbares mais aussi très heuristiques. Politique, vient du mot « polis », en grec ancien « la cité ». Simplement, si simplement, la politique traite des choses de la cité. Donc, du moment que vous évoluez dans la dite cité, devenue conceptuellement société avec le temps, vous faites de la politique. Ce n’est pas une action aristocratique comme on s’ingénie à nous le faire croire. C’est simplement évoluer dans une société qui transforme chacune de nos pensées, chacun de nos actes, en choses politiques. Transgresser ou respecter des lois est foncièrement politique. Exprimer une opinion, un avis, discuter et échanger sur quelque sujet que ce soit, est un acte politique. Dans les faits, rien de plus vulgaire et de plus usuel que la politique : elle est inhérente à la vie en société, à la compagnie des individus qui forment un groupe.

Mon projet artistique, est donc en soi une oeuvre politique ; mais que je maintiens, volontairement, dans une intention inoffensive. Je ne crée par une métaphore d’une situation existante, même si je dépeins ce qui caractérise les relations humaines, soit la difficulté à établir un véritable rapport d’égalité dans des structurations sociales où inévitablement l’égocentrisme et l’individualité viennent perturber l’harmonie de la vie en commun. Donc ce commentaire m’a demandé un temps de réflexion pour savoir que faire, pour choisir la méthode d’y répondre. Mon caractère entier et bien malgré moi courageux, ne m’enjoint pas à choisir le silence facile, le silence lâche, le silence pratique, quand on m’interpelle. Mon intelligence me rappelle que céder à la provocation ou agir comme on l’attend de moi serait lui manquer de respect. Donc j’ai décidé de répondre ainsi, de répondre ici, même si je doute que mon interlocuteur, à moins qu’il soit sagace et qu’il se passionne assez pour moi pour s’intéresser à ma double vie (comme ce blog, au grand jour) prenne connaissance de mes propos.

Oui. Je suis totalement d’accord avec Tolstoï. Mais j’y mettrais un petit bémol, malgré tout. La guerre est une chose horrible, abominable, c’est la faillite totale de l’humanité réduite à la simple expression d’une violence intolérable. Ce n’est pas l’adjectif « inévitable » qui me fait admettre les propos de Tolstoï, c’est qu’il y adjoint les adjectifs « utile » et « souhaitable ». Oui, une personne qui donc estime que la guerre est à la fois inévitable, utile et souhaitable est plus que mon ennemie, elle est la négation de l’humanité la plus élémentaire. Un individu qui justifie la guerre par une dimension utilitaire, qui y trouve un intérêt (« souhaitable »), est à mon sens une abomination tant morale qu’intellectuelle.

Après, il y a malheureusement des guerres « inévitables ». Ce sont les plus tragiques, les plus déplorables, les plus décourageantes. Car elles supposent, en amont, que tout a été fait pour ne plus donner le choix à des êtres de justice et de paix que de prendre les armes pour défendre ce en quoi ils placent ce qu’il y a de plus sacré. Je hais la guerre, mais je la ferai pour défendre les idées qui m’animent et les idéaux auxquels je crois. L’histoire et ceux qui en obtiendront le bénéfice, après, la trouveront peut-être, à fortiori, utile et souhaitable. La révolution française aura été un bain de sang, un chaos terrible, un charnier et une folie sur lesquels écloront les plus belles fleurs idéologiques qui sont la fierté de notre pays. Le drame, c’est devoir à semer autant de haine et de souffrance pour en arriver là. Ne pas le déplorer, ne pas le regretter, ne pas nourrir un cynisme amer en constatant que de l’horreur naît la conscience de la beauté, de la bonté, de la réelle importance des choses, dénote une certaine bêtise existentielle. A moins qu’on ait pour nature de faire le mal, comment aspirer à la mort et la souffrance, comment les justifier comme destin commun ?

Je n’éluderai pas l’aspect fallacieux de la question par rapport au conflit ukrainien. Comme toujours, dans ce monde tristement binaire et manichéen, il faut choisir son camp. Qu’importe si tout est toujours plus complexe, si tout se nourrit d’une suite d’événements qui tracent la route où finissent ceux qui débattent pour s’arroger la couronne du bien et de la justice. Pour ou contre. Alors je le dis clairement, ami russe ou du moins slave, je suis contre cette guerre. Mais je ne suis pas contre toi. Je ne suis pas contre mon frère, qu’il soit russe, ukrainien, du Yemen ou de la Palestine, qu’il soit arabe, juif, asiatique, noir, bleu ou vert. Je rappelais hier à mon propre fils que je considère le concept de race pour l’espèce humaine comme une stupidité, comme un concept purement débile, pour signifier un ostracisme vulgaire et minable que jamais, jamais, je n’éprouverai ni ne partagerai.

Je pense que certaine guerre sont inévitables. Je pense que la résistance, mot que j’adore car il signifie le courage et la détermination de s’opposer, est un devoir. Je suis contre la violence, je suis contre l’injustice, je suis contre tout ce qui est mauvais et négatif. Mais il faut parfois se battre, il faut parfois faire face, faire front. Le conflit en Ukraine est déguisé, comme toujours, derrière des discours, des narrations, qui camouflent les enjeux géostratégiques, économiques et politiques. Nous sommes renvoyés, petites fourmis que nous sommes, à nous déchirer entre nous, à nous pâmer de grandeur et de lyrisme, ou à vociférer d’ironie en écoutant le chant hystérique des propagandes.

J’espère que le conflit en Ukraine se terminera très rapidement. Que les peuples ne seront pas instrumentalisés pour servir les intérêts politiques et économiques qui ne visent pas leur bonheur mais leur exploitation. Tolstoï dénonçait l’hypocrisie, le pragmatisme cynique de ceux qui déjà dans les tranchées de la première guerre mondiale ont trouvé un intérêt dans le commerce de l’armement. Le drame, c’est la rapacité humaine, c’est l’envie de domination qui caractérise notre espèce et qui nous entraîne régulièrement dans des moments de folie. Ce n’est même de la perversité morale, c’est de l’amoralité. On ne peut pas être pervers moralement, à moins de situer la moralité comme une chose protéiforme, convenant aux moeurs et aux intérêts d’un contexte précis. Pour moi, le bien est le Bien, le mal est le Mal, et la Vérité n’a qu’une majuscule ou n’existe pas. La moralité, c’est arbitrer constamment pour la réalité du bien, qui lui même s’appuie sur la notion de justice. Comme je l’expliquais à mes enfants, quand ils étaient petits, il est facile de répondre à la question du bien et du mal ; du moment que votre acte entraîne, d’une manière ou d’une autre, de la souffrance et de l’injustice, alors c’est mal. Vous pouvez vivre avec, vous pouvez vous mentir à vous même, vous pouvez déguiser la chose ou trouver toutes les justifications possibles, faire le mal c’est nuire à autrui, tout simplement. La vie n’est pas simple, et parfois il faut consciemment agir mal… c’est regrettable, c’est un échec moral. L’important étant de ne pas trouver ça normal ni, pour reprendre le terme de Tolstoï, « souhaitable ». Après, peut-être que l’écrivain russe croyait en une forme de croyance chez ceux qu’ils dénonçaient, leur prêtant une intégrité, une conscience (et donc une inconscience), les poussant et les motivant à perpétrer l’horreur d’une guerre… je ne crois pas en cette forme de candeur, je n’excuserai jamais ceux qui appuient sur le bouton en disant que c’est bien. Je suis de ceux qui sont révoltés, qui le seront toujours, en me rappelant les morts à Hiroshima et Nagasaki. Encore de nos jours, dans les livres d’histoires, dans l’esprit des gens, cet odieux crime contre l’humanité n’est pas dénoncé, n’est pas stigmatisé pour ce qu’il est. Pour le coup, c’était pourtant évitable, souhaitable et parfaitement utile de ne pas tuer de la manière la plus horrible, la plus cruelle, la plus terrifiante, de pauvres civils innocents. Et il m’est impossible de considérer que cette funeste décision ait pu donner lieu à la moindre interrogation morale car en vérité, si cela avait été le cas, elle n’aurait pas été prise.

Voilà, mon frère russe ce que je pense. Je pense aussi à mon frère ukrainien contre lequel tu vas peut-être devoir t’opposer. Je ne vous souhaite que la paix et la concorde. J’espère que vous retrouverez la voie de la fraternité, au-delà des questions de races, des questions de nation, des questions de religions, de toutes ces croyances qui nous divisent et nous font gaspiller nos vies précieuses dans des conflits vides de sens. J’espère que l’humanité ira à terme vers une voie de justice et de sagesse, je le souhaite et l’ai toujours souhaité ardemment. De ma vie entière, malgré la colère qui souvent m’a animé, je n’ai jamais haï personne, c’est une émotion que je ne comprends pas car elle m’imposerait quelque chose dont je n’ai jamais voulu, même dans les pires moments de ma vie. Je ressens de la miséricorde et de la peine pour tous ceux qui seront victimes de ces conflits, pas seulement en Ukraine, mais dans tous les territoires du monde.

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Le refuge de la culture

Ce matin, réveil confus et grand vent. Pour ma nature un brin hyperactive, c’est étonnant l’hébétement, ça me plonge toujours dans une longue introspection afin de comprendre les raisons de la torpeur. J’allume la télé, réflexe d’habitus se rappelant d’un temps où ma mère allumait dès le réveil la radio. Je n’ai jamais vécu dans le silence en état de veille, il y a toujours eu du bruit, en fond, pour chasser du vide par la présence du son. Je tombe sur les recommandations de vidéo de Youtube, qui a beaucoup de mal à me profiler quelque chose de viable car à vrai dire je regarde beaucoup de chaînes sans vraiment adhérer à quoi que ce soit. Dans le tas, je découvre la dernière création de Planète Raw, qui évoque la découverte d’une ville disparue aux alentours de Jérusalem remontant à – 10 000 ans avant JC. J’aime bien l’auteur de cette chaîne, car je me sens très proche de lui par rapport à la doxa sur l’archéologie. Si je reconnais humblement l’autorité des chercheurs de la discipline, je connais assez bien la nature humaine et la tentation du dogmatisme pour me méfier, un peu, des certitudes. Une attitude exigeante pour soi-même, car récuser les certitudes des experts c’est aussi admettre sa propre disqualification en tant qu’amateur. Un avis ou une opinion sont choses personnelles, mais c’est aussi la clôture du royaume de l’individualité. En ces temps où s’imposent constamment des vérités temporaires mais indiscutables avec la menace du couperet ignominieux de la dissidence (j’aime faire des phrases pompeuses et « soutenues » comme le disent mes enfants le dimanche matin au réveil), cette réflexion me frappe. Mais je me rassure aussitôt, me rappelant la fonction purement et illogiquement personnelle de ce blog qui reste et demeure un journal intime à ciel ouvert. Des fois je me dis que certains peuvent tomber dessus et lire mes divagations. Il apparaît sur mon CV, cet état civil officiel qui rappelle le parcours glorieux du travailleur combattant dans la grande scène du libéralisme triomphant. C’est amusant comme même la valeur d’autrui peut se limiter à une énonciation de faits, comme s’il était possible de discerner le caractère et les compétences d’une personne (mot toujours aussi ironique en soi) sur un inventaire chronologique. Je me rappelle, il y a quelques années, cet échange improbable avec un recruteur qui s’amusait de voir que dans mes loisirs j’avais osé mettre « littérature et cinéma ». Il se gausse, ricane, et me déclare que tout le monde met ça, induisant au passage que c’est du bluff (et que ça dénote de ma part une sorte de vide, car pour n’avoir pas spécifié le bondage ou la collection de petites voitures, je dois être bien fade au quotidien). Je l’assure de ma prétention et lui permet de tester ma (petite) culture dans les deux domaines, gentil défi qu’il n’acceptera pas. Peut-être, me dis-je, avec ce blog au style si peu « web » et à la volonté si peu « commerciale », trouverais-je en un juge sagace la preuve qui me libérera de la sempiternelle justification, passage obligé de cette société où le mensonge est devenu une norme, le pouvoir en étant la relative force de persuasion et d’acceptation. On ne dispute pas les mensonges des élites, on se dit qu’ils ont leurs raisons et qu’après tout, c’est pour notre bien. Oui, du déni et de l’obéissance comme nouvelle philosophie c’est pas mal aussi.

Retombant sur mes pattes comme le chat de ma fille squattant mon canapé comme chaque matin, je reviens donc au sujet de ce billet, la culture comme refuge. Après Planète Raw, je zappe rapidement entre révolte ou soumission au Passe Vaccinale, les petites évolutions de la campagne présidentielle, une petite vidéo qui m’explique comment me face lifter avec du maquillage (Google, tu es sûr que tu as vu ça dans mes recherches ? Où alors dans ton algo tu as mis mon âge avec dans l’équation l’angoisse du passage du temps et les lents ravages de la gravité ?), du cinéma, de la musique, du jeu vidéo, et un truc qui m’étonne un peu (parfois on se demande si Google n’espionne pas un peu avec le micro mdr), les « petits secrets du miel industriel ». Puis je me rappelle qu’il y a quelques jours j’ai fait une recherche pour comprendre pourquoi mon miel avait commencé à se durcir, phénomène attestant, apparemment, de sa qualité d’élément « vivant ». Bon, c’est de bonne guerre Google, je ne t’en veux pas de regarder un peu au-dessus de mon épaule, n’oublions pas la « gratuité » de tes services si précieux. En bref, je m’use à muser sans m’amuser, et je me retrouve, pantelant, encore hagard (après l’hébétude la confusion), à me demander en quoi me plonger en ce dimanche matin de perdition morale et intellectuelle (il faut toujours mettre un peu de lyrisme dans sa vie). Je vois mon providentiel Chromebook (tu vois Google que je t’aime) et je le déploie comme les ailes d’un ange gardien électronique (adjectif qui se kitschise à grande vitesse donc je l’aime bien du coup) pour me sauver (un peu). Et je tombe sur une recherche faite il y a quelques jours, pour mon travail de créatif/artiste que je n’aborderai jamais ici (la schizophrénie professionnelle obéit à quelques règles bien strictes), concernant un poète que mon grand-père maternel citait souvent avec l’emphase élégante et savoureuse qu’il aimait adopter quand il citait des vers ou une citation bien amenée. josé-Maria de HEREDIA. Il y a presque 30 ans (mon âge ou presque, à quelques mois près), je me suis donné un petit but, une petite routine, que j’ai respecté peu ou prou : chaque jour, assimiler une nouvelle information. N’y voyez pas une pulsion à l’ambition démesurée, pour moi ça pouvait se limiter à un simple mot jusqu’à l’apprentissage complexe d’une alchimie culinaire (ou recette de cuisine pour faire, un tantinet, dans la simplicité). Avec le temps, l’air de rien, cette petite décision a quand même eu des conséquences surprenantes. Par exemple, celle de découvrir ce poète d’origine cubaine, que par manque de curiosité, j’avais classé dans un obscur placard de références biaisées. Pour moi, c’était un poète espagnol, du 16ème siècle (mon grand-père citait toujours des vers des « Conquistadors », ce qui automatiquement, par déduction géniale, me l’avait rendu contemporain de Christophe Colomb et la découverte des Amériques – tiens, je vais m’écouter rapido Joe Dassin après ce billet, ça me fera une madeleine de quelques minutes), et vu que j’aime Victor Hugo qui sera définitivement le poète classique dont l’adoration déclasse immédiatement tous les autres dans la colonne des amateurs, je n’avais jamais pris le temps de me pencher davantage sur la question. Mais pour le boulot, donc, j’ai fait une recherche, et j’ai eu la terrible surprise de tomber sur un autre poème dont la beauté m’a quelque peu interrogé. Ce ne fut pas une interrogation violente et si brutale qu’elle vous entraîne dans une exaltation subite. Comme souvent chez moi, ce fut une lente sédimentation, un peu comme une graine plantée qui pousse dans un coin obscure de la psyché, se transformant en tronc d’arbre que vous prenez en pleine poire un dimanche matin en vous demandant comment ce truc a pu pousser si vite. Je me rends donc sur Wikipédia qui, quoi qu’en disent les contempteurs faciles, reste une source d’informations vitale et précieuse dans cette vaste toile de copypaste fallacieux (je crains plus les copypasta que les creepypasta… ok, j’arrête l’humour ce matin, promis !), et je découvre un homme au parcours étrange et bien loin du portrait que j’avais hardiment créé. J’ai ouvert la porte de la culture, pas celle qui fait raidir le petit doigt en prenant le thé, celle qui vous démontre toute la richesse d’un monde qui vibre d’individus, d’anonymes, source de joie et de beauté. En ces temps tristes et moroses aux constants refrains d’idéologie libérale sur le déclin, la culture demeure l’oasis éternel où retrouver un peu de foi, d’inspiration, de joie et de plaisir. Etant passionné par l’information, plus par nature que par choix, je sais la différence entre une donnée et une pensée. Il n’est rien de plus agréable que de lire un poème, un dimanche matin, de se laisser emporter quelques secondes dorées dans le verbe d’un homme qui a vécu et laissé ces quelques mots comme autant de pépites éternelles, dans la vaste étendue du dévorant et toujours grandissant oubli.

Du refuge de la culture. Et de l’écriture, ça fait du bien.

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Les sermons de minuit sur Netflix

Quand je suis sur une plateforme de SVOD je suis tour à tour perplexe, confus, puis découragé. Pourquoi ? Car la visualisation, par vignettes, des « produits » culturels, ne me procure que de l’image là où j’attends du sens, du conseil, du résumé, en bref, de quoi savoir ce dans quoi je m’apprête à me lancer. Je surfais donc nonchalamment ces jours derniers, quand je vis ce titre à la vignette peu inspirante. En cliquant un instant je vis quelques noms magiques ; d’abord celui de Mike Flanagan, puis celui de Stephen King. J’ai un grand regret en ce début d’année, de ne pas avoir vu Doctor Sleep que beaucoup de critiques ont fini par consensus à saluer, juste parce que j’ai encore commis l’erreur de me faire attiédir par une impression partisane avant la sortie du film (du genre « après Kubrick, c’est mort ») et parce que j’ai le réflexe, depuis l’adolescence, de me défier de tout ce qui est trop populaire/populiste… deux attitudes qui ont retardé souvent ma découverte de purs chef-d’oeuvres, bien que durant très longtemps, les préconisations de la revue Madmovies furent une boussole solide. Je trouve à présent, et de manière générale, dans la presse mais aussi sur le web, que la subjectivité prend trop de place – même si le fait d’apprécier une oeuvre doit compter, la reconnaissance de ses valeurs intrinsèques comptent également ; un bon critique ne doit pas dire s’il a aimé un film, mais s’il est possible que le récepteur de son avis puisse l’aimer, en énumérant les qualités visibles, les thématiques, les originalités, etc. Me vient l’exemple de la critique récente d’un film qui ne l’est pas, par ce cher Simon, Jupiter ascending, sur Youtube. J’ai commencé à écrire un commentaire argumentant mon propre point de vue, et finalement je ne l’ai pas publié (pourtant il faisait trois pages, comme tous mes commentaires par ailleurs – que voulez-vous, j’aime écrire, j’aurais beau le répéter il y en aura toujours qui ignoreront cette logorrhée fulgurante qui me caractérise à la vie comme à la scène). La raison étant qu’au moment de valider l’envoi de mon opinion (toujours) éclairée (par une supernova, au moins), je me suis dit que ce ne serait pas une bonne idée, finalement, d’intervenir dans une exercice de célébration que je trouve un peu pervers (que je qualifierai avec un brin de facétie de réhabilitation par excès de ferveur personnelle). J’ai une philosophie (parmi une pléthore), qui est de ne jamais gâcher le plaisir d’autrui ; si je n’aime pas quelque chose, si je suis d’avis contraire, tant qu’il n’y a pas un discours politique ou idéologique, mon réflexe est de fermer ma grande gueule et ne pas parasiter le bonheur des autres. Ce n’est même pas de la tolérance, quel vilain mot, c’est juste qu’un tout petit pas vers la sagesse élémentaire que d’avoir conscience que notre individualité n’est pas une référence… enfin, je ne me perdrais pas encore dans les ramifications de mes digressions, il suffit de voir un chef d’oeuvre comme le Goût des autres de Jaoui/Bacri pour s’éduquer un peu sur la question.

Mais, et c’est le lien avec ma digression, je n’ai rien vu passer sur les Sermonts de minuit. Rien dans le Mad Movies du mois dernier, rien sur Youtube, alors que pour les deux séries Haunting y avait quand même pas mal de monde pour commenter, encourager, plébisciter ou contester. Mais là, rien, plein feux sur Matrix 4, plein feux sur Spiderman, mais que dalle sur la nouvelle production/réalisation de Mike Flanagan. Un peu surpris, beaucoup curieux, j’ai lancé la mini-série, et là un petit bijou, encore (j’ai adoré les deux saisons de the Haunting), avec une intrigue très « kingienne » (petite bourgade ricaine, suite de petits portraits typiques, plein d’anti-héros masculins, des femmes fortes (oui, King n’a pas attendu le néo féminisme pour faire de magnifiques héroïnes), des figures religieuses), en bref, c’est plein d’humanité, d’émotions, magnifiquement mises en images par Flanagan, bien joué par des acteurs parfaits (syndrôme American Horror Story, avec le retour de certains acteurs de the Haunting (1 & 2)… en bref je me régale et je me bingwatch le tout (en trichant pour fêter le 31 et dormir un peu mais j’ai fini ce matin au réveil) et là ce qui me frappe, c’est la raison pour laquelle il y a cet étrange silence autour de la série. L’analogie avec ce qui passe avec le/la covid, le vaccin, le passe sanitaire… quand on voit que l’intrigue, finalement, nous parle d’une croyance détournée pour imposer à une communauté des certitudes qui finissent par la détruire… je me doute que ça devient politique sans le vouloir !

Pourtant, il faut regarder la série en se libérant de tout ce climat anxiogène. Il est question de foi, il y a une très intelligente réflexion sur les religions et notamment un passage où le shérif de confession islamiste, fait la promotion de sa foi sans nier celle des autres ! Ce qui me rappelle mes échanges avec des amis musulmans, il y a quelques années, quand je leur avais demandé pourquoi ils étaient devenus musulmans (l’un était arabe, ingénieur, l’autre d’origine française, converti) ; le premier m’avait répondu que comme pour un programme (il était ingénieur en informatique) il avait choisi la version la plus récente (!) et l’autre m’avait confié, de manière énigmatique et stimulante qu’il y avait des vérités cachées (codées) dans le Coran. Etant profondément laïc, je suis paradoxalement pour la totale liberté religieuse. Il faut créer au sein de nos espaces publics ces dialogues autour des croyances, sans les imposer, sans en faire la promotion. Même quelqu’un de profondément athée ne doit pas imposer sa certitude et finalement un certain fanatisme (comme si ne croire en rien était une preuve d’intelligence). La série présente ces thématiques de manière humaniste et brillante, car si au prime abord on pourrait interpréter le récit et sa résolution comme une charge contre la foi, elle est surtout la dénonciation des certitudes par la religion.

J’ai été personnellement très touché par la conclusion de la mini série en sept épisodes, que j’ai trouvé belle, très réussie, poétique, symbolique, puissante. Ma réflexion, proférée à voix haute (oui, je suis fou comme disait ma défunte maman, je parle souvent tout seul) c’est que j’adore les ténèbres mais jamais je ne pourrais me passer de la lumière du jour. Tous ces personnages, à la fin, qui se tournent vers le soleil, comme présence divine symbolique, procurent à l’histoire une dimension mythologique. La thématique de la lumière, sa perception, est par ailleurs poétiquement illustrée et finement traitée.

Bon, bonne année 2022 (j’ai failli oublié, mais parler de soleil vient de me rappeler que tout ça clôt une pleine révolution autour de son auguste personne) et n’hésitez pas à voir cette série, elle est juste stimulante, un nouveau coup de maître de la part de Mike Flanagan qui réussit vraiment à saisir l’essence des oeuvres du grand King.

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Le syndrome de la Tour de Babel

Je me suis réabonné à Netflix. Après, j’ai été un des premiers abonnés. J’ai tout de même 4 chromecast à la maison, dont 3 maintenant qui sont stockés dans la réserve du matos informatique que je me suis constitué depuis 20 ans. Mais je suis passé il y a un peu plus de deux ans à ce petit bijou de Nvidia Shield qui me sert de caster à tout faire (Netflix, Prime, Youtube, Steam, etc.).
Bref, je me suis réabonné à Netflix. J’ai des petits coups de nerf parfois, je suis de ceux qui prennent des mesures radicales et un peu brutales quand ça me gonfle. Là c’était un film inepte (mais alors à un point), où on voyait un jeune couple emménager dans une maison pour régler des petits problèmes d’adultères (sic) provoqués par des petits comportements dysfontionnels (sic) eux-mêmes causés par des petits comportements moralement odieux (sic) faisant l’écho à tous les problèmes de l’humanité car dans la dite maison la même histoire avait presque déjà eu lieu (sic sic sic). Ecrit comme une suite de clichés et d’archétypes confinant presque à la blague lourde (perso j’aurai appelé le film « la valse des égocentriques »), le coup de grâce d’Aftermath (c’est le titre du truc : « Conséquence » en français, donc… oui, il y a un peu de philosophie de comptoir là, après c’est juste du fait divers sensationnaliste, ne rêvez pas) résidait dans sa conclusion qui se permettait, l’air de rien, une petite déclaration politique bien vacharde. Encore en bref, il y avait cette dureté pragmatique qu’on bouffe actuellement de partout de la part de tous ces gens qui savent comment régler les problèmes (notamment avec les « intrus » qui violent notre territoire). Qui savent comment traiter tous ceux qui nous empêchent de vivre notre petit bonheur matérialiste avec leurs drames à la con et leurs pathétiques destins d’inadaptés sociaux. Là, j’ai senti que les auteurs et Netflix me disaient sans prendre de gants que je n’étais plus la cible. Trop vieux, trop idéaliste, trop humaniste peut-être… ou alors plus jeune, pas assez cynique, pas assez dur peut-être. J’ai trouvé les « héros » odieux (mais c’est quoi ces gens qui pensent régler des histoires de trahisons en s’achetant une baraque ?!), invraisemblables (« l’héroïne » immensément talentueuse avec son atelier mode) et vertigineusement creux (à la fin on vend la baraque, comme ça plus de névroses et de soucis). Un film poubelle, un film miroir d’un certain état d’esprit, avec un discours à la fois antisociale et anxiogène… qui m’a motivé à me désabonner comme une grosse goutte d’eau splotchant dans un vase déjà trop plein.

Puis, j’ai vu passer les critiques ciné de « Don’t look up » un peu partout. Des bonnes, des qui te poussent à remettre en question tes grands serments, qui te font philosopher sur l’extrémisme du mot « jamais », qui te chuchotent à l’oreille que y a que les cons qui changent pas d’avis… et même si tu sais que es perdu pour la cause car tu n’as plus d’illusions sur toi-même, petite chose humaine perdue parmi une pléthore d’autres petites choses humaines, tu finis le dimanche soir à repartir pour un tour, histoire de voir un film au prix d’une place de ciné (puis ils m’ont tous saoulé avec Squid Game, et après deux ans d’attentes j’ai vu qu’il y avait de nouveaux épisodes de Jojo’s). Et j’ai vu le film. Et avant de me mettre au boulot (je piaffe d’impatience après tous ces mois de labeur incessant), ce matin je me lève et j’écoute la critique sur la chaîne Youtube de France Culture. Et donc ça me motive à balancer à la volée ma propre impression.

J’ai un cerveau étrange, une sorte d’organisme indépendant qui vit sa propre vie. Donc, je regardais la critique (avec le son, hein, ne commencez pas à dire que je faisais preuve d’inattention), quand une petite musique a commencé à résonner (j’adore toujours l’homonymie avec « raisonner ») dans mon crâne, devenant un petit peu entêtante alors que j’entamais mon deuxième café. M’attardant un instant à identifier la mélodie trublionne, je me rendis compte, effaré (j’ai envie de sortir plein de termes décalés ce matin, c’est mon coté facétieux qui se déchaîne), qu’il s’agissait de « Land of Confusion » de Genesis.

Petite madeleine de Proust surprise : on est en 1986, et je vais m’acheter le 33 tours du dernier album de Genesis, « Invisible Touch ». J’aime tellement cet album que je n’hésiterai pas à l’offrir, quelques mois plus tard, à un copain pour son anniversaire. Un petit bijou, il m’arrive encore d’écouter souvent le morceau « In too deep » que je viens par ailleurs de remettre en fond sonore avant d’achever cette phrase . Mais ce matin, c’était le morceau précédemment cité qui m’était venu en « commentaire », « Land of confusion ».

A ce moment précis de ce billet intempestif, je suis à la croisée des intentions et des sensations. Je regarde l’heure et je me dis qu’il serait peut-être temps de m’y mettre (au boulot), enfin si je veux accomplir la tâche de la journée (baptisée pragmatiquement « faire le fond des cases »). Je me dis que j’ai déjà écrit beaucoup, ce qui n’est pas un souci en soi, mais qui ne mène à rien dans cette idée d’un lectorat souffrant d’un déficit permanent d’attention et donc d’intérêt (φ(k) = At), et que finalement la pirouette stylistique et critique pourrait s’accomplir, non sans brio, en explicitant le titre de ce billet et en expliquant la référence musicale. Dont acte, je vous ai déjà donné tous les gages de mon génie et la profondeur de mes références culturelles. Comme je l’explique régulièrement à ma fille, elle-même dans la « com’ », « interroges-toi toujours sur l’intention ! » – et vous, esthète de la forme, contemplez cette savante utilisation des guillemets français et anglais dans une même phrase).

Dont acte : Don’t look up est dans la lignée du titre de Genesis (paroles + clip : souvenir de l’émission Spitting Images qui étaient la version enragée des Guignols de l’info outre atlantique) la démonstration du syndrome de la Tour de Babel. Où quand une volonté supérieure s’ingénie à semer la division par l’entremise de la confusion et de la dissonance, qui s’incarnent dans le chaos politique et sociétale (que seule la parodie, la caricature, peut synthétiser dans une oeuvre de fiction). Ne plus parler la même langue, c’est ne plus se comprendre, c’est aussi ne plus s’écouter. C’est l’échec de la synergie sociale, sociétale, qui signe le début de la fin. Sur France Culture ils ont bien tourné dans le bocal mais il manquait, à mon sens, cette petite précision qui résume tout. Le film ne parle pas tant de fin du monde, n’est pas tant la caricature ou la parodie de notre société ultra médiatique et corrompue (j’ai un article plus sérieux en brouillon que j’ai intitulé « la guerre des alétheia » qui sortira peut-être un jour – oui, je sais, vous avez hâte), que le constat désenchanté de cette impossibilité, de plus en plus nette, d’une concorde. Dans le récit biblique, la construction de la tour est interrompue, empêchant l’homme d’égaler Dieu. Et Dieu symbolisant l’éternité, il n’y a plus que la mort à la fin du récit, celle qui emporte tout.

Conclusion vertigineuse, dramatique et un poil émouvante qui va clore ce billet sur une note heureuse et optimiste.

Et Joyeux Noël (au sens païen ou non, restons insolemment laïc) au passage (mdr).

Note : la chronique de France Culture et le clip de Genesis – oui, citons les sources (et ça fait des illustration habillant de manière ludique et colorée ces grandes pages blanches remplis de verbiage).

Don’t look up – Teaser in french by Netflix
La chronique de France Culture
Land of confusion
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