LĂącher prise

Toujours tenir
Jamais faillir
C’Ă©tait mon mot
D’ordre
Avant
Maintenant
Partir
Fuir
LĂącher
Prise
Mots
D’ordre
Et de raison
Face Ă  l’inutile
Ne plus opposer
Une absurde résistance
Ne plus répondre
Aux attentes
Imprévisible
Lùche impétueux
Sachant
LĂącher
Sans scrupules
Ni tourments
La douce sensation
De la chute
Libre
Nuque relùchée
Front dégagé
Yeux clos
Abandon
Perdre l’obsession
De l’emporter
LĂącher
Le fardeau
Garder
Sa force
A embrasser
Le vide
A remplir
Libérer mes mains
DĂ©plier les phalanges
Oublier la pression
Des rĂȘves d’antan
Des envies d’avant
Un phénix blanc
DĂ©vorant
Le firmament
Une plume d’argent
Ballotant au vent
Chutant
DĂ©licatement
Doux sifflement
D’une bise Ă©trange
Soudain
J’air
Au gré du vent
Enfin
Serein
SĂ©raphin
Flamme douce
Étincelle
Fugace
Virevolte
Et s’Ă©teint.

Wasting my young years

Une guerre, des jeunes hommes et femmes qui partent sur un champ de bataille sans comprendre ce qui les attend vraiment… Apprentissage de la violence, de la mort, de l’absurde. Gaspillage de temps, d’une jeunesse qui s’envole. Je travaille sur ce projet, ce pitch, et la chanson de London Grammar me permet de m’immerger dans l’ambiance parfaite pour saisir le nihilisme inhĂ©rent Ă  la situation.

L’album de ce groupe sur itunes

L’Ă©nigme de Gustave DorĂ©

Je suis allĂ© faire un tour au MusĂ©e d’Orsay durant mes derniĂšres trop courtes vacances, et j’ai pris vulgairement un pied d’enfer dans ce lieu qui est devenu tout bonnement magique. J’y Ă©tais allĂ© une derniĂšre fois en 1997, et presque 20 ans plus tard, les progrĂšs rĂ©alisĂ©s notamment dans l’amĂ©nagement de l’espace et la gestion de la lumiĂšre sont juste fabuleux. Que dire sinon que j’ai blindĂ© mon tĂ©lĂ©phone de photos et de vidĂ©os, et notamment une toile de Gustave DorĂ© que j’ai dĂ©couvert, intitulĂ© « L’Ă©nigme ». Je connaissais l’artiste par ses gravures, mais le peintre m’a vraiment bluffĂ©, et cette toile notamment dĂ©gage une puissance et une mĂ©lancolie tout Ă  fait particuliĂšres. Qui est cet ange qui jette un regard implorant, presque tendre, Ă  ce sphinx sorti des Ăąges et des temps mythologiques ? J’ai vu les commentaires, les interprĂ©tations, les critiques, mais personnellement c’est ce lien Ă©trange entre l’ange figure omniprĂ©sente des religions monothĂ©istes (en tant que messager d’une autoritĂ© divine omnipotente) et le sphinx, chimĂšre ambiguĂ« d’un univers polythĂ©iste dont la raison semble dĂ©fier celle des hommes arrogants qui s’y confrontent.

Encore, j’y retrouve la confrontation entre l’homme et la bĂȘte, entre l’ange et le monstre. EntourĂ©s par les corps inertes d’une humanitĂ© agonisante ou morte, les deux acteurs semblent mutuellement se poser une question dont ils ne possĂšdent pas la rĂ©ponse. Absurde dialogue qui renvoie Ă  l’inanitĂ© d’une humanitĂ© vouĂ©e Ă  dĂ©truire. Encore, j’y vois un amour Ă©trange entre deux ĂȘtre que tout oppose, tant les gestes trahissent la tendresse. L’ange et le sphinx se regardent l’un l’autre, plongent en eux-mĂȘme. L’Ă©nigme ultime Ă©tant de se demander ce qu’ils voient dans le reflet de leurs regards dĂ©sabusĂ©s.

1° Ayant la flemme de rĂ©cupĂ©rer les photos de mon mobile, je vous mets ci-dessous une video youtube sur Gustave DorĂ© rĂ©alisĂ© par Lorenzo Papace & Vincent Pianina par rapport Ă  une exposition sur Gustave DorĂ© qui eut lieu en 2014 – c’est beau, la musique de Ödland est hypnotique, ça vous fera du bien.

2° En mĂȘme temps que j’Ă©cris ces lignes, j’entends sur la chaine 23 que l’Ă©mission Alien theory parle juste du Sphinx de Gizeh – donc je vais m’arrĂȘter de surfer pour poser ma rĂ©tine sur les leds surchauffĂ©es de ma tv. Personnellement, aprĂšs moult lectures sur le sujet, j’ai l’impression que c’est davantage un bĂątiment qui a Ă©tĂ© sculptĂ© antĂ©rieurement qu’une bĂȘte sculpture monumentale d’un monstre mythologique. Ça frappe personne que des gars qui ont construit les plus immenses bĂątiments de l’histoire utilisaient des dessins comme toute Ă©criture…

Lost on you

Que reste-t-il d’un amour perdu, des annĂ©es aprĂšs ? De ces moments d’errance, se cherchant soi-mĂȘme Ă  la pĂ©riphĂ©rie de cet autre, tant fantasmĂ© ?

Mon coup de cƓur du WE, un peu Ă  la bourre car ça fait quelques mois que je l’Ă©coute, mais il faut le bon moment d’une chaude nuit (de fin) d’Ă©tĂ© pour marquer le coup, hantĂ© par quelques souvenirs tenaces… malgrĂ© le temps qui passe.

Plus bas, les belles paroles de cette chanson de Laura Pergolizzi  (LP) disponible(s) sur Google Music, rapidement traduites, parce que j’ai trouvĂ© des interprĂ©tations… spĂ©ciales. Le plus dĂ©licat concerne l’interprĂ©ation du « on » – en, pour, avec… pour moi c’est cette confusion qui rend la chanson profondĂ©ment Ă©mouvante, car l’ĂȘtre aimĂ© est Ă  la fois le but et le dĂ©tenteur de cet amour dont il ne reste que des braises falling, tender…

When you get older, plainer, saner
Quand tu deviendras plus vieux, plus lucide, plus raisonnable
Will you remember all the danger
Te rappeleras-tu tous les dangers
We came from?
D’oĂč nous venions (que nous avons rencontrĂ©)
Burning like embers, falling, tender
Brûlants comme des braises, qui tombent, tendrement
Longing for the days of no surrender
Nostalgie des jours sans reddition
Years ago
Des années de ça
And will you know
Et sauras-tu (?)

So smoke ’em if you got ’em
Alors fume(consume)-les si tu en as
‘Cause it’s going down
Car ça s’en va

All I ever wanted was you
Tout ce que j’ai toujours voulu c’Ă©tait toi
I’ll never get to heaven
Je n’irai jamais au paradis
‘Cause I don’t know how
Car je ne sais pas comment (y parvenir)

Let’s raise a glass or two
Levons un verre ou deux
To all the things I’ve lost on you
À toutes les choses que j’ai perdues en/pour toi
Oh-oh
« 
Tell me are they lost on you?
Dis-moi, sont elles perdues en/pour toi ?
Oh-oh
« 
Just that you could cut me loose
Juste que tu pourrais me mettre en piĂšces (me couper en vrac)
Oh-oh
« 
After everything I’ve lost on you
AprĂšs toutes choses que j’ai perdues en/pour toi
Is that lost on you?
Est-ce perdu en toi ?

Oh-oh-oh-oh, oh-oh
« 
Oh-oh-oh-oh
« 
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?
Oh-oh-oh-oh, oh-oh
« 
Baby, is that lost on you?
Baby, est-ce perdu en/pour toi ?
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?

Wishin’ I could see the machinations
Souhaitant que je pourrais voir les machinations (calculs)
Understand the toil of expectations
Comprenant la pénibilité des attentes
In your mind
Dans ton esprit (dans ta tĂȘte)
Hold me like you never lost your patience
Tiens-moi comme si tu n’avais jamais perdu patience
Tell me that you love me more than hate me
Dis-moi que tu m’aimes davantage que tu me hais
All the time
Tout le temps
And you’re still mine
Et tu seras encore Ă  moi

So smoke ’em if you got ’em
Alors fume(consume)-les si tu en as
‘Cause it’s going down
Car ça s’en va
All I ever wanted was you
Tout ce que j’ai toujours voulu c’Ă©tait toi
Let’s take a drink of heaven
Prenons un verre de paradis
This can turn around
Ça peut s’amĂ©liorer

Let’s raise a glass or two
Levons un verre ou deux
To all the things I’ve lost on you
À toutes les choses que j’ai perdues en/pour toi
Oh-oh
« 
Tell me are they lost on you?
Dis-moi, sont elles perdues en/pour toi ?
Oh-oh
« 
Just that you could cut me loose
Juste que tu pourrais me mettre en piĂšces
Oh-oh
« 
After everything I’ve lost on you
AprĂšs toutes les choses que j’ai perdu en/pour toi
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?

Oh-oh-oh-oh, oh-oh
« 
Oh-oh-oh-oh
« 
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?
Oh-oh-oh-oh, oh-oh
« 
Baby, is that lost on you?
Baby, est-ce perdu en/pour toi ?
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?

Let’s raise a glass or two
Levons un verre ou deux
To all the things I’ve lost on you
À toutes les choses que j’ai perdues en/pour toi
Oh-oh
« 
Tell me are they lost on you?
Dis-moi sont-elles perdues en/pour toi ?
Oh-oh
« 
Just that you could cut me loose
Juste que tu pourrais me mettre en piĂšce
Oh-oh
« 
After everything I’ve lost on you
AprĂšs toutes les choses que j’ai perdues en/pour toi
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?
Is that lost on you?
Est-ce perdu en/pour toi ?

Written by Laura Pergolizzi, Nathaniel Campany, Michael Gonzales ‱ Copyright © Warner/Chappell Music, Inc, Universal Music Publishing Group

Disponible ici, entre autres…

Et si vous voulez vraiment dĂ©couvrir Ă  quel point Mademoiselle Pergolizzi est talentueuse, la version en live est juste bouleversante…

Un ange passe…

Je ne peux qu’adorer le titre de Coldplay, Hymn of the Weekend, car j’ai vĂ©cu exactement ce qui est racontĂ© dans cette chanson. Si je me targue de possĂ©der une vĂ©ritable spiritualitĂ©, je suis trop libertaire pour m’en remettre aux codex simplistes des diffĂ©rentes religions qui composent notre horizon mĂ©taphysique. Mais une fois, Ă  un moment crucial, j’ai fait/eu un rĂȘve vraiment Ă©trange et pĂ©nĂ©trant, pour paraphraser le poĂšme de Verlaine, qui m’a littĂ©ralement galvanisĂ©.

When I was hurt, withered, dried up
You came to rain a flood

Elle m’a juste dit quelques mots… et encore maintenant, quand j’ai un moment de blues, ces paroles me donnent encore la force de me relever et d’avancer. Je n’ai malheureusement pas de certitudes, ou d’explications Ă  fournir concernant cette expĂ©rience. Mais la chanson de Coldplay rĂ©sume intĂ©gralement ce que j’ai ressenti et continue au jour le jour Ă  ressentir.

Et le clip est un vĂ©ritable petit bijou qui, contrairement Ă  ce qui est induit par la polĂ©mique actuelle (rĂ©cupĂ©ration Ă  des fins mercantiles d’une imagerie pour touristes de l’Inde), Ă©voque la magnificence d’une culture Ă  tout point de vue riche et chatoyante.

Mort d’Hubert Mounier

Rien Ă  dire, sinon que L’Affaire Louis Trio Ă©tait un repĂšre joyeux et gai dans ma vie d’adolescent depuis longtemps rĂ©volue (quoique…).

J’ai immĂ©diatement pensĂ© Ă  cette chanson magnifique, « Loin » qui a marquĂ© mon entrĂ©e dans l’Ăąge adulte et les premiers regrets amoureux.

Repose en paix Hubert Mounier, la beautĂ© de ton art resplendira toujours dans ta voix si belle et Ă©mouvante… dont ces vidĂ©os font dĂšs Ă  prĂ©sent le nostalgique Ă©cho.

Christopher Lee n’est plus…

Bien triste nouvelle, Ă  l’instant dĂ©couverte sur le monde.fr… Christopher Lee vient de dĂ©cĂ©der, Ă  l’Ăąge vĂ©nĂ©rable, mais pas excusable, de 93 ans.

Une icĂŽne, un acteur magistral, un homme fonciĂšrement Ă©lĂ©gant et intelligent… Nous reste sa filmographie dantesque et ses rĂŽles tonitruants (Dracula, L’homme aux pistolets d’Or, Saruman, le comte Dooku, etc.). Avec sa stature imposante son regard perçant, et son physique Ă©maciĂ©, il a incarnĂ© le prototype de l’homme sagace et souvent sournois (si vous avez l’air trop intelligent, dĂ©solĂ© pour vous, mais vous risquez le mĂȘme et terrible prĂ©jugĂ©). Surtout, il avait une incroyable humilitĂ© qui l’a fait jouer dans des films parfois limites que la grande majoritĂ© des acteurs refuseraient. Il a souvent fait le choix contraire, et il en est Ă  prĂ©sent rĂ©vĂ©rĂ©.

Une scĂšne avec Peter Cushing, pour le plaisir :

Kung Fury : 30 minutes de bonheur décomplexé

Un vrai rĂ©gal que ce petit film concoctĂ© par Adam Sandberg, rĂ©fĂ©rentiel en diable avec en leitmotiv tous les petits travers filmiques et scĂ©naristiques en cours dans les productions cinĂ© des annĂ©es 80. Nous ne sommes mĂȘme plus au stade de l’Easter Egg, tant chaque image, chaque scĂšne, regorge de clins d’Ɠil Ă  des productions ludiques ou cinĂ©matographiques/tĂ©lĂ©visuelles de l’Ă©poque.

FinancĂ© en partie grĂące au Crowfunding, le budget de ce petit bijou dĂ©calĂ© d’un montant final aux alentours de 630 000 $ semble dĂ©risoire au vu de certains blockbusters hollywoodiens qui peinent Ă  parvenir Ă  une mĂȘme efficacitĂ© ! Apparemment, A. Sandberg aurait dĂ©veloppĂ© tout un merchandising autour de son joyau foutraque, et vous trouverez davantage de dĂ©tails dans cet excellent article sur Clubic !

Personnellement, mon fils a dĂ©jĂ  projetĂ© de m’offrir, pour l’imminente fĂȘte des pĂšres, le jeu dispo sur Steam pour la somme effroyable d’1,99 € (soit un euro de plus que le budget prĂ©vu).

Mad Max Fury Road : vous avez dit grandiose ?

 

Je suis un vieux fan de la trilogie Mad Max, de ceux qui encore maintenant se retapent dĂšs qu’ils le peuvent le second opus, un pur chef d’Ɠuvre qui a marquĂ© son Ă©poque et influencĂ© une tripotĂ©e d’autres auteurs/crĂ©ateurs. Alors oui, c’est comme pour Sergio Leone, il y aura toujours des jusqu’au-boutistes qui pinailleront en arguant de petits bĂ©mols qui sont gĂ©nĂ©ralement le fruit d’une subjectivitĂ© mal identifiĂ©e (comment ça, moi-je ?). Un peu comme Mad Max Fury Road, tout n’est pas parfait, et pour cause, ça ne l’est jamais (Once upon a time in the West, peut-ĂȘtre ?)… et on s’en fout, non ? Hier soir, j’ai pris une super claque, en matant un film tout simplement grandiose.

Je pourrais faire l’audit de toutes les qualitĂ©s esthĂ©tiques du film, mais finalement c’est peut-ĂȘtre son seul dĂ©faut. À force d’esthĂ©tisation et de design, on arrive un peu Ă  une ambiance de type jeu vidĂ©o. Tout est sale, mais magnifiquement sale. Le dĂ©sert est sablonneux et aride Ă  souhait, mais toujours photogĂ©nique et bordĂ©liquement bien rangĂ© (j’oximorise si je veux… et j’hapaxe si je veux aussi… et je barbarise si ça me prend… je vous embĂȘte avec vos libertĂ©s personnelles, moi ?). C’est beau, la rĂ©tine en prend pour son grade (mode gĂ©nĂ©ral des armĂ©es), et il y a constamment des trouvailles qui dĂ©montrent que notre ami Miller n’a rien perdu de son inspiration, au contraire. Il en a sous le capot, le gĂ©niteur de notre ami Babe le cochon ! Mention spĂ©ciale Ă  l’orchestre ambulant qui dĂ©ambule au grĂ© de la chevauchĂ©e sauvage initiĂ©e par Immortan Joe, lancĂ© aux trousses de l’Imperator Furiosa. C’est rĂ©ellement magnifique, bourrĂ© d’idĂ©es… mais un poil trop propre peut-ĂȘtre, et en cela Mad Max 2 restera Ă©ternellement plus sauvage et transgressif que le bruyant mais un brin (ca)racoleur Fury Road.

Bon, aprĂšs faut pas non plus dĂ©conner, c’est du grand cinĂ©ma. En tant que spectateur, je suis devenu une petite boule de flipper frĂ©nĂ©tique, subissant les impulsions sauvages d’une narration sans temps morts. J’exagĂšre Ă  peine, les quelques et brĂšves scĂšnes d’exposition ou transition ne sont que de petits oasis avant un Ă©norme tour de grand huit. Je me rappelle pĂ©niblement certains films oĂč la frĂ©nĂ©sie d’images laissaient Ă  la fois dubitatifs et presque nausĂ©eux (Avengers 2 ?)… C’est tout Ă  fait loin d’ĂȘtre le cas de Mad Max Fury Road qui enquille ses sĂ©quences avec une belle virtuositĂ©, sans sombrer dans la pĂ©tarade grottesque ou d’intenses et inutiles sĂ©quences de destruction massive (ce qui devient le passage obligĂ© des productions hollywoodiennes depuis quelques annĂ©es).

Au niveau de l’intrigue, j’ai l’impression que Fury Road est effectivement davantage un reboot qu’une suite. J’aurais mĂȘme envie de dire qu’on est pas loin du remake du second opus de la prĂ©cĂ©dente trilogie, tant certaines thĂ©matiques et intrigues sont rĂ©actualisĂ©es. RĂ©demption/changement de bord pour le sidekick ; chevauchĂ©e sauvage dans les deux rĂ©cits, avec des ressorts similaires (faux convoi destinĂ© Ă  tromper et dĂ©cimer l’ennemi pour le film avec Gibson, et changement de plan permettant de tromper et dĂ©cimer l’ennemi dans le second) ; enfin, phase nihilisme/obsession/rĂ©demption/vengeance pour notre Max Rockatansky qui semble tout juste sorti du drame vĂ©cu dans le 1er Mad de la premiĂšre Trilogie, qui conditionne toute la psychologie de hĂ©ros (et son titre). C’est d’ailleurs amusant comme le Fury Road fait un pont avec le prĂ©cĂ©dent opus, en n’explicitant jamais les raisons des visions psychotiques de Max / Tom Hardy. Les vieux de la vieille sont dans la confidence, tandis que les nouveaux spectateurs, loin d’ĂȘtre stupides (Miller fait donc le pari contraire Ă  la majoritĂ© des producteurs hollywoodiens qui insistent gĂ©nĂ©ralement trĂšs lourdement en Ă©vitant toute ellipse narrative et en forçant le trait Ă  l’aide de procĂ©dĂ©s type image sepia/moirĂ©e/sous-titrĂ©e « ten years ago »), doivent malgrĂ© tout postuler sur les raisons ayant poussĂ© Max Ă  toujours fuir des fantĂŽmes qui n’en finissent pas de le hanter.

Alors, Tom Hardy dans le rĂŽle de Max ? Personnellement, j’ai adorĂ©, et il n’y aucune comparaison avec la prestation dĂ©jĂ  magistrale de notre bon vieux Mel Gibson. Le Max de Mel Ă©tait sauvage, Ă  fleur de peau, quelque part Ă  la fois fragile et incorruptible. Le Max d’Hardy est davantage animal, massif, presque ahuri. Mais justement, l’acteur nous offre un personnage complĂštement diffĂ©rent, plausible, et sympathique.

Charlize Theron ? Comme d’hab, ai-je envie de dire… Elle capture l’objectif, et s’accapare les moments Ă©mouvants et grandioses (la dĂ©couverte du destin de la terre verte…). VĂ©ritablement, Charlize Theron est certainement la plus grande actrice de sa gĂ©nĂ©ration, ce qui n’Ă©tait pas gagnĂ© avec son physique de mannequin peroxydĂ©.

Nicholas Hoult nous offre enfin un rĂŽle vĂ©ritablement consistant en terme d’interprĂ©tation (pas que je l’aime pas en bleu dans la saga x-men, mais retrousser les babines n’est pas non plus ce que j’attends d’un acteur… et puis au passage, vous vous ĂȘtes pas marrĂ©, vous, quand vous avez vu sa premiĂšre version du Fauve ?). Que ce soit dans Warm Bodies ou Jack et l’abricot magique (oui, ce n’est pas un haricot, arrĂȘtez de croire tout ce que vous lisez sur des blogs comme le mien, y a que des nĂ©vrosĂ©s qui sont capables d’Ă©crire autant d’inepties en se prenant au sĂ©rieux), il convainquait, certes, mais n’Ă©mouvait pas. Miller lui offre un rĂŽle casse-gueule par excellence, et au contraire, il rĂ©vĂšle toute la palette d’un acteur qui l’air de rien, est en train de rĂ©aliser une belle et jeune carriĂšre (maintenant que nous sommes convaincus qu’il n’a pas besoin de prothĂšses faciales, quoi !).

Pour le reste, bah, je ne vous dĂ©florerai pas l’intrigue. Ah si, je me suis marrĂ© en pensant Ă  certaines critiques concernant le pseudo-fĂ©minisme de Miller, camouflant Ă  l’encontre des vellĂ©itĂ©s machistes (vieille philosophie Ă  base de poils). Alors, oui, Mad Max Fury Road est bien un film fĂ©ministe et dans le meilleur sens du terme. Les femmes ont les graines (superbe mĂ©taphore pour les balles, qualifiĂ©e par une des hĂ©roĂŻnes, « d’anti-graines » – tout ce qu’elles plantent, elles le tuent), c’est grĂące Ă  elles que le monde peut exister, avoir un avenir. Certaines sont montrĂ©es comme de simples objets, convoitĂ©es par des hommes libidineux ? Toutes (car il n’y a pas que des bimbos dĂ©nudĂ©es), se battent, rĂ©sistent, se rĂ©voltent, tuent, meurent. Mention spĂ©ciale pour la porteuse de graine, et bien sĂ»r, l’Imperator Furiosa, rĂ©galienne. Mad Max Fury Road est un film fĂ©ministe par excellence car il parle de rĂ©sistance, et Ă©voque justement les combats fĂ©ministes du siĂšcle dernier, quand tout Ă©tait Ă  gagner par les femmes (dont le droit Ă  participer au massacre de la dĂ©mocratie reprĂ©sentative). Si montrer une jolie fille, mĂȘme du point de vue d’un homme, est un acte machiste, c’est faire un procĂšs Ă  l’idĂ©e de fĂ©minitĂ©, et sa connotation habituelle de beautĂ© et de grĂące. Miller, dans Mad Max Fury Road, justement, nous offre Ă  la fois l’image d’une Furiosa asexuĂ©e et mutilĂ©e, qui complĂšte celle des favorites, effectivement façonnĂ©es pour rĂ©pondre aux dĂ©sirs et attentes de l’homme. Deux concrĂ©tisation de la fĂ©minitĂ©, l’une dans la force et la martialitĂ©, l’autre dans la douceur et la sensualitĂ©. Et que dires des mĂšres qui ouvrent les valves de l’eau source de vie, et des matriarches usĂ©es et fanĂ©es par le temps ? Le film de Miller ne parle pas d’une femme, mais des femmes, sans justement cantonner ce sexe a un simple rĂŽle de faire valoir ou d’objet pour les hommes du rĂ©cit, Max en tĂȘte. D’ailleurs, l’issue du film m’a rappelĂ© la fin de Once upon a time in the west, quand Claudia Cardinale regarde partir l’Harmonica. Dans les deux films, la femme forte et rĂ©sistante reprĂ©sente l’avenir et le bonheur, celle qui construit et fait germet l’avenir (d’ailleurs dans les deux films, la scĂšne finale voit la/les femme(s) apporter de l’eau Ă  une humanitĂ© assoiffĂ©e) tandis que l’homme ne peut que retourner dans le dĂ©sert de sa solitude et du passĂ© (y a un © sur cette phrase, donc merci de pas la copier/coller, svp).

La bande annonce du film, au cas oĂč vous auriez oubliĂ© l’existence de Google :